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La porno bientôt bloquée par défaut sur Internet en Grande-Bretagne?

La porno bientôt bloquée par défaut sur Internet en Grande-Bretagne?
Reuters

Depuis plusieurs mois maintenant, le gouvernement de David Cameron livre une bataille contre la pornographie en ligne. Dans un discours délivré le 22 juillet, le Premier ministre britannique entend bloquer, par défaut, l'accès aux contenus pornographiques en ligne d'ici 2014.

Il s'agit d'une "question d'urgence", affirme le Premier ministre qui prétend ne pas vouloir "moraliser" Internet. Il décrit cependant le web comme un espace "non-réglementé", potentiellement dangereux.

"Je veux parler d'Internet, de l'impact que cela a sur l'innocence de nos enfants, combien la pornographie en ligne est corrosive et comment, dans les recoins les plus sombres d'Internet, il se passe des choses qui sont un danger direct pour vos enfants et qui doivent être éradiquées."

Un défi d'ordre criminel et culturel

Ces déclarations font suite à plusieurs faits-divers qui ont secoués la Grande-Bretagne. En Mai, une jeune fille avait été violée puis tuée par le partenaire de sa grand-mère, alors que ce dernier consultait de nombreux contenus pornographiques violents. Un climat qui fait dire à David Cameron que cette lutte contre les contenus pornographiques a fait naître deux types de défis:

"Le premier défi est d'ordre criminel: il s'agit de la prolifération des images pédopornographiques sur Internet. Le second est culturel: le fait que de nombreux enfants visionnent de la pornographie en ligne et d'autres contenus dommageables, très jeunes, et que la nature de cette pornographie soit tellement extrême que cela puisse fausser leur vision du sexe et des relations."

David Cameron a donc annoncé une série de mesures pour renforcer la législation en place, dont voici les plus importantes:

  • Des filtres parentaux au niveau de l'accès internet: Le gouvernement britannique espère obliger les fournisseurs d'accès à internet (FAI) à bloquer l'accès aux contenus pornographiques, grâce à l'installation par défaut d'un filtre. Libre ensuite aux abonnés de désactiver ce filtre "familial", qui sinon, devra être appliqué directement à la source pour tous les terminaux connectés (ordinateur de bureau, wi-fi, téléphones et autres).Grâce à un accord d'ores et déjà négocié avec les principaux opérateurs, le wi-fi public sera lui aussi équipé de filtres, et ce, dès le mois prochain.
  • La possession de certaines images sera illégale: cela concerne les images pornographiques "extrêmes". David Cameron cite les scènes de viol, qui "normalisent la violence sexuelle contre les femmes". Le Premier ministre rappelle que posséder de telles images est un crime en Ecosse depuis 2008, et souhaite donc étendre la législation à l'ensemble du pays.
  • Des listes de termes bannis: David Cameron a aussi exprimé son souhait de "blacklister" une série de termes "horribles", qui ne donneraient donc plus de résultats dans les moteurs de recherches. Une technique couramment utilisée par des gouvernements qui souhaitent filtrer Internet, à l'instar de la Chine.

Le Premier ministre a voulu délivrer un message ferme à destination des moteurs de recherches, qui selon lui "n'assument pas assez leurs responsabilités".

"J'ai un message direct à Google, Bing, Yahoo et les autres. Vous devez agir là-dessus, il s'agit d'une obligation morale."

Si les compagnies telles que Google ne coopèrent pas d'elles-mêmes d'ici octobre, David Cameron se dit prêt à changer la législation pour les y forcer.

Certains fournisseurs d'accès réticents

Avec l'aide des moteurs, le gouvernement souhaite que les recherches de mots-clés illégaux conduisent vers des pages d'information. Pour, d'une part, "aider à changer de comportement" et d'autres part faire prendre conscience des conséquences de telles recherches:

"Si quelqu'un tape "enfant" et "sexe", il devrait apparaître une liste d'options telles que: "Voulez-vous dire éducation sexuelle des enfants?", "Voulez-vous dire sexe de l'enfant? (...) Ces pages d'avertissement doivent aussi informer ceux qui y ont atterri de ce qu'ils risquent, comme perdre leur travail, leur famille et même la garde de leurs enfants s'ils continuent."

Plusieurs FAI britanniques s'opposent depuis le début à cette volonté de légiférer contre la pornographie en ligne. Nicholas Lansman, secrétaire général de l'association des FAI britanniques, a motivé son opposition au filtrage par défaut par le fait que, selon lui, "ce n'est qu'une partie de la solution, et qu'il peut être contourné et conduire à des sur -ou sous- blocages".

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