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Les championnats du monde d'athlétisme s'ouvrent à Moscou samedi sur fond d'appels au boycott des JO de Sotchi

Lois anti-gay, appels au boycott des JO, des mondiaux d'athlétisme sous tension
AFP

La politique va-t-elle éclipser le sport ? Les championnats du monde d'athlétisme, qui s'ouvrent samedi matin à Moscou et se termineront dimanche 18 août, pourraient être les victimes collatérales d'une polémique qui enfle depuis plusieurs semaines.

Alors que l'interdiction de l'adoption d'enfants russes par les couples homosexuels et célibataires étrangers suscitait déjà l'indignation, le président Poutine a promulgué fin juin une autre loi visant cette fois à pénaliser la "propagande" homosexuelle en direction des mineurs, désormais passible d'amendes et d'une détention allant jusqu'à 15 jours.

Une indignation qui a poussé le président du CIO (Comité international olympique) Jacques Rogge à demander à la Russie, vendredi 9 août, de s'expliquer sur les conséquences que la loi anti-"propagande" pourrait avoir sur le déroulement des JO.

Moins d'un an avant les olympiades hivernales, qui auront lieu à Sotchi en février 2014, ces décisions controversées ont provoqué la mobilisation des militants des droits des homosexuels et de la communauté internationale, jusqu'à Barack Obama. Le président américain a affirmé le 6 août n'avoir "aucune tolérance pour les pays qui essayent de traiter les personnes qui sont gays, les lesbiennes ou transgenres d'une manière qui les intimide ou qui leur fasse du mal".

Les initiatives et appels au boycott se multiplient

Fin juillet, les propos d'un député russe avaient mis le feu aux poudres. Vitali Milonov, l'élu en question, a ainsi affirmé que la loi serait également valable pour les étrangers présents lors des Jeux. Selon lui, la loi ne peut être appliquée de manière sélective ni être suspendue, une déclaration en contradiction avec les assurances données par le gouvernement russe au CIO concernant la sécurité des athlètes et des supporters.

Selon lui, "si la loi a été approuvée par la législature et signée par le président, la Fédération n'a aucun droit de la suspendre, elle n'en a pas l'autorité."

Depuis la semaine dernière, les initiatives et prises de position se sont multipliées. Plusieurs discothèques, restaurants et bars homosexuels basés à Londres et au Canada ont ainsi annoncé qu'ils boycottaient la vodka russe. A New-York, des manifestants ont versé de la "petite eau" dans les caniveaux, un geste rappelant celui de restaurateurs américain vidant des bouteilles de vin français pour dénoncer la non-implication de la France dans le conflit irakien.

L'humoriste, acteur et réalisateur britannique Stephen Fry, a écrit mercredi 7 août une lettre ouverte à son Premier ministre David Cameron lui demandant d'agir pour interdire les Jeux en Russie et les organiser "ailleurs".

Considérant que la situation actuelle des homosexuels en Russie est similaire à celle des Juifs dans l'Allemagne des années 30, Stephen Fry estime que "Poutine reproduit de façon sinistre ce crime fou, cette fois-ci contre les membres russes de la communauté LGBT", citant les "passages à tabac, meurtres et humiliations" comme des violences quotidiennes "ignorées par la police".

Autre comédien très populaire et connu pour son engagement en faveur des droits des homosexuels, l'Américain George Takei alias le lieutenant Sulu dans la série "Stark Trek", a lui apporté son soutien à une pétition réclamant la relocalisation des prochains Jeux d'hiver à Vancouver.

En cinq jours, la pétition a récolté plus de 130.000 signatures, tandis que celle du mouvement All Out demandant au CIO de condamner les lois russe approche les 350.000 soutiens. Elle a été remise à l'organisation vendredi.

Les mondiaux d'athlétisme sont-ils menacés ?

Les Jeux olympiques de Sotchi, logiquement plus rassembleurs, universels et donc exposés médiatiquement, sont naturellement devenus la cible de la contestation, mais les mondiaux d'athlétisme ne sont pas épargnés par la polémique.

Ces championnats du monde, qui démarrent samedi matin, tombent au plus mauvais moment pour Vladimir Poutine. Ils sont le premier événement sportif d'envergure internationale organisé à Moscou depuis les JO d'été de 1980. Des Jeux qui avaient été massivement boycottés, notamment par les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Corée du Sud, l'Allemagne de l'Ouest ainsi qu'une trentaine de pays musulmans après l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS.

Autant dire qu'ils risquent bien d'être une répétition générale pour les militants des droits des gays, afin de mettre la pression sur la Russie. Sentant le vent venir, le secrétaire général adjoint de l'IAAF (la fédération internationale d'athlétisme), Nick Davies, a invité mercredi 7 août la Russie à se "confronter à d'autres modes de vie" et à "reconsidérer ses positions sur les homosexuels". Il a par ailleurs rappelé que le refus de toute discrimination était inscrit dans les statuts de la Fédération, tout comme dans ceux du CIO, et que les participants aux mondiaux comme les spectateurs n'avaient rien à craindre.

Le président de la Fédération d'athlétisme ne voit "aucun problème"

A vouloir ménager la chèvre et le chou, Nick Davies a jeté de l'huile sur le feu, même s'il a souligné la volonté de l'organisation de ne pas se mêler de politique et de respecter la loi russe. Le président de l'IAAF Lamine Diack est même allé plus loin en déclarant qu'il ne voyait "aucun problème" dans la loi pénalisant la "propagande" homosexuelle.

Cette confusion a poussé le ministre russe des Sports, Vitaly Moutko, à lancer vendredi 8 août un appel au calme, à la veille du début de la compétition. Lors d'une conférence de presse, il s'est voulu rassurant, affirmant que les droits des homosexuels, athlètes comme spectateurs, seraient respectés.

"Cette loi ne consiste pas à porter atteinte aux droits des personnes, quelles que soient leur citoyenneté, leur religion et leurs orientations (sexuelles)" a-t-il déclaré, mais "vise à interdire la propagande devant mineurs. Personne ne va porter atteinte aux droits des citoyens", a-t-il assuré.

1967 athlètes représentant 205 pays participent aux championnats du monde d'ahtlétisme. Parmi ces nations et ces sportifs, aucun ne s'est encore prononcé pour un boycott. Mais il n'est pas dit que des initiatives individuelles ne seront pas prises par les athlètes. Ou que l'on ne verra pas de manifestations parmi les spectateurs. Pour la Russie, ces Mondiaux ont tout d'une répétition générale avant les JO...

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