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Tour de France : l'Alpe d'Huez, la montagne des dopés

L'Alpe d'Huez, la montagne des dopés
AFP

Un dénivelé de 1090 mètres pour 13,8 kilomètres à 7,9 % de moyenne. Les 21 virages de l'Alpe d'Huez, dans lesquels sont attendus jusqu'à un million de spectateurs jeudi, sont au menu de la 18e étape du Tour de France. A cette particularité près que les organisateurs ont décidé -pour la première fois de l'histoire du Tour- que les coureurs grimperont... deux fois la montée légendaire.

Une fantaisie qui va redonner un peu de piment à cette édition 2013, promise depuis les Pyrénées à Christopher Froome. Ou au contraire, en cas de nouvelle démonstration du maillot jaune britannique, renforcer un peu plus les soupçons de dopage qui planent autour de lui à mesure que se profile son sacre.

Pour cela, la montée de l'Alpe d'Huez est un parfait indicateur. En effet, depuis que l'ascension est au menu du Tour, il est de coutume de chronométrer le temps des coureurs du bas de la montée à Bourg d'Oisans jusqu'au sommet 14 kilomètres plus haut. Et que nous apprennent les dix meilleurs "chronos" relevés de tous les temps? Qu'ils sont presque tous détenus par des "grands" dopés du cyclisme, tous dans les 20 dernières années:

36'40" : Marco Pantani en 1995

36'45" : Marco Pantani en 1997

37'15" : Marco Pantani en 1994

37'30" : Jan Ullrich en 1997

37'36" : Lance Armstrong en 2004

38'01" : Lance Armstrong en 2011

38'04" : Miguel Indurain en 1995

38'04" : Alex Zülle en 1995

38'06" : Bjarne Riis en 1995

38'11" : Richard Virenque en 1997

Mise à part Miguel Indurain jamais officiellement confondu pour dopage -malgré les soupçons de l'époque et encore aujourd'hui-, tous les noms figurant dans ce top 10 ont reconnu après leur carrière avoir pris des produits, hormis Marco Pantani décédé en 2004 mais impliqué dans l'affaire Puerto. C'est d'ailleurs le "Pirate" qui possède les trois meilleurs temps, correspondant à une ascension effectuée à près de 23 km/h de moyenne, et qui ne sont sans doute pas prêts d'être battus. Le très bon temps de Jan Ullrich, lui, a été enregistré l'année de son sacre à Paris en 1997; celui de Lance Armstrong (en 37'36") au meilleur de sa "forme" en 2004.

En fait, ces dix temps plus vraiment références sont à comparer avec les temps relevés lors de la dernière ascension de l'Alpe d'Huez sur la Grande Boucle, en 2011, à un moment où le Tour a commencé à plus ou moins redevenir propre. Même si les enjeux et le contexte sont toujours très différents d'une édition à l'autre, les chronos enregistrés il y a deux ans ont bien changé. L'Espagnol Carlos Sastre a ainsi été le plus rapide sur les 21 virages, en 41'45". Alberto Contador a affiché un temps légèrement plus long (41'54"), quand Pierre Rolland, vainqueur de l'étape -et seul Français a en avoir remporté une cette année-là-, grimpait lui en 42'22":

Jeudi, à la fin de l'étape, il sera donc intéressant de comparer les temps des concurrents -d'autant plus que l'Alpe est grimpée deux fois-, et notamment les deux chronos de Froome. En effet, depuis quelques jours, les soupçons de dopage ne cessent de s'accentuer autour du cycliste britannique, ce qui commence sérieusement à l'agacer ainsi que le reste de son équipe.

Si bien que jeudi matin, Sky est passé à la contre-attaque en transmettant au journal L'Equipe les données enregistrées par ordinateur sur 18 ascensions réalisées par Chris Froome, depuis le Tour d'Espagne 2011 jusqu’à l’étape du Mont-Ventoux qu'il a remportée cette année. Résultat? "Ses données de puissance des deux dernières années sont cohérentes avec le profil qu’il présente, analyse Fred Grappe, expert français le plus reconnu en matière de dopage (docteur en biomécanique et physiologie de l’entraînement sportif). La puissance exceptionnelle qu’il est capable de développer durant un effort maximal de cinq minutes lui donne une certaine réserve par rapport aux autres coureurs", ajoute-t-il.

Mais selon un autre expert, Antoine Vayer, ex-entraîneur de l'équipe Festina, qui a décrypté (selon sa méthode dite des "watts") les performances de Froome dans les premières grosses étapes de montagne, a relevé quelques données qui interpellent, dont celle-ci: dans la montée finale d'Ax 3 Domaines le 6 juillet, Froome a développé une performance énergétique quasiment égale à celle de Ullrich et Armstrong en 2003, alors "chargés comme des mules". Même les commentateurs de France Télévisions, en direct à l'antenne dans l'ascension du Ventoux le 14 juillet, ont émis de sérieux doutes sur les capacités physiques du coureur britannique, comme l'a relevé par un montage Arretsurimages.net:

Difficile donc d'y voir clair et d'analyser sans vraiment de recul les performances actuelles de Froome sur ce Tour. Ce qui est presque sûr par contre, c'est que les doutes seront encore un peu plus forts si celui-ci assomme une nouvelle fois ses adversaires dans les 42 virages cumulés de l'Alpe d'Huez...

» Avant la double montée de l'Alpe d'Huez, les internautes s'amusent avec Froome :

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