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«La vie d'Adèle»: Kechiche donne sa version des faits

«La vie d'Adèle»: Kechiche donne sa version des faits
Courtoisie

La vie d’Adèle – chapitre 1 et 2, sulfureux, scandaleux... et acrimonieux? Bien que le film ait été très bien accueilli (Palme d'or à Cannes), sa promotion est en train de tourner au cauchemar. Toute l'équipe était d'ailleurs de passage à Montréal, le réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche et ses deux actrices, Lea Seydoux et Adele Exarchopoulos, notamment pour un tapis rouge à l'Impérial. Mais les entrevues initialement prévues en groupe et dans la bonne humeur se sont subitement disloquées pour finir chacun en solo. Bravo pour l’ambiance!

Le cinquième long métrage du réalisateur de La Graine et le Mulet poursuit donc un vaudeville qui a commencé en France lors de sa projection en compétition officielle au Festival de Cannes. Des techniciens en colère ont alors créé la controverse en révélant aux médias hexagonaux leurs conditions de travail sur le plateau de tournage qu’ils ont décrit comme un véritable «harcèlement moral» écorchant le réalisateur.

À son tour, Julie Maroh, l’auteur de la bande dessinée Le Bleu est une couleur chaude dont s’inspire le long métrage, en a rajouté pour déclarer toute son indignation de n’avoir pas été invitée sur le plateau et surtout d’avoir été oubliée dans le discours du réalisateur au moment de recevoir la palme d’or. Mise au rencart, elle s’est permis un dernier tour de piste pour exprimer tout son malaise face à l’œuvre qu’elle taxe «d’étalage brutal et chirurgical, démonstratif et froid de sexe dit lesbien, qui tourne au porn (…)».

Et voilà que la semaine dernière aux États-Unis, les deux actrices principales ont vidé leur sac en déclarant au Daily Beast avoir énormément souffert lors des scènes de tournage en particulier les séquences de sexe que Léa Seydoux a qualifiées d’expérience «horrible». L’actrice a d’ailleurs déclaré qu’elle ne tournerait «plus jamais» avec Kechiche. Et pour ce qui est d’Adèle Exarchopoulos? «Je ne pense pas», a-t-elle fini par répondre au journaliste américain.

Pendant ce temps à Montréal

La vie d’Adèle – Chapitre 1 et 2 raconte sur près de trois heures une histoire d’amour passionnée entre deux jeunes femmes. Pour Adèle Exarchopoulos, véritable révélation du film, l’entrevue au Daily Beast a été exagérée. «Je suis devenue très proche de Léa. Pendant la fameuse entrevue, on rigolait comme deux amies, explique-t-elle. On s’est mise à raconter des anecdotes. Si je te raconte la vraie histoire, tu vas être mort de rire! D’accord, le tournage a été difficile, parce que c’est une vraie expérience humaine que de tourner avec Kechiche, mais le journaliste a franchement grossi les choses».

Pour sa part, Léa Seydoux ne tient pas à revenir sur la controverse. «J’ai adoré faire partie de cet univers-là, mais je crois que c’est bien aussi de multiplier les expériences différentes», dit-elle avec précaution.

Comme le reste de l’équipe, Seydoux trouve triste toute cette polémique, mais tient à rejeter toute responsabilité. «Je ne sais pas si je peux regretter mes propos. Kechiche est un réalisateur exigeant. Par exemple, on n’avait pas le droit de porter du maquillage. Si vous arriviez sur le plateau avec un peu de maquillage, ça pouvait le rendre fou».

Pourtant le cinéaste se défend avec vigueur lorsqu’on lui demande s’il n’a pas malmené un peu trop fort ses actrices. «Je n’oblige personne à adhérer à ma façon de travailler, explique-t-il en entrevue au Huffington Post Québec. Je ne cache pas mes manières de faire. J’attends de mes acteurs qu’ils me demandent de les aider à libérer leurs émotions afin d’exprimer leur être le plus profond».

Kechiche le dit sans détour. «Tout réalisateur possède ses propres exigences. En ce qui me concerne, je demande à mes comédiens de se débarrasser du masque qu’il porte. Ils doivent incarner des personnages plus que de les jouer. Ils savent que je n’aime pas le faux, les fausses larmes, les fausses émotions ou la dissimulation.»

Avant le tournage, le cinéaste a tenu à rencontrer ses actrices dans un café de son quartier l’une après l’autre. «Cette personne [Kechiche refuse de nommer Léa Seydoux tout en exonérant Adèle Exarchopoulos] a accepté les conditions et après, elle vient me faire des reproches. Je trouve cela injuste. Au contraire, elle aurait dû me remercier de l’avoir aidée à se libérer, mais peut-être qu’elle m’en veut de l’avoir éveillée à quelque chose qu’elle est et qu’elle ne savait pas».

Des sorties médiatiques absurdes selon lui et qui font beaucoup de tort au film dont la sortie en salles est prévue pour le 9 octobre prochain en France et au Québec. «Cette polémique n’est pas seulement absurde, elle est aussi complètement destructrice. Tout cela n’a pas de sens. Quand on monte sur scène, que l’on se réjouit d’avoir une palme, que l’on veut être belle sur les couvertures des magazines, on ne peut pas en même temps cracher dans la soupe».

La vie d’Adèle – chapitre 1 et 2 - Métropole Films Distribution - Drame - 179 minutes - Sortie en salles le 9 octobre 2013 - France.

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