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«Vintage»: Gregory Charles se fait plaisir avec son nouveau spectacle (CRITIQUE, VIDÉO)

«Vintage»: Gregory Charles se fait plaisir

On en a beaucoup parlé, on peut maintenant vivre l’expérience. Gregory Charles, le plus hyperactif des music man, a ouvert pour la première fois les portes de son Théâtre Vintage au public dans les derniers jours, à l’occasion du début des représentations de son nouveau spectacle. L’artiste verbomoteur nous avait promis un périple à travers les époques, un concept interactif où chacun aurait son mot à dire sur le choix des chansons, et une salle nouveau genre conçue expressément pour ce projet, où l’alcool rare coulerait à flots et où toutes les joies - ou presque - seraient permises. Il peut dire «mission accomplie».

Spécifions un point d’emblée: Gregory Charles ne leurrera personne s’il affirme ne pas se faire plaisir à lui-même d’abord avec Vintage. L’homme-orchestre a mentionné à plusieurs reprises réaliser le rêve de sa vie avec cette aventure professionnelle, et il a mis toute la gomme pour y prendre son pied et s’éclater à fond, dans un univers qu’il maîtrise à la perfection. Ainsi, sa prestation fait la part belle à ses périodes et ses artistes favoris, et quelques anecdotes personnelles ponctuent ses performances. Il prend aussi plaisir à glisser ici et là des informations parfois très pointues sur les titres qu’il interprète. Mais les spectateurs embarquent à pieds joints dans sa belle folie et ne font pas prier pour chanter et danser avec entrain avec leur hôte. Il le faut, avec une telle proposition de plus de deux heures (la durée varie en fait selon l’inspiration du moment de Gregory qui, on le sait, peut être sans limites) et sans entracte.

Jeudi, la foule était déjà bien réchauffée lorsque le visage de la vedette est apparu sur les deux grands écrans au-dessus de la scène, alors que régnait une totale obscurité. Elle s’est enflammée davantage lorsque les projecteurs se sont braqués sur Greg qui jouait du piano à l’arrière de la salle, dans l’espace VIP. Vêtu d’un veston blanc on ne peut plus vintage, le crooner d’un jour a descendu les immenses escaliers des gradins en chantant, escorté par un petit ensemble gospel de six personnes, pour aller rejoindre ses musiciens à l’avant. L’ambiance était déjà à la fête, et l’excitation générale se faisait ressentir dans le plancher temporaire qui en tremblait.

Gregory a ensuite tracé à voix haute la trame de ce voyage dans le temps, comparant celui-ci à une «énorme commission Charbonneau de la musique», en ce sens que chacun pourrait y «témoigner», avec des requêtes lancées à l’avance, mais aussi en temps réel à partir de nos téléphones intelligents. Une matrice web spécialement créée, assortie d’une application s’apparentant à Twitter, permet en effet d’envoyer nos commentaires que l’artiste peut voir sur les moniteurs intégrés à son piano (une petite révolution « 5.0 »). Les plus amusants sont lus à voix haute et projetés sur les écrans à l’avant-scène. Une belle fantaisie, qui ajoute à l’aspect rassembleur de Vintage.

Des Beatles à Passe-Partout

Premier clin d’œil intéressant de ce jeudi soir, Gregory Charles a retracé quelques morceaux qui ont trôné au sommet des palmarès le 30 mai au fil des ans. Le numéro valait le coup, ne serait-ce que pour entendre le quadragénaire s’époumoner sur du Adele (Rolling In The Deep, en 2011). A suivi un segment consacré aux Beatles (Let It Be ayant remporté la palme de l’album des Fab Four le plus populaire), puis un autre dédié aux groupes-cultes des années 1970 (Queen en tête, mais aussi… le Big Bazard!). L’encyclopédie vivante a ensuite opposé en duel deux grands pianos man de notre histoire, Elton John et Ray Charles, avant de fredonner… l’indicatif-thème de Passe-Partout! C’est dire à quel point on ratisse large. À mi-parcours, un instant-hommage à ses parents sur les mesures de Stay With Me a donné lieu à beaucoup d’émotions, alors que des photos du passé de Gregory défilaient devant nous.

La dernière ligne droite de la soirée s’est entamée avec la portion des demandes spéciales, un incontournable dans le monde de Gregory Charles. Le spectre des mélodies réclamées s’est avéré plutôt populaire, s’étendant de Village People (YMCA, qui a évidemment fait lever le parterre d’un bond, les bras en l’air) à Styx (Suite Madame Blue), de Phil Collins (In The Air Tonight) à Madonna (Like A Virgin), de Bob Dylan (Blowin’ In The Wind) à Johnny Hallyday (Que je t’aime) et Mike Brant (Laisse-moi t’aimer). Claude Lapointe, de Saint-Jean-sur-Richelieu, ne s’est pas laissé décontenancer lorsqu’on lui a crié de se lever et de faire valser sa douce sur les notes d’A Whiter Shade Of Pale, de Procol Harum, qu’il avait inscrite sur son bout de papier. Mention spéciale à Sabrina Côté, de Montréal, qui a exigé de Gregory une version sifflée et agrémentée d’accents de beat box de La Bohème, de Charles Aznavour. D’abord pris de court, notre homme s’est peu à peu laissé aller et l’air mythique s’est finalement terminé dans une tirade hip-hop, pas de danse à l’appui. Son élan d’improvisation lui a valu une chaleureuse ovation. L’enthousiasme contagieux du chanteur et musicien a ainsi continué de se déployer jusqu’à la fin du spectacle, n’inscrivant que des sourires et des expressions de bonheur et d’étonnement sur le visage des gens.

Vintage est présenté au Vieux-Port de Montréal jusqu’au 14 juillet. Quelques billets sont encore disponibles en quantité limitée au www.vintageexperience.com, ou au (514) 316-1950.

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