Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Bertrand Cantat sur la mort de Marie Trintignant: «Je sais que j'ai commis l'irréparable»

«Je sais que j'ai commis l'irréparable»
AFP

Plus de 10 ans après, Bertrand Cantat parle pour la première fois de la mort de Marie Trintignant en affirmant "savoir qu'il a commis l'irréparable". Des propos tenus dans un entretien aux Inrockuptibles à paraître mercredi.

"Je ne suis pas dans le déni de ce qui s'est passé, je sais que j'ai commis l'irréparable", déclare-t-il, dix ans après que l'actrice a succombé sous ses coups à Vilnius. "Je n'ai jamais fui ma responsabilité. Sauf peut-être en cherchant à mourir", ajoute le chanteur. Revenant sur la nuit du drame, il avoue "n'avoir rien compris à ce que s'(était) passé dans l'action", ajoutant : "Je ne me souviens plus dans quel état on était - et pas seulement émotionnellement". "Après avoir accompagné Marie à l'hôpital, j'ai été viré et je suis revenu à l'appartement. Pour me flinguer", raconte-t-il.

Bertrand Cantat a été condamné à huit ans de prison pour le meurtre de Marie Trintignant. Laissé sous liberté conditionnelle en octobre 2007, il avait pour interdiction de s'exprimer publiquement sur l'affaire jusqu'à la fin de sa peine en juillet 2010.

Dans l'entrevue, il évoque longuement sa vie en prison, à Vilnius, puis à Muret dans la banlieue toulousaine, Marie "qu'il aime tant", sa douleur "en pensant à elle, mais aussi à ses enfants et à ses proches", ses propres enfants qui vont "mal".

Le chanteur dit avoir été "dépossédé de (son) histoire" par les médias. "J'ai su très vite que je ne pourrais pas m'expliquer (...) Mes remords, ma souffrance, ma sensibilité, ça ne marchait pas dans cette histoire", dit-il. "Il ne fallait que du sordide, tout ce qui était beau a été occulté. Je suis devenu cet assassin qui tue sciemment", ajoute-t-il.

"C'est abject d'être devenu le symbole de la violence contre les femmes"

Le chanteur évoque également le suicide de son épouse et mère de ses deux enfants, Kristina Rady, en 2010. Le parquet de Bordeaux a indiqué la semaine dernière qu'il allait faire auditionner un ancien compagnon de Kristina Rady qui estime que la jeune femme a pu en arriver là après des violences conjugales.

"Chaque proche se demande ce qu'il n'a pas vu, pas fait ou fait... Moi le premier, mais les raccourcis et les accusations délirantes me concernant sont inacceptables", dit Bertrand Cantat. "C'est affreux, abject d'être devenu le symbole de la violence contre les femmes", estime-t-il. Selon lui, les parents de Kristina Rady "ne comprennent plus du tout qui sont ces gens qui essayent de les impliquer malgré eux et leurs convictions. On leur a fait croire que j'étais un assassin, avant qu'ils ne s'aperçoivent qu'on les avait instrumentalisés", affirme le chanteur.

Dans un éditorial, Jean-Daniel Beauvallet, qui a réalisé l'entrevue, précise que le musicien s'est confié pendant "trois heures" et ne s'est "jamais défilé".

"Pour la première, et la dernière fois sans doute, Bertrand Cantat s’est exprimé, lors d’un entretien de trois heures. Sur Vilnius, l’amour fou, la mort de Marie Trintignant, sa culpabilité de tous les instants, ses remords éternels, le suicide de Krisztina Rády ou, aussi dérisoire soit-elle au regard du désastre, la fin de Noir Désir. Grave et concentré, Bertrand Cantat ne s’est jamais défilé. Il sait que son retour à la vie civile sera compliqué, mais la musique est revenue le chercher."

Betrand Cantat revient aussi sur la fin de Noir Désir en 2010, parlant d'un "drame mineur pour (lui) en comparaison des dix dernières années". "J'avais besoin de liberté et je me suis rendu compte que Noir Désir était devenu une autre prison, où il fallait demander l'autorisation pour chanter", dit-il. Le chanteur confie avoir "envisagé de changer totalement de voie, de reprendre des études" et même de "travailler sur le bois". "Et là, c'est l'extérieur, l'administration pénitentiaire en première ligne, qui me fait comprendre qu'on m'attend ailleurs, qu'il faut faire ce que je sais faire", ajoute-t-il.

Il confie que refaire un disque a été "paralysant". Bertrand Cantat lancera le 18 novembre un nouvel album avec Pascal Humbert sous le nom de Détroit. "Il a fallu tout analyser - avec de l'aide, je ne le cache pas - pour recommencer : à quoi bon sortir un disque si c'est pour se faire défoncer ? Mais un truc a fini par surgir de ces questions, de ce combat", dit-il.

À VOIR AUSSI:

Le 29 mars 2004, au tribunal de Vilnius

Le retour de Bertrand Cantat

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.