Alors que le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie à Montréal est évalué à 500 millions$, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, affirme qu'il en coûterait en réalité entre 50 et 75 millions$. Ses opposants n'ont pas hésité à dénoncer cette «amicale comptabilité créative».
Richard Bergeron a dévoilé mercredi le plan de son parti pour recouvrir les trois tronçons encavés de l'autoroute Ville-Marie entre les rues Saint-Urbain et Sanguinet. Le montant prévu par une étude de 2006 est de près de 500 millions$, comme l'a rappelé le chef de Projet Montréal.
Richard Bergeron prétend plutôt que deux tronçons peuvent être recouverts à «coût marginal nul». Tout d'abord, la partie située entre les rues Saint-Urbain et Saint-Laurent sera recouverte lors de l'agrandissement du Palais des congrès, tel que prévu par Québec.
Le segment entre la rue Saint-Laurent et Hôtel-de-Ville sera pour sa part vendu à des promoteurs. Projet Montréal estime que le montant récupéré en taxes foncières sera plus ou moins égal à l'investissement. «En couvrant l'autoroute, on créera des terrains sur lesquels construire», note Richard Bergeron. Il ajoute que pour le moment «il n'y a que des terrains vagues et des immeubles délabrés» aux alentours de l'autoroute en tranchée.
Il ne restera qu'à recouvrir l'espace autour de la station Champ-de-Mars, entre Hôtel-de-Ville et Sanguinet, au coût de 50 à 75 millions$. Il s'est engagé, s'il est élu, à couvrir ce tronçon d'ici 2016, à temps pour l'inauguration du nouveau CHUM situé à proximité.
Richard Bergeron tire cette évaluation de l'étude menée en 2006 qui évaluait le coût total à 500 millions$. Pour la partie entourant le Champ-de-Mars, l'étude évaluait le coût à 162 millions$. «Ils évaluaient le coût direct à 80 millions$, mais ajoutaient des frais indirects de 82M$, dit Richard Bergeron. Les frais indirects, c'est une tactique bien connue quand on veut tuer la faisabilité d'un projet.»
Ce chiffre, note-t-il, date d'avant la Commission Charbonneau, qui a mis à jour un système de collusion et de corruption. «Moi je dis que ça coûtera entre 50 et 75 millions$, et je suis sûr de ne pas me tromper», dit le chef de Projet Montréal.
Comptabilité créative
La réaction de ses opposants aux élections municipales du 3 novembre prochain ne s'est pas fait attendre. Représentant la Coalition Marcel Côté, le maire de Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, a qualifié de «amicale comptabilité créative» les coûts avancés par Richard Bergeron.
Réal Ménard s'en remet à l'étude de 2006, cofinancée par Québec et Montréal, a-t-il rappelé.
Philippe Schnobb, candidat de l'Équipe Coderre dans le district de Saint-Jacques, dans l’arrondissement de Ville-Marie, a aussi raillé le montant avancé par Richard Bergeron. «Je ne sais pas d'où il sort son évaluation, a-t-il lancé. Si on veut remettre en question le coût, il faut le faire de façon réaliste.»
Philippe Schnobb souligne que le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie n'est pas inscrit au Programme triennal d'immobilisations, qui détermine les principaux investissements de la Ville de Montréal. Le programme actuel couvre les années 2013-2015. «Promettre le recouvrement pour 2016, ce n'est pas réaliste», dit-il.
Les deux partis se disent en faveur du recouvrement de l'autoroute en tranchée, sans toutefois promettre d'échéancier.
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