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Ed Burkhardt, président de Montreal, Maine & Atlantic (MMA) visitera Lac-Mégantic mardi

Le président de MMA à Lac-Mégantic mardi
René Jobin SPIQ.ca

LAC-MÉGANTIC, Qc - Le président de Montreal, Maine & Atlantic (MMA), qui sera de passage à Lac-Mégantic mardi, risque de se heurter à une population hostile et durement éprouvée par la tragédie causée par le déraillement d'un convoi pétrolifère de l'entreprise, qui a détruit une partie du centre historique de la ville dans la nuit de vendredi à samedi et fait au moins 13 morts.

Depuis quelques heures, Ed Burkhardt était devenu la cible de toutes les attaques dans la petite ville estrienne. Dans les rues menant au centre-ville, sur les terrasses et devant l'école polyvalente Montignac transformée en refuge temporaire, nombreux étaient les citoyens qui dénonçaient son manque d'empathie et celui de son entreprise.

«Je ne comprends pas ça. Je ne trouve pas ça correct. Ils ne sont pas présents du tout», a soufflé Richard Poirier, qui a été évacué de sa résidence de Notre-Dame-de-Fatima.

Il y avait bien eu deux communiqués depuis les tragiques événements de samedi matin — dont celui de dimanche soir, traduit dans un français assez lamentable —, quelques entrevues téléphoniques, mais sur le terrain, pas de trace du chef d'entreprise.

«Il aurait intérêt à mettre ses culottes». «C'est un échec de (sa) part». «Il y a de la colère, il y a de la haine, et si le président avait été là au départ, ça aurait été moins pire». Voilà quelques-uns des nombreux commentaires entendus à Lac-Mégantic, lundi.

Raymond Lamontagne, qui craint avoir perdu dans la tragédie son fils, deux belles-filles et une employée, ne décolère pas depuis deux jours et résume l'état d'esprit des gens de la petite municipalité de 6000 âmes. Selon lui, l'entreprise basée au Maine fait preuve d'une cupidité sans nom et que tout ce qui lui importait était de maximiser ses profits.

Il a servi une volée de bois vert à la compagnie MMA, qui compte à son actif d'autres incidents. Le 10 juin dernier, 13 000 litres de diesel qu'elle transportait se sont déversés à Frontenac, non loin de Lac-Mégantic, sur une section de 250 kilomètres. Il s'agissait d'un second déraillement en quelques jours.

«Je ne veux pas mépriser (la compagnie). Mais moi, si j'ai une compagnie et que demain matin j'ai un camion ou un équipement de machinerie qui fait des dommages, je vais être là. Je vais assumer mes responsabilités», a-t-il martelé.

«Mais là, quand tu vois une compagnie (qui n'envoie) personne, qui est déjà prête à ramasser ses wagons (...) pour ne pas que le trafic arrête... Il y a des morts. Je ne suis pas méchant, mais je trouve que les Québécois vont devoir se tenir.»

Claude Paradis, dont le domicile se trouve dans un secteur de Lac-Mégantic qui était toujours sous le coup d'un ordre d'évacuation, lundi, s'est pour sa part montré plus nuancé lorsqu'interrogé sur la réaction de l'entreprise.

«Il y a de la colère, il y a de l'incompréhension. J'imagine qu'ils ne savent pas trop quoi faire. Ils ont mal réagi au point de vue des relations publiques. Ils ne doivent pas vouloir s'incriminer», a-t-il suggéré.

«Mais il y a une chose qui est certaine: c'est pas normal qu'un train de 72 wagons déraille dans un centre-ville à cette vitesse-là», a-t-il poursuivi.

Toute cette colère est bien normale compte tenu de l'expérience que ces personnes viennent de vivre, selon Christophe Herbert, psychologue clinicien spécialisé dans la prise en charge psychologique des personnes ayant vécu un événement traumatique.

«On voit ça souvent chez les victimes d'attentats ou d'accidents industriels. Ils ont besoin de savoir ce qui s'est passé, explique-t-il. Mais cela les empêche de vivre le développement normal du deuil et ils peuvent éventuellement développer des troubles de santé mentale, notamment un trouble de stress port-traumatique.»

Les Méganticois ne sont cependant pas les seuls à avoir tiré à boulets rouges sur Ed Burkhardt. Le dirigeant a également essuyé les critiques de certains politiciens, dont le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, qui a qualifié lundi de véritable «échec» la façon dont l'entreprise américaine a géré la crise.

«Il y a un problème de communication. Quand on est président d'une compagnie et qu'un accident se produit, il faut être présent et s'assumer», a affirmé le politicien, lui-même ancien président de la compagnie aérienne Air Transat.

«Je ne comprends pas pourquoi le président n'est pas présent. Ce n'est pas normal et ce n'est pas acceptable.»

Reste que pour certains, comme Richard Poirier, il ne sert à rien de se laisser dominer par la rage. Mieux vaut, pour la communauté «tissée serrée», prendre le temps de vivre son deuil pour ensuite se tourner vers l'avenir et commencer à songer à la reconstruction.

Une quarantaine de personnes étaient toujours portées disparues, lundi en fin d'après-midi, en plus des 13 corps qui ont été retrouvés depuis l'explosion de samedi matin.

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