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Paul Desmarais: mécène
Agence QMI

La mort de Paul Desmarais suscite une grande tristesse dans le milieu artistique. L'auteur-compositeur-interprète Robert Charlebois, le pianiste Alain Lefevre et le chanteur d'opéra Marc Hervieux ont notamment tenu à rendre hommage à cet homme dont ils soulignent la générosité, la sensibilité et la gentillesse.

« Je suis effondré », a commenté Robert Charlebois, la gorge nouée par l'émotion. « C'est un homme que j'ai vraiment admiré », raconte-t-il, après avoir expliqué qu'il a appris à connaître Paul Desmarais à l'occasion de son 50e anniversaire de naissance.

« Il est trop tôt pour raconter comment j'ai pu rire avec cet homme-là », a-t-il dit « La 1ère chose qu'il m'a donnée, c'était une veste en jeans avec Fucking Frogs derrière. Il y avait deux grenouilles qui baisaient », s'est-il souvenu pour illustrer ses dires.

« J'en aurais tellement des choses à vous dire. Et curieusement, c'est toujours des éclats de rires, et je pense que la journée n'est pas propice à ça », a-t-il laissé tomber en entrevue au Réseau de l'information.

« Il me sortait. On allait à Broadway, on allait écouter de la musique... Vraiment, il m'a donné des cadeaux bien au-delà de l'argent », a-t-il dit, en soulignant que Paul Desmarais était un « génie absolu » et un « poète », « très au-dessus de l'argent et de la finance ».

« Quand il me disait : ''Robert, chante-moi donc cette chanson-là'' dans son salon, c'est toujours un immense plaisir. On a toujours fait des choses extrêmement gratuites », a souligné Robert Charlebois, en précisant qu'il n'a jamais eu d'appui financier de sa part.

Le chanteur souligne que lors de sa dernière rencontre avec lui, cet été, Paul Desmarais lui avait signifié son intention d'aider à préserver la maison de Claude Léveillée.

Un mécène d'exception

Les activités de mécènes de Paul Desmarais et de sa femme Jacqueline sont bien connus dans le milieu artistique. La première ministre Pauline Marois n'a d'ailleurs pas manqué de le souligner en lui rendant hommage mercredi matin à l'Assemblée nationale.

« C'était un être d'exception, un homme d'une grande sensibilité » et d'une « intelligence supérieure », a commenté le pianiste Alain Lefevre, qui a souvent joué du piano pour Jacqueline et Paul Desmarais. Il dit en garder le souvenir d'un homme « affectueux », doté « d'une vision incroyable ».

« La liste des artistes qu'ils ont soutenu de manière discrète et raffinée est impressionnante. Qu'on pense à mon ami et collègue Yanick Nézet-Séguin, qui est aimé par cette famille, qu'on pense à Marc Hervieux, à Robert Charlebois, je pourrais vous en nommer des dizaines », a-t-il dit.

« Tout ça m'a rendu heureux parce que vous savez, la cause de l'art, de par l'histoire, a toujours été intimement liée au pouvoir financier et politique. Qu'on le veuille ou qu'on le veuille pas, c'est une réalité », souligne le pianiste de renommée internationale.

Marc Hervieux dit avoir connu le couple par l'entremise de la fondation que dirige Jacqueline Desmarais pour venir en aide aux jeunes chanteurs d'opéras. Après avoir remporté un concours, il dit en être venu à connaître la famille, avec laquelle il a passé de nombreuses soirées.

« Moi, ce que j'ai vu qui m'a le plus impressionné, autant de monsieur que de madame, c'est le respect qu'ils avaient pour les artistes qui venaient sur place ou qu'ils aidaient », affirme le ténor, qui souligne également la « grande simplicité » et la « gentillesse extrême » de Paul Desmarais.

« Je suis allé plusieurs fois en Grêce entre autres à cause de M. Desmarais. Je suis allé un peu partout en fait, à New York, à cause de M. et Mme Desmarais. Ça a vraiment été un support incroyable », note-t-il.

« Les premières fois, on est très très très intimidé. Aprè, finalement, on discute de tout. C'est un passionné de photos, entre autres. Donc, les fois où je suis allé chanter, entre autres à Sagard, on est parti ensemble dans son Suburban faire de la photo de paysages, de fleurs et tout ça. »

Un devoir de mémoire

Robert Charlebois reconnait qu'il ne partageait pas l'option fédéraliste qu'a toujours défendue Paul Desmarais. Il souligne cependant à quel point l'homme d'affaires était fier de sa langue, et qu'il pensait souvent aux francophones d'Amérique en général, et aux Franco-Ontariens en particulier.

Selon lui, les épreuves qu'a subies Paul Desmarais en tant que francophone issu d'un milieu minoritaire ne sont pas étrangères à sa réussite. « S'il n'était pas né à Sudbury, je pense qu'on n'aurait pas connu le grand homme qu'il est devenu », a-t-il avancé.

Alain Lefèvre tient aussi à souligner l'importance que M. Desmarais a eue pour le Québec moderne.

« Je pense que pour nous, au Québec, il faudra, il faut aller vers la maturité d'un peuple, c'est-à-dire d'accpeter, de rendre hommage à l'homme qui a fait quand même que le Québec devienne ce qu'il est. C'est très très important. C'est une grande perte et on ne soupçonne pas à quel point elle aura des répercussions », affirme-t-il.

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