La Roumanie pourrait refuser de ratifier l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Canada si Ottawa persiste à exiger un visa aux ressortissants roumains pour y voyager.
« Nous effectuons des démarches auprès du gouvernement canadien pour la levée des visas pour les citoyens roumains », a déclaré le ministre roumain des Affaires étrangères, Titus Corlatean, lors d'une visite à Washington. « Les Canadiens peuvent circuler librement dans l'Union européenne, il est naturel que nous attendions la même chose pour nos citoyens. »
L'accord de libre-échange, ratifié vendredi dernier entre le Canada et l'Europe, doit obtenir l'aval de chacun des 28 pays membres de l'UE et du Parlement européen pour entrer en vigueur.
La République tchèque avait effectué la même menace que la Roumanie, mais le premier ministre Stephen Harper a annoncé, vendredi dernier, la levée de l'exigence de visas pour les Tchèques qui voyagent au Canada. Le premier ministre a ainsi voulu éviter le blocage de l'accord en Europe.
M. Corlatean entend obtenir la même concession. « Le fait que cette décision ait été prise pour les Tchèques est un précédent important pour la Roumanie », a-t-il déclaré.
Le ministre canadien du Commerce international, Ed Fast, souligne qu'il y avait trois pays européens pour lesquels le Canada exigeait des visas à ses ressortissants en raison de problèmes liés à l'immigration, soit la République tchèque, la Roumanie et la Bulgarie. « Plusieurs ressortissants se présentaient comme des réfugiés alors qu'ils ne l'étaient pas », explique M. Fast.
« Nous travaillons en étroite collaboration avec la Roumanie et la Bulgarie afin de déterminer comment nous pourrions résoudre cette problématique », poursuit M. Fast. « Je suis optimiste et je crois que nous allons réussir à faire des progrès dans chacun des dossiers ».
Bien que l'accord de libre-échange nécessite la ratification de tous les pays membres de l'UE, le ministre Fast soutient que la question des visas et celle de l'accord de libre-échange sont traitées séparément.
La seule opposition de la Roumanie ne pourrait pas faire dérailler l'entente, affirme Simon Potter, avocat spécialisé en commerce international chez McCarthy Tétrault.
« C'est quasi impossible d'envisager qu'un petit membre comme la Roumanie va tenir toute la communauté en otage. Il va y avoir des discussions internes en Europe pour obtenir les signatures de tout le monde », affirme l'avocat.
Simon Potter estime que d'autres pays européens, et même des provinces canadiennes, pourraient utiliser l'accord de libre-échange pour obtenir des concessions jusqu'à sa ratification, prévue dans deux ans.
Avec des informations d'Olivier Bachand
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