Barack Obama a rendez-vous avec l'histoire, ce mercredi 19 juin à Berlin. Cinquante ans presque jour pour jour après le "Ich bin ein Berliner" de Kennedy, et 26 après que Ronald Reagan a lancé son "M. Gorbatchev, abattez ce Mur", Barack Obama a à son tour délivré un discours pour tourner la page de la Guerre Froide.
Le "Ich bin ein Berliner" (je suis un Berlinois) lancé par Kennedy reste un évènement majeur dans l'imaginaire collectif des Allemands qui n'ont pas oublié ce geste de solidarité à l'égard de la ville déchirée par la guerre froide.
Barack Obama, accompagné à Berlin de sa femme Michelle, devait tenir un discours sur les "liens durables" entre les deux pays, depuis la Porte de Brandebourg, symbole de l'unité allemande retrouvée, qui se dressait en Allemagne de l'est communiste lorsque la ville était divisée.
Le président américain a évoqué, lors d'une conférence de presse avec la chancelière allemande Angela Merkel, les tensions entre Kaboul et Washington. En cause: l'annonce de négociations directes entre Washington et les rebelles talibans. Une annonce critiquée par le gouvernement Afghan qui a suspendu ses négociations d'accord bilatéral de sécurité.
"L'ami perdu", titrait cette semaine l'influent hebdomadaire Der Spiegel. Avec en Une, un montage photo présentant Obama dans l'ombre de Kennedy, le journal s'inquiétait d'un appauvrissement des liens.
Pour le magazine, "la visite de Kennedy à Berlin, c'était la célébration quasi extatique d'une alliance protectrice" entre les USA et l'Allemagne tandis que le voyage de son successeur, "non moins charismatique", s'apparente plus à "une simple réunion de famille", quelque 70 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale et plus de 20 ans après la chute du communisme européen.
"Chaque fois qu'un président parle à Berlin, notre histoire d'après-guerre est en toile de fond, a indiqué le conseiller adjoint de Barack Obama pour la sécurité nationale, Ben Rhodes. (...) C'est ici que les présidents sont venus pour parler du rôle du monde libre (...) Son message essentiel sera que pour faire face au défis d'aujourd'hui il faut le même niveau d'engagement citoyen et le même militantisme que ce que prônait Kennedy."
Dans l'ombre de Kennedy, Obama demeure toutefois extrêmement populaire en Allemagne où il avait été accueilli comme une rock star par 200 000 personnes il y a cinq ans, alors qu'il était simple candidat. Un contraste saisissant quand on se souvient qu'au début des années 2000, des graffitis "Du bist kein Berliner" ("Vous n'êtes pas un Berlinois") étaient adressés à Georges W. Bush dans les rues de Berlin.
Dans un sondage publié par l'hebdomadaire Die Zeit, Obama est considéré par 42% des Allemands comme un meilleur dirigeant politique qu'Angela Merkel. Malgré sa très forte popularité, la chancelière n'est jugée la meilleure dirigeante des deux que par 34% des personnes interrogées.
Regardez le discours du candidat Barack Obama en 2008 :
Il va plaider pour un désarmement nucléaire massif
Ne cédant pas tout à fait à la nostalgie, le président américain devrait profiter de son discours porte de Brandebourg pour plaider pour un désarmement nucléaire massif. Il devrait en effet proposer de ramener à 1000 têtes les arsenaux nucléaires des Etats-Unis et de la Russie, et suggérer également une réduction des arsenaux nucléaires tactiques en Europe.
Le Président Obama cherche à faire de la lutte pour le désarmement nucléaire un axe fort de son bilan politique, déjà crédité d'un nouveau traité Start de réduction des armements négocié avec Moscou lors de son premier mandat. Le contexte semble peu propice pour obtenir un tel geste de la part de la Russie, après l'ambiance glaciale qui a régné entre Obama et le président russe Vladimir Poutine lors du G8 lundi et mardi en Irlande du nord.
Explications sur l'espionnage du net
En milieu de journée, le président Obama s'entretiendra en tête-à-tête avec la chancelière Angela Merkel. Malgré leurs bonnes relations, empreintes de respect, la chancelière allemande a déjà fait savoir qu'elle réclamerait des détails sur les programmes d'espionnage du net menés par le gouvernement américain.
La question est particulièrement sensible dans un pays où une partie de la population était constamment espionnée par la police politique de l'ex-RDA communiste, la Stasi. "Je vais réclamer plus de transparence", a averti lundi 17 juin Angela Merkel. Cette dernière a grandi en ex-RDA, tout comme le Président de la république, Joachim Gauck, qui recevra Barack Obama en début de matinée. Mais il n'est pas certain que les explications de Barack Obama satisfassent les Allemands, tant elles ont été floues jusqu'à présent.
Barack Obama regagnera Washington mercredi soir, après un dîner de gala donné par Angela Merkel et son mari Joachim Sauer.
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