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« En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne s'arrête pas » : Steve Gagnon s'inspire de Britannicus à La Licorne (ENTREVUE)

Steve Gagnon s'inspire de Britannicus à La Licorne (ENTREVUE)
La Licorne

Les pièces de théâtre de Jean Racine sont reprises partout à travers le monde année après année. À l'automne 2013, l'univers du dramaturge sera cependant traité autrement, alors que l'auteur et metteur en scène Steve Gagnon s'est inspiré de Britannicus pour créer une toute nouvelle pièce ancrée dans le Québec d'aujourd'hui.

D'abord formé en tant que comédien, Gagnon est entré en contact avec l'œuvre de Racine lors d'un exercice au Conservatoire de Québec. «Je jouais Néron, qui est un personnage très violent, avec une énergie plus grande que nature et qui est porté par une impulsivité extrême. J'avais vraiment tripé sur le personnage et j'avais envie de le rejouer dans ma carrière. Mais eu lieu d'attendre qu'on m'appelle pour m'offrir le rôle, j'ai décidé de lancer mon projet.»

Malgré tout le respect qu'il voue au travail de Racine, le jeune créateur avait envie de sortir la tragédie de son contexte historique. «Chaque fois qu'on s'attaque aux classiques, même si on essaie de les rendre hyper actuels, on est toujours contraint par le contexte, qui crée une distance entre la pièce et le public. J'ai donc eu l'idée de partir de ce que j'aime de la pièce et d'en faire ma version dans le Québec de 2013.»

Bien que le noyau de l'histoire de Britannicus soit conservé, Steve Gagnon a pris quelques libertés. Dans sa pièce En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne s'arrête pas, Néron vit avec sa mère Agrippine et son frère Britannicus. Junie emménage dans la maison familiale avec Britannicus, ce qui vient perturber l'équilibre familial.

«Elle arrive à un moment où Néron est plongé dans une prise de conscience énorme. Il réalise que le monde extérieur est immense, infini et débordant de possibilités, et que sa mère a créé un cocon confortable et sécuritaire qui le contraint et l'étouffe. Lorsqu'il prend la mesure de son inconfort, il met sa copine Octavie dehors. La présence de Julie lui inspire la nouveauté et la fraicheur du dehors, ce qui fait exploser tout ce qui se trame dans sa tête.»

Le drame à son paroxysme

Fidèle à la grandiloquence de Racine et à son sens de la tragédie, Steve Gagnon pousse ses personnages vers de nombreux excès. «Dans son élan de conscience, Néron commet des gestes graves et monstrueux. Il met le feu à la maison familiale, ce qui pousse tout le monde à s'armer les uns contre les autres. Des alliances se forment. Personne ne sait vers qui se tourner. Les liens de confiances sont brisés et rompus. Les magouilles et les manigances se succèdent. Finalement, il pose un geste irréversible, ce qui amène Julie à commettre un acte tragique et salvateur»

En plus de donner vie au personnage d'Octavie, qui ne se retrouve pas dans la pièce originale, Steve Gagnon a remplacé les alexandrins par un alliage de poésie et de langue du quotidien. «C'est une langue très difficile à mettre en bouche pour les acteurs. Le texte est nerveux, avec beaucoup de répétitions. J'avais besoin de comédiens qui sont non seulement généreux de leur personne, mais qui sont aussi très chauds, très sanguins. Je ne voulais pas d'acteurs intellectuels ou trop rationnels.»

En s'entourant de Marie-Josée Bastien, Renaud Lacelle-Bourdon, Guillaume Perreault, Marie-Soleil Dion et Claudiane Ruelland, Gagnon s'est privé du rôle qu'il espérait depuis des années. «Au départ, j'avais écrit le rôle de Néron pour moi. Mais lors de la première lecture d'un extrait, j'avais demandé à Renaud de venir lire ma partie, en lui précisant que j'allais jouer dans la production. Finalement, quand je l'ai vu en répétitions, j'ai compris que c'était lui qu'il me fallait. Ce qui m'importait le plus, ce n'était pas tant de jouer Néron, mais de porter cette parole-là.»

Une parole qui sera d'ailleurs mise à l'avant-plan, entre les murs de La Licorne. «On se concentre pour offrir la plus simple et la plus grande vérité possible. Rien n'est surjoué ou caricaturé. Je voulais quelque chose de très sobre du côté des éclairages et des décors pour qu'on donne toute notre attention aux mots.»

En dessous de vos corps je trouverai ce qui est immense et qui ne s'arrête pas

1er octobre au 9 novembre

Théâtre La Licorne

4559, avenue Papineau

Montréal QC

Télévision

La rentrée culturelle (Automne 2013)

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