EN DIRECT - Les événements se bousculent en Égypte. L'armée écarte le président Mohamed Morsi, suspend la Constitution et propose une brève transition durant laquelle des élections présidentielle et parlementaires seront organisées. La foule est en liesse sur la place Tahrir, au Caire.
Le pays sera dirigé par un gouvernement d'experts et une commission sera chargée de réviser la Constitution, a annoncé dans une allocution télévisée le général Abdel Fatah al Sissi, chef de l'état-major de l'armée. Le président de la Cour constitutionnelle suprême, Adli Mansour, remplacera Mohamed Morsi à la tête de l'institution présidentielle. Il sera assermenté jeudi.
L'armée a le soutien des autorités religieuses de la mosquée Al Azhar et le chef de la communauté copte. Le représentant de l'opposition, Mohammed ElBaradei, estime quant à lui que les mesures annoncées par le chef de l'état-major « répondent aux aspirations du peuple ».
Mohamed Morsi, qui demeure invisible, a réagi sur son compte Twitter affirmant que l'annonce de l'armée est un « coup d'État complet ». Il appelle à résister « pacifiquement » au « coup d'État » selon un proche, cité par l'Agence France-Presse.
Les militaires ont donc mis leur menace à exécution dès l'expiration du délai de 48 heures donné au chef de l'État pour répondre aux attentes des centaines de milliers de manifestants réclamant son départ depuis plusieurs jours.
L'armée a d'abord pris position dans plusieurs lieux stratégiques du Caire, près du palais présidentiel et devant le siège de la télévision nationale. Morsi se trouvait dans les locaux de la Garde républicaine, sans que l'on sache s'il était ou non en détention. Il avait appelé plus tôt mercredi à la formation d'un « gouvernement de coalition et de consensus ».
Les services de sécurité égyptiens avaient ordonné une interdiction de quitter le pays à Mohamed Morsi et à des responsables islamistes, en lien avec une enquête d'évasion de prison datant de 2011. Une liste de 40 noms qui a été remise aux services de sécurité des aéroports à ce sujet.
Plusieurs morts lors de manifestations
Mardi soir, des millions de personnes sont de nouveau descendues dans les rues pour réclamer un départ du président, ce qui a donné lieu à des affrontements meurtriers entre les opposants au régime et les partisans du chef de l'État, issu des Frères musulmans.
Dans certains quartiers du Caire, les affrontements entre les Frères musulmans et les opposants au régime ont fait des morts et de nombreux blessés. Seize personnes au moins ont été tuées et 200 autres blessées à l'Université du Caire, où s'étaient rassemblés des milliers de manifestants islamistes soutenant le chef de l'État.
De plus, devant les nombreux cas d'agressions sexuelles, l'armée a érigé un périmètre de sécurité pour protéger les femmes.
Dans un discours à la nation prononcé mardi soir, Mohamed Morsi avait fermement défendu sa légitimité, en dépit de l'ultimatum de 48 heures imposé par l'armée pour régler la crise dans le pays.
Les raisons de la colère
Les manifestants réclamaient le départ du président Morsi, qu'ils accusaient notamment de dérive autoritaire, a expliqué le politologue Sami Aoun sur les ondes de RDI.
La population est aussi frustrée par la crise sociale qui perdure. L'économie égyptienne continue de stagner et l'avenir apparaît toujours aussi sombre qu'avant la chute de l'ancien président Moubarak.
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