Canuel est le gentil «bum» du 7e art québécois. Avec son allure d’Éric Lapointe version cinéma, le réalisateur de Cadavres et Bon cop, bad cop porte souvent un regard amusé sur ses films. Il n’hésite d’ailleurs pas à résumer son dernier opus Lac Mystère – en salles ce vendredi – comme «une virée en voiture avec les frères Coen et Tarantino qui ramasse David Lynch sur le pouce pour se rendre chez Canuel. Et là, le party commence». Entrevue.
Dès le titre, le réalisateur assume pourtant le côté thriller de son œuvre, mais tient à préciser au passage sa volonté d’y mélanger les styles. «Je voulais multiplier les genres, explique-t-il en entrevue. Un de mes défis était celui de pouvoir trouver une façon de passer du tragi-comique au drame, de l’agression à l’introspection».
Ainsi Lac Mystère scénarisé par Diane Cailhier d’après le roman Mirror Lake d’Andrée A. Michaud est une plongé un peu capotée sur la destiné d’un jeune homme qui veut changer de vie. «Fred (Maxim Gaudette) décide de se réfugier dans un chalet après avoir appris que sa femme couche avec son propre frère. Il est dévasté. Il ne veut plus entendre parler de son ancienne existence. Pour oublier son passé, il va même jusqu‘à changer de nom», raconte-t-il.
Un changement d’identité exploré dans les moindres détails par le cinéaste. «Je suis fasciné par ce thème. J’ai voulu pousser encore plus loin là-dessus. À l’instar du personnage principal, tout le monde dans le film semble avoir un problème avec sa propre identité. Quand Fred rencontre le pêcheur (Laurent Lucas), il ne sait pas vraiment à qui il a faire. Est-il bon ou mauvais? De son côté, la danseuse nue (Laurence Leboeuf) est une femme qui n’arrive pas à trouver sa place. Elle change constamment de prénom ayant de la difficulté à choisir entre ses origines irlandaises et françaises. Et ce n’est pas mieux avec le policier provincial (Sylvain Marcel) qui se prend un peu trop pour un insupportable shérif américain», énumère-t-il.
Les eaux du Lac Mystère sont donc troubles. Personne n’est vraiment celui qu’il dit être, le mal rôdant constamment à chaque coin sombre du bois. «Je crois profondément au karma. Le destin nous revient toujours dans la face. Vous savez, je ne suis pas le genre d’individu qui adhère à la vision d’une société où tout le monde est gentil et sympathique. Mais je crois tout de même en la bonté de l’homme, plus qu’en sa méchanceté qui est souvent le résultat d’une insatisfaction personnelle»
Sauf que Fred évolue dans un univers propice à la perdition. Les individus qu’ils rencontrent se révèlent autant de menaces à sa paisible retraite. Même le lac semble être habité par de funestes motivations. En effets, des disparitions inexpliquées ont régulièrement lieu dans les parages.
«Néanmoins, la notion de rédemption est très importante dans le long métrage, précise-t-il. Les personnages ont à un moment donné de l’histoire la possibilité de faire amende honorable. Ils peuvent se donner la chance de s’excuser ou d’avouer qu’ils ont fait des erreurs. Certains le font, d’autres pas. Justement, prenez le lac, s’il est une menace, il symbolise aussi une certaine libération».
Lac Mystère – Les Films Séville – Thriller – 118 minutes – Sortie en salles le 23 août 2013 – Canada/Québec.
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