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L'ONU peine toujours à prouver que Damas a utilisé des armes chimiques

L'ONU peine toujours à prouver que Damas a utilisé des armes chimiques
Rooftops in Damascus, Syria
Getty
Rooftops in Damascus, Syria

Le gouvernement syrien et les rebelles qui cherchent à le renverser se livrent à de plus en plus de crimes de guerre dans le cadre d'une guerre territoriale impitoyable, écrivent les enquêteurs des droits de l'homme de l'ONU dans un rapport publié mercredi.

Ce rapport, portant sur la période du 15 mai au 15 juillet, estime par ailleurs que des armes chimiques ont probablement été utilisées en Syrie, mais qu'il n'est pas possible de dire avec certitude par qui, malgré les soupçons pesant sur les troupes gouvernementales du président Bachar al Assad.

Les enquêteurs des droits de l'homme précisent qu'ils ne se sont toujours pas vu accorder l'accès au territoire syrien, malgré des demandes répétées, et qu'ils ont donc rédigé leur onzième rapport sur la Syrie en deux ans sur la base de 258 entretiens, dont certains réalisés par Skype.

Selon leurs conclusions, la période de mi-mai à mi-juillet a vu une implication accrue des combattants du Hezbollah libanais, côté gouvernemental, et du Front al Nosra, lié à Al-Qaïda, dans les rangs insurgés, dans un conflit qui se déroule de plus en plus suivant des lignes confessionnelles.

Au moins huit massacres de civils ont été commis pendant cette période, dont sept sont imputés par le rapport aux forces de Bachar Al-Assad.

Milice pro-Assad

Les experts indépendants se sont penchés en particulier sur deux massacres commis en mai dans les villages de Baïda et Ras al Nabaa, deux enclaves favorables aux rebelles situés près de la ville portuaire de Banias, entre Lattaquié et Tartous, sur la côte méditerranéenne.

Selon des « témoignages concordants », des membres des Forces de défense nationale, une milice pro-Assad, ont été « activement impliqués » dans l'assaut lancé contre les villages, où de 300 à 450 civils ont été tués en deux jours.

« Cette opération n'a pas été menée dans le cadre d'une confrontation militaire. Les forces gouvernementales contrôlaient totalement la région" et ont empêché des centaines de civils de fuir « en les refoulant aux check-points » établis aux abords des villages, précisent les enquêteurs de l'ONU.

Outre ces massacres, l'armée de Bachar Al-Assad a bombardé des écoles et des hôpitaux et commis d'autres crimes de guerre pour récupérer le terrain cédé aux insurgés ces derniers mois, lit-on dans le rapport de 42 pages.

Les experts ont ainsi pu établir qu'au moins 450 personnes, dont la moitié de civils, ont été tuées lors de la prise de la ville de Koussaïr par l'armée syrienne et ses alliés du

Hezbollah. La ville a été privée d'eau et d'électricité et soumise à d'intenses bombardements.

Les rebelles et combattants islamistes étrangers ont eux aussi commis des crimes de guerre tels que des exécutions sommaires, des prises d'otages et des bombardements de zones civiles.

Crimes contre l'humanité

Le seul massacre délibéré de civils attribué par le rapport aux insurgés pendant la période couverte par l'enquête a eu lieu en juin, lors de la prise de Hatla, dans la province de Daïr al Zour (est), où une trentaine de civils chiites ont été exécutés sommairement, dont des enfants et des femmes.

« Les auteurs de ces violations et de ces crimes, quel que soit leur bord, ont agi en violation du droit international. [...] Il est impératif de les traduire en justice », ajoute la commission d'enquête dirigée par le diplomate brésilien Paulo Pinheiro.

La commission, dont fait aussi partie Carla Del Ponte, ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda, appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à engager des poursuites pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Les experts disent avoir recueilli des témoignages qu'ils n'ont pu vérifier pour l'instant sur l'usage d'armes chimiques, « principalement par les forces gouvernementales ».

« Compte tenu des éléments actuellement disponibles, il n'est pas possible d'établir de conclusion sur les agents chimiques utilisés, sur leurs systèmes de propagation et sur ceux qui les ont employés. L'enquête se poursuit », ajoute le rapport.

La période couverte par le rapport ne comprend pas l'attaque chimique présumée du 21 août près de Damas.

Reuters

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