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« Le murmure du coquelicot » au TNM: aussi évanescent qu'un chuchotement... (CRITIQUE/PHOTOS, VIDÉO)

« Le murmure du coquelicot » au TNM: aussi évanescent qu'un chuchotement...

Pour ouvrir la nouvelle saison du TNM, Lorraine Pintal a choisi de donner carte blanche aux 7 Doigts de la main afin qu’ils marient les arts du cirque aux splendeurs du théâtre. Malheureusement pour les attentes des spectateurs, qui étaient probablement très élevées en raison du parcours exemplaire de la troupe, les moments forts du spectacle peuvent se compter sur les doigts d’une seule main. Et encore…

L’histoire est bien simple : un acteur raté, interprété par Rémy Girard, est convoqué en audition pour décrocher le rôle de sa vie. D’abord interloqué par les questions de la metteure en scène, Mme B. (Pascale Montpetit), l’homme se plaît à raconter l’origine de son nom d’artiste, ses déboires d’acteur constamment rejeté et quelques bribes de son passé. On apprend alors que sa mère l’a abandonné alors qu’il avait 7 ans, scellant ainsi la destinée amoureuse de son petit garçon, qui n’arrivera jamais à escalader l’Himalaya de l’Amour avec un grand A. Tout au long de sa discussion, l’acteur voit surgir autour de lui un groupe de trois hommes et trois femmes, à la fois acrobates, danseurs, musiciens et chanteurs, qui interprètent à leur manière ses souvenirs, ses pensées cachées, ses craintes et ses désirs.

Si l’idée à la base du Murmure du coquelicot avait un potentiel de poésie scénique incomparable, il n’en est malheureusement rien dans la réalité. La majorité du temps, les mouvements et les acrobaties des circassiens attirent toute l’attention, au détriment de ce que les deux acteurs tentent de nous raconter. Non seulement les chorégraphies nous émeuvent aussi peu qu’elles nous surprennent, mais elles démontrent également à quel point le texte du spectacle n’est pas assez fort pour maintenir notre intérêt. Lorsque le personnage de Rémy Girard évoque un passage qui tourne en rond ou qu’il remercie un collègue de scène de sa non-pertinence, on ne peut qu’être d’accord avec lui…

Il y a bien sûr quelques perles symboliques, quelques tournures de phrases qui font sourires et quelques rares moments d’émotion, mais ils sont beaucoup trop peu nombreux pour nous enlever l’impression d’être en train d’assister au lent naufrage d’un bateau qui se voulait majestueux.

Les tableaux les plus forts se résument à trois passages où les acrobates sont seuls à l’avant-plan et profitent de ces brefs instants pour nous enlacer de douceur, de sensualité, de langueur et de complicité. Ces délicieux intermèdes sont par contre affaiblis par ces mêmes acrobates qui tentent de jouerdes dialogues sans savoir comment ancrer véritablement l’intention profonde de leurs personnages mal-définis pour que le public achète leur interprétation.

Aux côtés de Pascale Montpetit qui est vive, investie et qui se permet quelques pirouettes fort réussies, Rémy Girard offre une prestation juste, mais sans éclat. Il est d’ailleurs bien difficile de comprendre comment un acteur de sa trempe n’arrive pas à garder un français normatif régulier du début à la fin, sans laisser poindre des dizaines et des dizaines et des dizaines de fluctuations québécoises.

La rumeur plus que favorable qui précédait Le Murmure du coquelicot n’était rien d’autre qu’un chuchotement qui s’évanouit bien vite dans notre mémoire.

EN IMAGES:

Le murmure du coquelicot en quelques images

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