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Inde: les couples ayant des rapports sexuels avant le mariage seront considérés comme étant mariés

Inde: Désormais, coucher c'est épouser
AFP

Une Haute Cour indienne a décidé de considérer les couples ayant eu des relations sexuelles avant le mariage comme légalement mariés.

Spécifiant que les deux partenaires doivent être majeurs, la décision du juge Karnan de Madras stipule que même si le couple décide de se séparer par la suite, le "mari" ne pourra pas se remarier avant d'être légalement divorcé de sa "femme".

D'après The Hindu,, le juge a également précisé que les formalités et coutumes de mariage comme l'échange des colliers de fleurs et des anneaux respectaient simplement les traditions religieuses.

Selon les documents du tribunal, la décision du juge est intervenue après l'audience en appel d'une femme qui poursuivait son ancien partenaire (ils avaient vécu ensemble cinq ans) afin qu'il paye la pension alimentaire pour leurs deux enfants. Un tribunal avait auparavant décidé qu'elle n'avait pas le droit à la pension parce qu'il n'existait aucune preuve écrite d'un mariage légal entre les deux partenaires.

Lundi, Karnan a cassé cette décision, déclarant que les relations sexuelles du couple étaient équivalentes à un mariage. La proclamation fait depuis l'objet d'un féroce débat sur les réseaux sociaux.

(Combien d'entre vous se sont réveillés mariés ce matin?)

(Si le sexe avant le mariage équivaut à un mariage, du sexe avec une prostituée équivaut à un mariage arrangé?)

Cependant, certains considèrent ce jugement comme progressiste. Blogueuse pour le FirstPost, Apoorva Dutt écrit ainsi :

"Dans les faits, le jugement valide une relation où les partenaires vivent ensemble, aussi connue légalement sous le nom de concubinage. Le concubinage est un mariage qui peut être contracté légalement. En ce cas, les couples concernés sont légalement mariés pour le meilleur et pour le pire. Ils n'ont cependant pas de certificat de mariage ni de cérémonie officielle devant témoins. Ils doivent avoir cohabité un certain temps."

Evoquant la décision cassée par Karnan, Dutt ajoute :

"En ce cas précis, la Haute Cour de Madras a (peut-être par inadvertance) fait passer un jugement très progressiste et en faveur de l'égalité. En déclarant que le concubinage équivalait à un mariage, elle n'a pas enlevé le côté agréable des rapports avant mariage - comme tout le monde s'en indigne en ligne - elle a surtout légitimé les enfants, qui ne seront pas stigmatisés socialement parce qu'ils sont nés hors mariage. La légitimation des enfants ne sera cependant applicable que dans les cas de mariage établi par un tribunal. Enfin, la Cour s'est assurée qu'en cas de dissolution du mariage, les enfants et la femme ne se retrouveraient pas sans ressources".

Pendant ce temps, activistes et experts mettent en garde contre une "lecture simplifiée" de la décision, dont ils expliquent qu'elle ne cherche qu'à établir les droits et les responsabilités dans des relations qui ne sont pas reconnues par la loi.

Meenakshi Ganguly, responsable de l'organisation Human Rights Watch en Asie du Sud, a déclaré au New York Times : " Je pense que les formulations utilisées par les médias pour rapporter ce jugement ont conduit au tollé général, parce qu'on avait l'impression qu'il affirmait, en gros, que les relations sexuelles avant le mariage entre adultes consentants pourraient être assimilées à un mariage."

En réalité, il n'existe pas en Inde de loi régissant de facto les unions qui ne sont pas reconnues comme mariages."

Les réactions suite à la décision ont poussé Karnan à prendre la défense de ce jugement - ce qui est peu courant -, soutenant qu'il " protégeait la culture indienne et le bien-être des femmes" rapporte The Times of India .

"La décision de ce tribunal ne va à l'encontre d'aucune religion et n'est pas destinée à faire du tort aux Indiens. En aucune manière, cette décision ne porte atteinte au système du mariage accompli en conformité avec les diverses religions, rites et traditions de notre communauté variée."

Karnan ajoute : "Si un célibataire de 21 ans, ou plus, et une célibataire de 18 ans, ou plus, ont des relations sexuelles avant le mariage avec l'intention de se marier, mais qu'ensuite l'homme abandonne la femme, cette victime peut s'adresser à un forum civil pour poser un recours, après avoir fourni les preuves nécessaires pour confirmer son statut social d'épouse.

"Ce recours n'a pas seulement pour but de soulager la victime, mais aussi de maintenir l'intégrité de la culture indienne."

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