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L'intégrisme religieux bientôt «guéri» par la science?

L'intégrisme religieux bientôt «guéri» par la science?
The mind as a powerful tool
Getty Images
The mind as a powerful tool

D'après les suppositions d'une neuroscientifique, le fondamentalisme religieux et la maltraitance envers les enfants pourraient un jour être traités comme on traite aujourd'hui une maladie mentale. Kathleen Taylor, chercheuse scientifique au Département de physiologie, anatomie et génétique de l'université d'Oxford a ainsi déclaré que des fortes convictions négatives pourraient être éradiquées grâce à des techniques déjà utilisées.

D'après le journal The Times, le Dr Taylor faisait une conférence au Hay Literary Festival en Ecosse quand on lui a demandé si elle prévoyait des développements positifs en neurosciences dans les années à venir.

Elle a répondu : " Le côté positif d'un homme peut être le côté négatif d'un autre. L'une des surprises possibles du futur serait de considérer des personnes avec certaines croyances comme des personnes pouvant être traitées.

Prenons par exemple le cas de quelqu'un qui se serait radicalisé autour d'une idéologie religieuse : nous allons peut-être cesser de considérer cela comme un choix personnel pris en toute liberté, et au contraire, commencer à le traiter comme un trouble mental.

Ce serait positif pour de nombreuses raisons, notamment parce que de telles convictions dans notre société font bien des ravages. Et là, je ne parle pas que d'islamistes radicaux ou d'autres extrémistes religieux. Je fais aussi référence par exemple à l'idée que battre les enfants est normal. Ces croyances font beaucoup de mal mais ne sont habituellement pas considérées comme des maladies mentales."

Lors d'un précédent blog pour le Huffington Post, le Dr Taylor avait évoqué les avancées "stupéfiantes" faites en neurosciences, et la façon dont elles donnaient de l'espoir pour des maladies particulièrement graves dont Alzheimer et Parkinson.

Mais elle reconnaît que tout ce qui dépasse le cadre strictement clinique pose problème.

En septembre dernier, un mois avant la sortie de son livre The Brain Supremacy, elle écrivait : "L'éthique mise au point par les médecins à travers les siècles pour gérer la souffrance humaine n'est pas la même que celle conçue par les scientifiques essayant de comprendre la façon dont fonctionne le monde.

Elle n'a rien à voir non plus avec l'éthique à l'oeuvre dans le monde des entreprises, toujours enclines à tirer profit des nouvelles technologies. (...) des techniques inventées pour guérir peuvent aussi être utilisées à d'autres fins, et le fait de pouvoir extraire des données de cerveaux bien vivants est un Graal pour bien d'autres personnes que les neuroscientifiques et les médecins."

Elle ajoute : "Les systèmes humains évoluent en interaction avec les autres et de façon difficile à prévoir. Ce qu'un volontaire dit et fait dans un laboratoire de recherche pourra toujours être altéré par son environnement ou la façon dont est posée une question, mais aussi par l'identité et le comportement de ceux qui pratiquent l'expérience. Les technologies qui scannent ou manipulent directement le cerveau ne sont pas des outils neutres, ouverts à des exploitations commerciales comme n'importe quel nouveau gadget."

Le lien entre extrémisme religieux et santé mentale avait déjà été fait auparavant par l'ancien président du Royal College of Psychiatrists, le Dr Dinesh Bhugra, qui avait mis en lumière l'association entre de récentes conversions religieuses et une maladie mentale psychotique en développement.

Dans un article intitulé ‘Self-concept: Psychosis and attraction of new religious movements, il fait référence aux résultats d'études indiquant que des patients connaissant un premier épisode de psychose auront tendance à changer de religion.

L'introduction du livre du Dr Taylor est encore plus circonspecte : "On doit se montrer prudent lorsqu'il est question de concevoir des technologies pouvant pénétrer le cerveau et manipuler la pensée. Ces outils façonnant le monde ne peuvent pas être moralement neutres : quand il s'agit de l'être humain, on ne peut se passer de la question éthique.

Les technologies qui changent profondément notre relation au monde ne peuvent pas être de simples outils, utilisés pour faire le bien ou le mal, surtout s'ils altèrent notre perception de ce que signifie le bien et le mal."

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