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Égypte : l'armée donne 48 h aux politiciens pour résoudre la crise

Égypte : l'armée donne 48 h aux politiciens pour résoudre la crise
AP

Le chef d'état-major de l'armée égyptienne a accordé lundi 48 heures aux responsables politiques pour « satisfaire les demandes du peuple », expliquant que celles-ci ont été exprimées d'une manière « sans précédent » et que le pays ne peut plus se permettre de perdre du temps.

Dans une déclaration lue à la télévision, le général Abdel Fatah al Sisi n'a pas demandé explicitement la démission du président Mohamed Morsi, principale revendication des opposants qui ont manifesté par millions dimanche.

Il a en revanche déclaré que l'armée présenterait sa propre « feuille de route » pour sortir de la crise, si les politiciens n'arrivent pas à s'entendre.

Il a ajouté que l'armée, qui a géré la transition entre la chute d'Hosni Moubarak en février 2011 et l'élection de Mohamed Morsi l'été dernier, ne souhaitait plus s'impliquer dans la politique ou le gouvernement.

Au lendemain des manifestations contre le président Morsi, quatre ministres égyptiens ont démissionné par solidarité avec les manifestants. Le ministre du Tourisme, des Télécommunications et des technologies de l'information, des Relations avec le Parlement et de l'Environnement ont ainsi quitté leur fonction respective.

Égypte: Manifestations du 30 juin 2013

Le siège des Frères musulmans envahi et saccagé au Caire

Le quartier général des Frères musulmans au Caire a été envahi et saccagé lundi par des manifestants contre le président Mohamed Morsi, issu de la confrérie, à la suite d'une nuit d'affrontements durant laquelle le bâtiment a été évacué.

Selon des sources issues des forces de sécurité, cinq personnes ont été tuées au cours des heurts qui ont eu lieu autour du bâtiment. Des sources médicales font état de plus de 100 blessés.

Des journalistes de Reuters ont constaté que des jeunes gens jetaient des cocktails Molotov et des pierres sur les locaux de la confrérie, tandis que des gardiens tiraient encore sur les assaillants lundi matin.

Des images télévisées montrent des hommes à l'intérieur des locaux qui jettent du matériel par les fenêtres et qui agitent un drapeau égyptien depuis un balcon.

L'opposition égyptienne lance un ultimatum à Morsi

Le calme est revenu lundi sur la place Tahrir au Caire, épicentre de la contestation égyptienne, mais l'opposition se prépare à de nouvelles actions pour demander la démission du président Mohamed Morsi, au lendemain de rassemblements qui ont réuni plusieurs millions de personnes à travers le pays.

À l'aube, de jeunes manifestants empêchaient toujours la circulation autour de la place Tahrir, où environ 500 000 personnes se sont réunies dimanche, mais seulement quelques centaines de gens y demeuraient, souvent installés sous des tentes de fortune.

L'opposition appelle toutefois les Égyptiens à poursuivre les mouvements de désobéissance civile et les sit-in jusqu'à ce qu'ils obtiennent le départ du président issu des Frères musulmans, dont ils ont jugé dimanche que la chute était « confirmée » par l'ampleur de la mobilisation.

Les organisateurs des manifestations, le « Front du 30 juin », annoncent dans un communiqué leur intention de mener mardi soir une grande marche en direction du palais présidentiel si Mohamed Morsi, qu'ils accusent de dérive autoritaire, n'a pas démissionné avant 17 h ce jour-là.

Le pouvoir n'a pas réagi à cet ultimatum, qui fait craindre de nouvelles violences après l'incendie et le saccage du siège des Frères musulmans au Caire, pris d'assaut dans la nuit par des centaines de jeunes armés de cocktails Molotov, auxquels les gardes ont répliqué par des tirs à balles réelles.

La confrérie a dénoncé l'absence de la police sur les lieux de l'attaque, pourtant prévisible après celle d'autres permanences des Frères musulmans ces derniers jours à travers le pays.

Dans tout le pays, le bilan depuis dimanche serait de 16 morts et 781 blessés.

14 millions dans les rues?

Un an après leur arrivée au pouvoir, les islamistes n'exercent qu'un contrôle limité sur les services de sécurité, qui ont très peu été remaniés depuis la chute de l'ancien président Hosni Moubarak, en février 2011.

Les violences en marge des rassemblements ont fait des victimes, mais les gigantesques manifestations, dans tout le pays, se sont dans l'ensemble déroulées de manière pacifique.

De source militaire, on fait état de 14 millions de personnes au total dans les rues, sur une population de 84 millions d'Égyptiens. Au Caire et à Alexandrie, première et deuxième villes du pays, un million de personnes se sont rassemblées.

Mohamed Morsi ne s'est pas exprimé dimanche, mais a reconnu par la voix de son porte-parole avoir commis des erreurs, tout en soulignant le bon déroulement général des manifestations et évoquant un « nouveau jour de pratique de la démocratie ». L'entourage du chef de l'État n'a cependant donné aucun signe que celui-ci soit prêt à renoncer au pouvoir.

« Il n'y a pas eu de guerre civile, comme les menteurs le prophétisaient [...] et il n'y aura pas de coup d'État militaire, comme les perdants (des élections) le souhaitent », a

écrit sur sa page Facebook Essam el Erian, un des dirigeants de la confrérie.

L'armée en arbitre

L'issue du bras de fer dépendra en grande partie de l'attitude de l'armée, dont de nombreux manifestants - parfois les mêmes que ceux qui lui demandaient de rendre le pouvoir aux civils il y a un an et dénonçaient ses exactions - comptent sur la bienveillance.

Dimanche, un hélicoptère militaire a survolé la place Tahrir laissant tomber des drapeaux aux manifestants, « par simple geste patriotique et non en signe de soutien politique », selon une source militaire.

D'après certains diplomates, l'armée, qui a gouverné le pays pendant plus d'un an entre la chute de Hosni Moubarak et l'élection de Mohamed Morsi, manifeste sa réticence à jouer un rôle plus actif, tant que les violences restent contenues et que la sécurité nationale du pays n'est pas en jeu.

Les Frères musulmans savent qu'ils ne peuvent pas compter sur les forces du ministère de l'Intérieur, bête noire du soulèvement de 2011, dont la répression avait fait un millier de morts avant que l'armée ne pousse Hosni Moubarak à s'effacer.

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