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Manifestations en Egypte: le gouvernement menace d'utiliser la force

Le gouvernement menace d'employer la force
AFP

Le gouvernement égyptien a demandé, mercredi 7 août, aux partisans du président déchu Mohamed Morsi de se disperser "rapidement" sur les deux places du Caire qu'ils occupent, menaçant de les déloger par la force après le ramadan qui prendrait fin dans la soirée.

Cette menace a été lancée quelques heures après l'annonce par le nouveau pouvoir installé par l'armée, de l'échec des tentatives internationales de médiation. Cela met ainsi fin aux espoirs d'aboutir à une sortie de crise négociée et renforce les craintes d'un nouveau bain de sang.

À la télévision, le Premier ministre Hazem Beblawi a lu un communiqué annonçant que son gouvernement "ne reviendra pas sur la décision" de disperser les manifestants. Des milliers de pro-Morsi sont barricadés depuis plus d'un mois, avec femmes et enfants, sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda du Caire.

Respect du mois sacré du ramadan

Appelant une nouvelle fois les islamistes à partir rapidement et de leur plein gré, le Premier ministre a assuré que la police, qui a obtenu le feu vert du gouvernement il y a une semaine, n'était pas intervenue jusqu'ici par "respect du mois sacré du ramadan". Celui-ci s'achève officiellement mercredi soir. Jeudi débutent toutefois les célébrations de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du jeûne musulman, qui prendront fin dimanche.

Dans le pays où plus de 250 personnes --essentiellement des pro-Morsi-- ont déjà péri dans des violences en marge de rassemblements, des émissaires européens, américains, africains et arabes se sont relayés ces dix derniers jours pour tenter à la fois d'amener les autorités à la retenue et de convaincre les islamistes de se disperser et de participer à la transition.

Les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi et qui avaient remporté les législatives de fin 2012, réclament le retour au pouvoir du premier président égyptien élu démocratiquement, déposé et arrêté par l'armée le 3 juillet. Depuis, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée, est le véritable homme fort du nouveau pouvoir. Le gouvernement intérimaire mis en place par l'armée a promis des élections début 2014.

Les Frères musulmans "responsables"

La présidence a accusé les Frères musulmans d'être "responsables de l'échec des efforts internationaux", mais aussi, et surtout, "des conséquences à venir de leurs violations des lois et de leur mise en danger de la sécurité publique". Mardi soir encore, des affrontements entre pro et anti-Morsi ont fait un mort et 62 blessés à travers le pays, selon le ministère de la Santé.

Alors que la presse, quasi-unanime, et une grande partie de la population voit dans la dispersion des pro-Morsi un moyen de relancer une transition pour le moment au point mort, les responsables multiplient les déclarations promettant "le moins de pertes possibles".

L'Egypte, dont le président Hosni Moubarak a été renversé lors du Printemps arabe début 2011, a connu une nouvelle "révolution" le 30 juin lorsque des millions de manifestants sont descendus dans la rue pour réclamer le départ de Mohammed Morsi, accusé d'avoir accaparé le pouvoir au profit des seuls Frères musulmans et d'avoir achevé une économie déjà exsangue.

Depuis la destitution de leur président, les Frères musulmans dénoncent un "coup d'Etat militaire" et la mise en place d'un "Etat policier", notamment avec l'arrestation de plusieurs de leurs dirigeants. Leur Guide suprême, toujours en fuite, doit être jugé à partir du 25 août avec ses deux adjoints, en détention préventive, pour "incitation au meurtre".

60 morts dans le Sinaï

Les Etats-Unis ont, eux, peiné à qualifier de "coup d'Etat" la destitution de Mohammed Morsi. Cela les obligerait légalement à interrompre leur aide à leur grand allié arabe, soit 1,5 milliard de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée.

Alors que le secrétaire d'Etat John Kerry a surpris en assurant que l'armée avait "rétabli la démocratie" en évinçant Mohammed Morsi, les sénateurs américains John McCain et Lindsey Graham ont toutefois utilisé le terme de coup d'Etat. Des déclarations qui ont déclenché la fureur du gouvernement et de la presse égyptienne. Après avoir rencontré le général Sissi et des islamistes, les deux sénateurs ont appelé à la libération de Mohammed Morsi.

Si le secrétaire d'Etat adjoint américain William Burns, a quitté le pays mi-juillet, le représentant de l'Union européenne Bernardino Leon est, lui, toujours en Egypte.

Dans la péninsule du Sinaï, fief de combattants islamistes, un ex-député partisan de l'armée a été abattu par des hommes armés. De leur côté, les militaires ont affirmé avoir tué "60 terroristes" en un mois dans cette région, secouée par des attaques quasi-quotidiennes contre les forces de l'ordre.

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