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La communauté internationale condamne la police turque, les violences continuent

Quatrième jour de violences en Turquie
AFP

Alors que les affrontements se poursuivaient lundi à Istanbul, les États-Unis et les pays européens ont condamné l'usage excessif de la force par la police turque.

« Nous sommes préoccupés par les informations sur un usage excessif de la force par la police, a déclaré le secrétaire d'État américain, John Kerry. Nous espérons évidemment qu'il y aura une enquête approfondie sur ces incidents et nous appelons la police à faire preuve de modération. »

M. Kerry a réaffirmé l'attachement des États-Unis aux libertés d'expression et de rassemblement.

L'Allemagne dit suivre avec inquiétude la situation et a également prôné lundi le dialogue et l'apaisement.

La chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a pour sa part exprimé dimanche sa « vive inquiétude au sujet de la violence qui a éclaté à Istanbul et dans d'autres villes de Turquie » et a « regretté l'usage disproportionné de la force par la police turque ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a aussi appelé dimanche les autorités à faire preuve de retenue face aux manifestants et à analyser les causes de la contestation.

Une quatrième journée de violences

Une personne a perdu la vie, lundi, au quatrième jour des manifestations antigouvernementales en Turquie, où les divergences entre le président et le premier ministre sur la façon de gérer la crise sont apparues au grand jour.

Les violentes manifestations en Turquie ont commencé vendredi, quand la police a lancé un raid contre un «sit-in» pacifique visant à dénoncer l'abattage d'arbres sur la place Taksim, la plus importante d'Istanbul. Depuis, les manifestations se sont transformées en l'un des plus importants mouvements antigouvernementaux en Turquie depuis des années.

Les manifestations sont considérées comme une démonstration de colère contre le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, que certains Turcs accusent d'être de plus en plus autoritaire. Plusieurs estiment qu'il tente d'imposer sa vision religieuse conservatrice aux Turcs laïques.

Le premier ministre rejette ces accusations, affirmant qu'il respecte toutes les franges de la société turque et qu'il ne veut pas contrôler ceux qui ont un style de vie différent.

Sur le terrain, des manifestants ont affronté la police lundi, mais la plupart ont manifesté pacifiquement, avec des slogans réclamant la démission du premier ministre. Des citoyens ont également tapé sur des casseroles à partir de leurs fenêtres et de leurs balcons.

Un groupe de médecins turcs a déclaré qu'un manifestant avait perdu la vie après avoir été heurté par un véhicule qui a foncé dans la foule à Istanbul.

Des actes de violence isolés ont été signalés près des bureaux du premier ministre à Istanbul et à Ankara. L'agence de presse Dogan a déclaré que la police avait tiré des gaz lacrymogènes contre un groupe de manifestants près des bureaux de M. Erdogan à Istanbul, et que ceux-ci avaient répliqué en lançant des pierres.

D'après l'agence de presse, jusqu'à 500 personnes ont été arrêtées à Ankara, la capitale, dans la nuit de dimanche à lundi. La télévision turque Fox a rapporté que 300 autres personnes avaient été arrêtées lors d'une rafle de la police à Izmir, la troisième ville de Turquie.

Les vidéos et les images d'abus policiers ont proliféré sur les réseaux sociaux durant le week-end. La Fondation des droits de la personne de Turquie a déclaré que plus de 1000 manifestants avaient été soumis à de «mauvais traitements» et des actes de «torture» entre les mains des forces de l'ordre.

M. Erdogan, au pouvoir depuis 2003 après avoir remporté trois élections par une importante majorité, a enflammé les tensions en qualifiant les manifestants de «pilleurs» et de «minorité» tentant d'imposer ses demandes à la majorité.

Le président du pays, Abdullah Gul, a quant à lui adopté un ton plus conciliant, célébrant les manifestations pacifiques en tant que droit démocratique.

Les deux hommes pourraient être en concurrence lors de la prochaine élection présidentielle en Turquie, l'an prochain.

Lundi, le premier ministre a de nouveau minimisé l'importance des manifestations en affirmant qu'elles étaient organisées par l'opposition et des groupes extrémistes. Il a rejeté avec colère toute comparaison avec les soulèvements du Printemps arabe.

«Nous avons déjà un printemps en Turquie», a-t-il affirmé, en référence aux élections libres du pays. «Mais il y a ceux qui veulent transformer ce printemps en hiver. Restez calmes, ça passera», a-t-il dit.

Sur la défensive, il s'en est pris aux journalistes qui lui ont demandé si son gouvernement comprenait le message des manifestants. «Quel est le message? Je veux vous l'entendre dire», a répliqué le premier ministre. «Que pourrait être un ton apaisé? Pouvez-vous me le dire?»

M. Erdogan a fait cette déclaration avant de quitter la Turquie pour un voyage de quatre jours au Maroc, en Algérie et en Tunisie.

Le président Abdullah Gul a quant à lui affirmé que la démocratie ne se résumait pas seulement aux élections.

«Quand nous parlons de démocratie, la volonté du peuple est évidemment au-dessus de tout», a-t-il déclaré. «Mais la démocratie ne signifie pas seulement d'organiser des élections. Il y a toutes sortes de manières d'exprimer différents points de vue (...) entre les élections.»

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