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Charte: le Conseil du statut de la femme dénonce des pressions politiques

Le Conseil du statut de la femme dénonce des pressions politiques
Radio-Canada

Le Conseil du statut de la femme (CSF) dénonce un accroc à son indépendance dans le dossier de la Charte des valeurs québécoises. En entrevue à l'émission 24/60, la présidente du CSF, Julie Miville-Dechêne, explique que le Conseil a subi des pressions politiques pour l'empêcher de critiquer le projet de charte du gouvernement péquiste.

Le CSF était resté plutôt silencieux dans le débat jusqu'ici parce que son assemblée était divisée sur la position à adopter sur la charte. Plusieurs membres souhaitent qu'une étude d'impact de l'interdiction des signes religieux sur les femmes dans la fonction publique soit réalisée avant de se prononcer.

Or, quatre nouvelles membres ont été nommées au conseil par le gouvernement et elles sont « toutes d'ardentes défenseures de la charte des valeurs québécoises », selon la présidente, qui trouvent ces nominations surprenantes. « Le fait de procéder à ces nominations à ce moment-ci [...] me semble difficile à accepter », dit Mme Miville-Dechêne, qui précise que d'autres événements ont aussi troublé l'indépendance de son organisme, sans préciser leur nature.

« Est-ce qu'on a voulu me dicter un message? Certainement. Et le message était : "Ce qu'il faut défendre, c'est notre avis; affirmer la laïcité telle quelle, voici la voie". » — Julie Miville-Dechêne

Mme Miville-Dechêne ne veut toutefois pas révéler de qui, précisément, sont venues ces pressions.

Elle réaffirme cependant l'importance de l'indépendance du Conseil du statut de la femme. La présidente du CSF dit que des fuites ont permis au gouvernement d'être au courant de la division au sein du conseil, et qu'il « est intervenu pour que nous ne puissions pas avoir cette discussion entre nous ».

Les membres du CSF divisés

La division qui règne au sein du CSF sur l'attitude à adopter quant à la charte des valeurs peut surprendre, puisqu'en 2011, l'organisme consultatif du gouvernement recommandait à Québec d'affirmer davantage la laïcité de l'État pour faire « un pas de plus vers l'égalité réelle entre les femmes et les hommes ». À cette époque, le Conseil condamnait aussi sans hésitation le port de vêtements ou de signes religieux « nettement visibles » par les employés de l'État.

Le Conseil du statut de la femme s'opposait par ailleurs sur cette question à la Fédération des femmes du Québec qui, elle, estimait qu'interdire aux employés de l'État le port de symbole religieux pourrait discriminer les femmes musulmanes à l'embauche.

L'actuelle présidente du CSF, qui n'était pas en poste à l'époque, trouve que le rapport présenté en 2011 pour affirmer la laïcité était très intéressant. « Mais il faut se rappeler le contexte : ce rapport a été fait dans l'abstraction. À cette époque-là, on n'avait pas de politique publique sur la table, on parlait en termes théoriques ».

« Nous ce qu'on dit c'est : attention, maintenant que ça peut devenir politique publique, il faut, comme institution, se préoccuper des effets ».

« Les femmes québécoises sont divisées sur cette question-là, il n'y a pas de consensus. Vous avez vu, il y a [l'ex-ministre péquiste] Louise Beaudoin d'un côté, [la députée et porte-parole de Québec solidaire] Françoise David de l'autre, des Québécoises de souche qui ne sont absolument pas d'accord sur cet enjeu. » — Julie Miville-Dechêne

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