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Lac-Mégantic: un «semblant» de retour à la normale une semaine après la tragédie

Lac-Mégantic: un «semblant» de retour à la normale
LAC-MEGANTIC QC - JULY 7: Two women reached out to another as she left the Polyvalente Montignac school which is functioning as a shelter and hospice for those affected by the derailment. Five people have now been declared dead and dozens remain missing after a train derailment caused a massive explosion in the quaint Quebec town of Lac-MÈgantic. (Lucas Oleniuk/Toronto Star via Getty Images)
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LAC-MEGANTIC QC - JULY 7: Two women reached out to another as she left the Polyvalente Montignac school which is functioning as a shelter and hospice for those affected by the derailment. Five people have now been declared dead and dozens remain missing after a train derailment caused a massive explosion in the quaint Quebec town of Lac-MÈgantic. (Lucas Oleniuk/Toronto Star via Getty Images)

La plupart des évacués ont retrouvé leur lit, les commerces de la zone jaune ont rouvert leurs portes et leurs employés sont retournés au travail: la vie reprend tranquillement son cours à Lac-Mégantic, une semaine après la tragédie ferroviaire qui a fait 50 victimes. Mais même s'ils sont nombreux à avoir repris leurs activités, les résidants ne peuvent rien oublier.

Un "semblant" de vie normale, disent-ils. Personne n'a pu - ni voulu - parler de "retour à la normale".

Pour continuer, les gens se réunissent un peu partout: dans les restaurants du coin, sur leurs balcons, devant l'église, ouverte depuis peu. Et ils parlent. D'un peu de tout, mais surtout, de la catastrophe de samedi dernier qui a changé leur vie.

Et puisque les gens se retrouvent beaucoup dans les "fast food", comme le McDonald's ou le Tim Hortons de la rue principale, les travailleurs sociaux y sont aussi. Ils s'y promènent, s'assoyant avec les gens, pour leur parler et voir s'ils ont besoin d'aide.

D'autres résidants se sont fait bénévoles, notamment à la polyvalente qui sert de refuge, pour passer le temps et pour donner un coup de main à ceux qui en ont le plus besoin.

La réouverture des commerces de la rue Laval, qui traverse la ville, a donné un bon coup de pouce au moral des gens en leur permettant de retrouver leurs habitudes au dépanneur du coin, ou encore à leur petit casse-croûte de quartier "Chez Loulou". La terrasse était pleine vendredi soir.

Pour ceux qui ont été évacués, le retour à la maison est un réel soulagement.

"Un gros début de vie normale, a soupiré Madeleine Grenier, qui venait de passer sa première nuit chez elle. Ça aide vraiment beaucoup"

Mais elle reconnaît, les larmes aux yeux et la voix qui se brise alors qu'elle se remémore la tragédie, que cela va prendre du temps.

Et ce n'est pas possible de l'oublier: l'immense clôture opaque qui entoure le périmètre de l'accident, encore fermé, est en plein devant ses yeux et l'empêche de voir les maisons de ses voisins, juste de l'autre côté de la rue Villeneuve.

Sur le perron de sa maison, la frêle dame âgée indique une brèche entre les édifices qui permet de voir les wagons de pétrole éventrés.

Comme beaucoup d'autres, Mme Grenier a eu recours à l'aide d'un psychologue. Elle est anxieuse depuis qu'elle a dû être évacuée d'urgence, au beau milieu de la nuit.

Tous les commerces de la zone jaune, qui n'a été accessible que jeudi soir, sont maintenant ouverts, sauf le barbier. La zone rouge, en plein coeur de l'endroit où le train a déraillé, enflammant le vieux centre-ville, est toujours hors limite pour les 200 personnes qui y habitaient.

Et les résidants sont heureux d'être de retour au boulot: travailler les tiennent occupés et ils pensent moins au drame. Un peu moins.

"Les Merveilles d'Annabelle", une coquette boutique de fleurs, est juste à côté de l'Église Ste-Agnès, qui sert de lieu de recueillement pour la population depuis l'ouverture de la zone jaune.

Le commerce a ouvert jeudi, et des roses gratuites se trouvaient dans un panier devant la porte, prêtes à être ramassées.

Mylène Guay y est fleuriste. L'ouverture de la boutique l'a aidée.

"On peut retrouver un semblant de vie normale", dit-elle.

"Travailler, ça aide. Le petit hamster arrête de tourner", ajoute-t-elle, à quelques pas de la nouvelle limite du périmètre sinistré, enterrée par le bruit des nombreux camions attelés à la tâche.

Elle se disait heureuse vendredi de pouvoir être là pour les autres, et avec ses roses.

Dans un local voisin, une dame se faisait coiffer, chez "Guy Coiffure", vendredi après-midi. Le commerce était alors ouvert depuis seulement quelques heures.

Guy Poirier, le propriétaire, était heureux que son salon soit à nouveau le lieu de rendez-vous et de confidences des clientes. Il a confié s'être rendu chez une cliente, qui a perdu sa fille dans le brasier causé par le train rempli de pétrole. Elle était trop fragile pour sortir, raconte-t-il.

"Le travail permet de revenir un peu à la normale, dit-il, dans son salon de la rue Laval. Mais ce n'est pas la normale".

Éric Bilodeau est le propriétaire de "Chez Loulou", qui a réussi à ouvrir à temps pour le repas du midi, mardi. "La clientèle régulière est revenue mais on a en perdu là-dedans", dit-il en référence à la catastrophe qui a ravagé le centre-ville de Lac-Mégantic.

Les clients lui ont dit qu'ils sont contents de pouvoir revenir, que ça leur change les idées. "Les gens viennent ici pour parler", constate le proprio.

Et lui, le travail le tient occupé.

"Moi je n'ai pas le temps d'y penser, lance-t-il. Mais j'y pense pareil".

Madeleine Grenier avait hâte de retourner "Chez Loulou" vendredi soir. Elle dit y aller deux fois par jour, matin et soir.

"Je retrouve mes habitudes, dit-elle. Tranquillement, pas vite".

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