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Plafond de la dette: Oubliez le «shutdown», la grande crise est pour le 17 octobre

Oubliez le «shutdown», la grande crise est pour le 17 octobre
AFP

Si l'on devait comparer le "shutdown", qui paralyse l'Etat américain, à l'impasse du plafond de la dette, on parlerait d'une bonne grippe et d'une rupture d'anévrisme. Le débat qui agite les Etats-Unis depuis le 1er octobre à minuit est bien peu en comparaison d'un risque de défaut du pays. Si républicains et démocrates ne s'entendent pas d'ici le 17 octobre, les Etats-Unis ne pourront plus assumer leurs obligations financières.

Barack Obama et les chefs de file du Congrès ont eu l'occasion d'en parler mercredi, lors d'une réunion de crise organisée à la Maison Blanche. Le président a reconnu sur CNBC qu'il était "exaspéré", ce que n'a pas manqué de tweeter son équipe de communication. Il a également souligné que Wall Street ferait mieux de "plus d'inquiéter"...

On s'explique. Le "shutdown", terme américain qui désigne la fermeture partielle des services fédéraux, marque le pic de 33 mois d'affrontements sur le budget entre démocrates et républicains. Ces derniers ont repris le contrôle de la Chambre en janvier 2011, avec des dizaines d'élus de la mouvance populiste Tea Party. Ceux-ci insistent pour voter un budget qui reviendrait, d'une manière ou d'une autre, sur la réforme de l'assurance-maladie, pièce maîtresse du bilan social du président et qui bénéficie du soutien indéfectible des démocrates.

Malgré le chômage technique décrété pour environ 800.000 fonctionnaires, le pays continue tout de même de tourner: le coût du shutdown est évalué à 300 millions de dollars par jour. Pas énorme pour un Etat comme les États-Unis, contrairement à une impasse persistante sur le relèvement du plafond de la dette. Les circonstances font que les parlementaires doivent dans le même temps trouver un accord là-dessus.

Il reste 30 milliards au Trésor américain

Car le débat du plafond est complètement indépendant. Aux Etats-Unis, il existe un seuil limite de la dette, qui ne peut être franchi sans accord du Congrès. Fixé à 16.700 milliards de dollards, il sera dépassé le 17 octobre. Une fois atteint, le pays ne pourra plus honorer ses créanciers en utilisant les marchés financiers. Pour faire simple, l'Etat sera obligé de lever en urgence la plupart des impôts, tout en réduisant drastiquement les dépenses publiques. S'il ne parvient à récolter l'argent nécessaire, les impayés s'accumuleront et l'Etat fera faillite.

Le secrétaire au Trésor Jacob Lew s'est saisi du débat mardi soir. Il craint qu'avec le "shutdown", les membres du Congrès n'aient plus le temps de s'entendre sur le relèvement du plafond. "Il nous restera 30 milliards de dollars de trésorerie pour honorer les engagements de notre pays", a-t-il écrit dans une lettre adressée aux parlementaires. Ce montant est "bien en-dessous" de ce que peut parfois dépenser le Trésor en une seule journée, c’est-à-dire "jusqu’à 60 milliards de dollars", poursuit-il.

Le problème, c'est que le Chambre des représentants (partie basse du Congrès) est à majorité républicaine et se montre toujours inflexible: pas de mouvement tant que les démocrates n'auront pas fait de concessions sur l'Obamacare et la réduction des dépenses publiques, qu'ils jugent trop élevées. On est donc exactement dans les mêmes conditions qui ont conduit au "shutdown". Des parlementaires, tels Tom Coburn et Richard Durbin, prédisent d'ailleurs une fusion des deux dossiers dans les deux prochaines semaines.

Pour le représentant républicain Paul Ryan, lier les deux questions permettra de mettre en place "un mécanisme pour forcer" la conclusion d'un accord. "La plupart des accords budgétaires par le passé contenaient un relèvement du plafond de la dette, a expliqué l'ancien colistier de Mitt Romney. Ces propos laissent penser que la fermeture des services fédéraux devrait se prolonger pendant les deux semaines qui viennent jusqu'à la date butoir du 17 octobre

Déjà 5 défauts pour l'Etat américain

Si les politiques jouent à se faire peur sur le sujet, il y a de fortes chances pour que l'un des camp craque avant l'ultime seconde. Régulièrement, démocrates et républicains se lancent dans un grand bluff, accusant tour à tour l'adversaire de mettre en balance le financement de l'Etat. En 2011, le plafond avait été relevé à la dernière seconde. La situation est donc réccurrente dans la vie politique et économique américaine. La preuve: des défauts ont toutefois déjà été enregistrés, à cinq reprises, dont la dernière fois en 1979.

Au terme de négociations creuses, Washington avait retardé de plusieurs jours le remboursement de certains créanciers, avant un accord a posteriori. C'est une des solutions qui sera certainement retenue si l'Etat fait défaut le 17 octobre. Avec un risque évident: entacher la crédibilité américaine sur les marchés. La puissance des organismes financiers est beaucoup plus décisive qu'à la fin des années 1970.

Imaginons un instant que les Etats-Unis annoncent un retard sur leurs créances... Les agences de notation financière dégraderaient immédiatement la note souveraine de l'Etat. De AAA chez Moody's et Fitch (AA+ chez Standard & Poor's), meilleure note possible, elle passerait à des niveaux spéculatifs similaires à la Grèce. Les taux d'emprunt américains exploseraient instantanément. Les Etats-Unis se transformeraient alors en "mauvais payeurs": une situation inédite pour la première économie du monde.

Le shutdown, à côté, c'est de la petite bière...

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