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Apple: Carl Icahn défie Tim Cook pour le contrôle de l'entreprise

L'homme qui voulait prendre le contrôle d'Apple
AFP

APPLE - Il y a certaines rencontres au sommet qui sentent le souffre. Des réunions où la tension est palpable, susceptible de changer le destin d'une entreprise à jamais. Celle du 30 septembre entre Tim Cook, patron d'Apple, et le milliardaire Carl Icahn, actionnaire minoritaire, est de cet acabit. Les deux hommes se rencontrent à New York pour discuter de la politique financière d'Apple. En filigrane, c'est un jeu de poker menteur qui s'installe, avec pour gain suprême le contrôle de la marque la plus puissante du monde.

Si vous ne connaissez pas Carl Icahn, c'est un investisseur américain célèbre pour ses attaques hostiles sur les entreprises. Comme beaucoup d'autres dans les années 1980, il a constitué sa fortune en partie grâce aux junk bonds (obligations hautement spéculatives). Oliver Stone s'est largement inspiré de sa personnalité pour créer Gordon Gekko, le personnage joué par Michael Douglas dans Wall Street (1987). Un investisseur dont il convient de se méfier, donc.

L'intérêt de Carl Icahn pour Apple remonte au 12 août dernier, jour où il a annoncé détenir une "importante participation" dans l'entreprise. Selon le Wall Street Journal, il aurait investi plus de 1,5 milliard de dollars, soit moins de 1% de la capitalisation boursière d'Apple. Malgré ce "petit" pécule, le milliardaire de 77 ans est devenu l'actionnaire le plus visible de la pomme en seulement quelques jours. Et la moindre fenêtre médiatique est bonne à prendre pour asseoir son influence.

Il bluffe sur son jeu en direct sur Twitter

En plus de son intérêt soudain pour Apple, le "raider" (ndlr: prédateur financier) s'est découvert une certaine passion pour Twitter en y susurrant ses pistes d'investissement. Le 13 août, il a annoncé sur le réseau social avoir eu une conversation avec Tim Cook, au cours de laquelle il a exposé son souhait de voir augmenter le montant du programme de rachat d'actions.

Résultat: le cours de la pomme a bondi de 20 milliards de dollars en une séance, illustrant bien sa capacité d'influence. Le 22 août, il a même "tweeté" l'organisation prochaine de la rencontre de septembre, sans en préciser la date exacte.

Icahn pousse pour augmenter sa participation gratuitement

Apple a lancé un programme de rachat d'actions en 2012, d'un montant global de 60 milliards de dollars d'ici 2015. Le conseil d'administration a pratiqué cette opération pour maîtriser la volatilité du cours (en chute de 30% depuis un an). Mais Carl Icahn en veut plus.

Selon lui, Apple devrait carrément débourser 150 milliards de dollars pour racheter ses propres actions. Cette opération aurait pour conséquence d'annuler les actions rachetées, faisant mécaniquement augmenter la part des actionnaires restant au capital. Carl Icahn en tête.

"Le scénario est toujours le même, explique au Monde un lobbyiste, qui a travaillé pour plusieurs entreprises ciblées par Icahn. Il prend une part significative du capital, on lui propose un siège au conseil, il commence à poser des questions, met le PDG sur la sellette et, ensuite, c'est tout le conseil qui finit par s'interroger." Son tableau de chasse pourrait constituer un indice boursier à lui tout seul: TWA, Texaco, Phillips Petroleum, Western Union, Viacom, Time Warner, Genzime, Yahoo!, Motorola, Netflix...

Vous vous dites qu'il ne pèse rien pour influer sur l'entreprise? Vous vous trompez. Apple est une société dont les principaux investisseurs sont institutionnels (banques, fonds d'investissement...), il n'y a pas d'actionnaire individuel très fort. Avec sa participation, il a le pouvoir de clamer haut et fort ses revendications sans se concerter avec une pléiade de co-décideurs. C'est la grande force de son pouvoir déstabilisateur.

Un prédateur financier de haute-voltige

Son "coup" le plus fameux a été le rachat de la compagnie aérienne TWA en 1985. Après une OPA qui le voit devenir patron de l'entreprise, il vire toute la direction. Il fait ensuite sortir de Bourse la société, empochant au passage plus de 469 millions de dollars. Il laisse par contre TWA avec 540 millions de dollars de dette, ce dont l'entreprise ne parviendra pas à se relever. TWA dépose le bilan en 1993.

Cette opération reste une des plus violentes de toute l'histoire de la finance. Une représentante syndicale de l'époque a déclaré en 2000 à Business Week "il nous a violés et laissés pour morts". Il n'en fallait pas plus pour lui décerner le titre "d'homme le plus avide de la Terre". Sa devise préférée? "Si vous voulez un ami, prenez un chien". Cette citation est également l'une des plus fameuses du film Wall Street, aux cotés de "la cupidité est bonne".

Tim Cook a-t-il pour autant du souci à se faire? On se rappelle qu'en août Car Icahn avait failli déposséder Michael Dell de son entreprise. Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies Associates, juge Apple "moins vulnérable" que Dell: Tim Cook "a une grosse réserve de guerre pour se défendre" et "Icahn ne pourra probablement pas faire grand chose", notamment car il "n'a pas l'argent" pour augmenter de manière significative sa part dans le capital. Pour autant, il ne faut jamais sous-estimer la capacité de nuisance de ce vieux routier de la finance.

AllThingsD (groupe Wall Street Journal) appelle à se montrer prudent, "car Icahn a souvent pris à revers les entreprises qu'il convoitait". Tim Cook n'a pas la réputation d'être un mauvais négociateur et a semble-t-il accepté le combat. Un porte-parole d'Apple a confirmé en août que "Tim avait eu une conversation positive avec M. Icahn". Le groupe "apprécie l'intérêt et l'investissement de tous (ses) actionnaires", a-t-il assuré. Les joueurs sont maintenant prêts à dévoiler leur jeu. A l'arrivée, un pactole d'une centaine de milliards de dollars.

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