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Arabie saoudite: enfin une loi protégeant les femmes victimes de maltraitance

Arabie saoudite: enfin une loi protégeant les femmes victimes de maltraitance
King Khalid Foundation

L'Arabie Saoudite a adopté, lundi 26 août, une loi condamnant tous types de maltraitance. Les femmes devraient en être les premières bénéficiaires. "Il était temps qu'il y ait une loi contre la maltraitance", a confié la jeune saoudienne Ghada Saad à la Saudi Gazette.

Protéger les femmes maltraitées

Dans les petits papiers du Conseil de la Choura depuis fin 2012, la nouvelle législation s'inscrit dans une dynamique positive de protection et d'émancipation des sujettes d'un royaume très conservateur, dernier pays du Golfe à leur interdire encore la conduite d'une voiture. Il s'agit par ailleurs de corriger les effets néfastes d'un autre phénomène en pleine bourre: la femme sur le lieu de travail.

En Arabie Saoudite, hommes et femmes ont l'habitude de travailler séparés. Mais le royaume a récemment flexibilisé le code du travail pour les emplois nécessitant l'apport des deux sexes. Le taux de chômage des Saoudiennes auraient ainsi baissé d'1% en moins de six mois. Mais le nouveau status quo n'a pas plu à certains conservateurs qui, avec Mohamed Al-Daoud en figure de proue, n'ont pas manqué de le faire savoir. Dans un tweet, le prominent écrivain saoudien avait ainsi exhorté ses compatriotes à maltraiter les femmes au travail afin de préserver leur chasteté, utilisant le hashtag: "maltraitez les caissières féminines".

Dans le passé, Al-Daoud avait déjà confirmé son caractère controverse en suggérant de voiler les bébés dans le but de les protéger d'agression sexuelle. Mais il ne fait là qu'alimenter le discours d'une frange conservatrice titillée par les traces grandissantes des petits pas féminins en Arabie Saoudite. Le Conseil de la Choura, assemblée consultative forte de 150 membres traditionnellement masculin, a ainsi accueilli, en février 2013, 30 femmes en son sein, assermentée par le Roi Abdullah en personne. Le droit de vote aux élections municipales avait précédemment été accordé aux citoyennes de sexe féminin.

Progrès au travail, faux-semblant à la maison

La nouvelle loi permettra aux tribunaux de poursuivre et condamner de manière plus efficace tout abus psychologique, physique ou sexuel. Les sanctions iront d'une pénalité financière (allant de 2,000 à 20,000 DNT) à 5 ans de prison. Tout témoin de maltraitance sur le lieu de travail sera désormais dans l'obligation de la signaler à la direction, elle-même tenue dans faire part aux autorités.

Cet énième effort vient également marcher sur les plates-bandes des sacro-saintes relations conjugales, y instaurant des mesures similaires. Mais le Conseil de la Choura en a oublié que la femme qui souhaitera porter plainte pour violence conjugale devra obtenir l'accord préalable... de son mari.

La nouvelle loi aura sans doute un impact considérable sur les conditions de travail de la femme saoudienne. Mais, de retour au foyer, la même femme contemplera la même loi comme on contemple un mirage. Avec amertume.

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