Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Première Chaîne de Radio-Canada : dernier tour de piste de René Homier-Roy

René Homier-Roy laisse un grand vide
Radio-Canada

L’émotion était vive dans le studio 17 de la Première Chaîne de Radio-Canada, vendredi matin, alors que René Homier-Roy animait sa toute dernière émission de C’est bien meilleur le matin. Après avoir réveillé les auditeurs pendant 15 ans, le chevronné communicateur a tiré sa révérence la tête haute, dans une ambiance de franche camaraderie.

Plusieurs anciens collaborateurs de C’est bien meilleur le matin et amis de René Homier-Roy sont tour à tour venus s’asseoir devant la vedette du jour pour lui exprimer leur respect et leur admiration, comme Pauline Martin, France Paradis, Annie-Soleil Proteau, Rebecca Makonnen, Claude Quenneville, Michelle Boisvert, Catherine Perrin et François Gagnon. Des larmes ont coulé, les compliments ont fusé et tous se sont remémoré de bons souvenirs.

Marc Laurendeau a livré un long message, dans lequel il a rappelé les principaux faits d’armes de l’animateur, et a plaisanté que « trois Denise Filiatrault » sommeillaient en lui. Il a souhaité à son camarade de pouvoir désormais profiter des spectacles dont sa « vie monastique des 15 dernières années » l’a privé. En imitations, Pierre Verville a apporté la touche de faux Michael Applebaum, Régis Labeaume, Michel Tremblay, Jacques Villeneuve et Pierre Légaré. Yves Jacques et Guylaine Tremblay ont lu des courriels d’auditeurs, et Jean-René Dufort a spéculé à voix haute sur les potentielles activités futures du morning man.

« Jurez-moi que vous ne quittez pas pour vous joindre à l’équipe de Denis Coderre, pour devenir chef d’Option nationale, pour vous lancer dans la course à la mairie par intérim ou pour devenir juge à La voix », a badiné l’Infoman.

D’autres témoignages avaient été préenregistrés, dont celui de Geoff Molson, qui a souligné qu’il aimerait bien compter sur une recrue de la trempe de « RHR » au sein de son club l’an prochain. À quelques reprises, on a fait jouer des extraits d’une chanson des Trois Accords expressément composée pour René Homier-Roy. En fin de piste, le principal intéressé a sobrement salué son public et les gens autour de lui.

« Je suis désolé de ne pas avoir éclaté en larmes et de ne pas m’être liquéfié, a-t-il blagué. Je vous dis adieu… et à bientôt! »

« C’est énormément d’émotion, a-t-il ensuite précisé, quelques minutes après avoir éteint son micro, alors que ses invités et les membres de son équipe se bousculaient presque pour le féliciter et lui faire l’accolade. C’est juste que je ne suis pas du genre braillard. Je craignais un peu ce moment. Moi, j’aurais préféré faire une émission normale, dire adieu aux gens, mais ce n’était pas la façon de penser de Nadia, la réalisatrice. Et elle avait raison. Pourquoi se priver d’un joli départ et faire quelque chose d’ordinaire, de quotidien ? C’a été d’une extrême sensibilité, et cette dernière semaine en a été une de plaisir constant. »

Le temps de vivre

Tous ces bons mots n’auraient toutefois pu convaincre René Homier-Roy de faire marche arrière et de revenir sur sa décision d’abandonner son exigeant rythme matinal. En ondes, l’homme de 73 ans a lancé qu’il s’était assis pour la première fois dans le fauteuil principal de C’est bien meilleur le matin à 58 ans, « l’âge où d’autres prennent leur retraite. » Il a complété sa pensée en entrevue.

« Je ne rajeunis pas. D’ailleurs, j’ai bien haï de voir mon âge apparaître partout lorsque j’ai annoncé mon départ. Mais je me suis rendu compte qu’il fallait vivre, et que je vivais un peu par procuration. J’avais une vie sociale formidable… entre 5h et 9h30 le matin. Là, j’ai vraiment envie de faire autre chose. Plusieurs n’auraient pas toffé la run. 15 ans, c’est beaucoup! »

« J’aurais pu continuer mais, en ce moment, ça va bien, et c’est le temps de passer à une autre étape. C’était dur de décider ça, mais il fallait le faire. Maintenant, je dois apprivoiser ma nouvelle vie », a poursuivi celui qui vient de s’acheter un ponton et qui compte bien passer l’été sur l’eau.

Et qu’espère-t-il avoir légué aux générations présentes et futures qui évoluent dans la grande tour de la société d’état ?

« De façon assez prétentieuse, j’aimerais qu’on se souvienne de moi pour avoir changé certaines choses. Quand je suis arrivé à Radio-Canada, j’avais l’impression que c’était un peu coincé, et ce l’était sans doute. Ce n’était pas vraiment mon genre. J’ai pris cette liberté de dire des gros mots, de dire des mots en anglais, d’être naturel. Et si les plus jeunes ont pu être marqués par ça, je trouve que c’est formidable. »

À Marie-France Bazzo, qui lui succédera à l’automne à la barre d’une nouvelle émission titrée C’est pas trop tôt, René Homier-Roy souhaite bonne chance, même si, en est-il certain, « elle n’en aura pas besoin tant que ça. »

« Elle a un talent tellement évident, a-t-il insisté. Et je suis très content, parce que c’est Marie-France qui m’a ouvert les portes de la radio de Radio-Canada. À l’époque, je ne faisais que de la télévision. Je l’avais remerciée et lui avait dit que je lui en devais une. Je suis donc très content de pouvoir le lui rendre et de lui permettre de revenir, dans une job pas pire, quand même!»

À l’automne, René Homier-Roy prendra les commandes de deux nouveaux rendez-vous à l’antenne de la Première Chaîne. Le premier, consacré à la littérature, s’intitulera La bibliothèque de René et sera diffusé le vendredi. On en sait toutefois moins sur le second, si ce n’est du fait qu’il durera deux heures, qu’on y causera culture « de façon différente » avec deux chroniqueurs, qu’il sera « ouvert sur le monde » et qu’on pourra l’entendre le samedi. D’ici là, René Homier-Roy animera Viens voir les musiciens, le dimanche, à 13h, pendant tout l’été.

INOLTRE SU HUFFPOST

Dernière émission de «C'est bien meilleur le matin»

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.