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«Rechargé»: authentique Rachid Badouri

«Rechargé»: authentique Rachid Badouri
Agence QMI

Rechargé, Rachid Badouri ? Le mot est faible. Après trois ans loin des scènes québécoises, l’humoriste revenait mercredi soir avec son deuxième spectacle, Badouri Rechargé, présenté en première montréalaise au Théâtre St-Denis. Celui qui a écoulé 355 000 billets de son premier effort, Arrête ton cinéma, était attendu par une salle remplie à craquer d’admirateurs de tous les âges, d’amis artistes et de journalistes, qui l’ont acclamé tel une grande vedette. Gonflé à bloc, branché à une source qu’on aurait crue intarissable d’énergie, l’homme a livré la marchandise avec aplomb, visiblement heureux de renouer avec les siens.

Badouri ne remportera pas la palme de l’originalité pour les sujets abordés dans Rechargé: il parle de son père (devenu un véritable personnage depuis son premier one man show), de son épouse, d’une visite chez le médecin qui s’est soldée par une traumatisante irrigation du côlon, de racisme, de la mort de sa mère. Mais sa façon de rendre les anecdotes n’appartient qu’à Rachid Badouri et ne pourrait être copiée par personne d’autre. Impossible de ne pas craquer pour cette «bibitte» hyperactive qui saute, court, se tord le visage en une centaine de mimiques et glisse des pas de danse du Gangnam Style ici et une imitation d’écureuil là. Sa bouche lui sert autant à reproduire le bruit des essuie-glaces et celui d’une joute de ping-pong qu’à débiter des blagues à un rythme effréné. Authentique, charismatique, le comique prend un plaisir fou à s’éclater devant le public, et son enthousiasme on ne peut plus communicatif se ressent jusqu’au fond de nos sièges. Il saurait insuffler du dynamisme au plus morne des récits.

Famille et mariage

Depuis trois ans, donc, Rachid s’est offert quelques virées en France, où il a dû, une fois, en découdre avec un policier zélé. Ses fréquents voyages l’ont amené à traverser souvent les douanes et à s’interroger sur la pertinence de la fameuse question de bienvenue, «Avez-vous visité une ferme dans les 14 derniers jours?». Sa fabulation autour d’une potentielle réponse positive à cet énoncé, dont on ignore la raison d’être, a déclenché notre premier gros fou rire de la soirée.

«Le salopard», comme son papa le surnomme affectueusement, a aussi quitté le domicile familial et s’est ainsi éloigné des expressions loufoques tirées du dictionnaire personnel du paternel : «salade césarienne» (pour «salade césar»), «la clavicule» (pour «la canicule») et «humide» (pour «timide»). On s’est bidonnés à l’évocation d’une rencontre parents-professeurs marquante, un hilarant souvenir d’enfance.

La Julie qui partage la vie de l’étoile a droit à un portrait d’elle-même qu’on devine très exagéré dans Badouri Rechargé. Selon l’heureux mari, la jeune femme aurait adopté des manières rustres après leur mariage, aurait fait du lit conjugal un temple de coussins, serait peut-être une extraterrestre qui dort les yeux ouverts et aurait – ô horreur – initié sa douce moitié au spinning. Autre très bon moment lorsque Rachid se souvient de sa première visite au gym.

Ont suivi les segments sympathiques de la douloureuse expérience de l’irrigation du côlon – on reconnaît là l’influence d’une des idoles de Badouri, Jean-Marc Parent, qui a abondamment traité de ses petits bobos sur scène – et des mariages métissés, très efficaces. L’ensemble s’est conclu sur une note sucrée salée; Rachid a détaillé, étape par étape, le deuil qui a accompagné le décès de sa maman, à l’été 2011, d’un ton habilement léger, mais teinté d’émotion, et a ensuite étalé ses talents de musicien au piano. Notre hôte, qui célébrait ses 37 ans en ce 16 octobre, a finalement eu la surprise de voir son père faire irruption à ses côtés avec un immense gâteau d’anniversaire au moment des remerciements d’usage.

La réponse des Québécois à Badouri Rechargé est déjà excellente. Plus de 50 000 billets ont trouvé preneurs, et des supplémentaires ont été ajoutées du 4 au 15 décembre au Théâtre St-Denis. Les spectateurs y retrouveront le Rachid qu’ils aiment, celui dont la flamme brille toujours au fond des yeux, qui s’amuse comme un petit garçon et qui, s’il ne réinvente pas le genre, nous propose une très agréable incursion dans son univers, un monde unique de folie et de franche rigolade.

Pour connaître tous les détails de la tournée Badouri Rechargé, on consulte le www.facebook.com/RachidBadouri ou le www.hahaha.com.

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