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Soutien psychologique continu à Lac-Mégantic

Soutien psychologique continu à Lac-Mégantic

La communauté de Lac-Mégantic, toujours sous le choc six jours après l'événement tragique de samedi dernier, peut bénéficier d'un soutien psychologique constant.

Plus de 30 intervenants sont sur le terrain pour effectuer le suivi auprès des sinistrés et des personnes évacuées. Ils vont à la rencontre des gens, notamment dans les parcs, les restaurants, les résidences pour personnes âgées, mais aussi dans les garderies. Lorsqu'ils abordent des enfants qui ont perdu un proche, ils veillent à respecter certains principes pour s'assurer que ces derniers puissent vivre adéquatement leur deuil.

Pour un enfant, il peut être difficile de comprendre la situation, mais il importe de leur donner des explications franches. Il faut utiliser « les vrais mots », expose Justine McHugh, travailleuse sociale chez Deuil Jeunesse.

Il faut répondre clairement à leurs questions et éviter la désinformation, dit la travailleuse sociale présente à Lac-Mégantic. Il n'est pas nécessaire - ni recommandé - d'amoindrir ou d'embellir la réalité, précise-t-elle.

« Il ne faut pas éviter d'utiliser le mot "mort" », explique-t-elle. « On va éviter d'utiliser des mots comme "il est parti". Il n'est pas parti : quand on part, on peut revenir ».

Les réactions peuvent être très différentes selon l'enfant. Certains enfants vont pleurer, d'autres n'auront aucune réaction et continueront à jouer. Souvent, la tristesse viendra avec le temps, lorsque l'enfant constatera que l'absence est longue. Il faut donc être à l'affût tout au long du processus de deuil. Certains enfants, par exemple, exprimeront leurs émotions en adoptant des comportements agressifs.

Une approche différente pour les adultes

L'aide apportée aux adultes et aux enfants est différente, dit aussi Mme McHugh. « Les adultes sont plus dans l'émotion dès le départ », tandis que les enfants sont davantage dans un processus de compréhension.

Du côté des adultes, cinq personnes ont dû être hospitalisées depuis le début de la tragédie, notamment pour voir des psychiatres, parce qu'elles n'avaient pas accès à leur médication.

Les intervenants raccompagnent aussi les résidents qui réintègrent leur domicile, une étape qui peut être éprouvante.

« La population reçoit tous ces intervenants avec beaucoup de gratitude. On va rencontrer les gens, par exemple les adolescents au parc, le soir. Les gens s'ouvrent spontanément à eux », dit Richard Vaillancourt, coordonnateur des mesures psychosociales à Lac-Méganti, en entrevue à RDI.

« Beaucoup vont dire qu'ils ont perdu des êtres chers. D'autres parlent de leur emploi qu'ils n'auront plus. D'autres sont inquiets au niveau de l'impact sur leur ville. Des gens qui ont tout perdu en ont beaucoup à dire », explique-t-il.

Les conséquences de la tragédie se répercutent dans tous les milieux. « Des travailleurs qui sont retournés au travail constatent que la place à côté d'eux est vide parce que leur collègue est décédé ».

« Pour la grande majorité des personnes, au fil des jours à venir, l'ensemble des symptômes - l'anxiété, des problèmes physiques, des problèmes émotifs, cognitifs, comportementaux - ça va rentrer dans l'ordre. Selon l'exposition au sinistre, une minorité vont développer des problèmes à long terme. C'est important que leurs proches soient à l'écoute », ajoute M. Vaillancourt.

Les personnes identifiées comme plus à risque vont bénéficier d'un suivi particulier des intervenants psychosociaux.

« Ce n'est pas un processus de deuil normal. Les personnes sont en état de choc. Il faut qu'elles puissent intégrer cet événement qui est tout à fait hors de l'ordinaire, [...] vivre leur peine et retrouver un certain équilibre de vie », dit-il.

Richard Vaillancourt rappelle également que des répondants, tels que les pompiers et les enquêteurs, auront besoin d'un soutien et de suivi psychologiques particuliers, en raison de leur exposition particulière aux événements tragiques.

Selon lui, certains facteurs font en sorte que des personnes sont plus à risque de vivre un choc psychologique.

« L'état préalable de la personne, si elle est fragilisée, si elle vit une situation conjugale difficile, joue un rôle. Certains ont des facteurs de protection personnels et sont plus à même de nommer, verbaliser, extérioriser ce qu'ils vivent. Un autre aspect est le contexte de vie, le réseau social, le soutien, le travail, la maison qui attend la personne. »

M. Vaillancourt confirme que plusieurs résidents ont exprimé le désir de se rendre sur le site du drame - toujours interdit d'accès - pour constater les dégâts ou se recueillir. Il a expliqué qu'un prêtre de la région préparait un lieu, à proximité du site de la tragédie, où pourront se recueillir les personnes éprouvées par les événements.

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