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Lettres partisanes sur le site de l'ACDI: le cabinet de Fantino savait

Lettres partisanes sur le site de l'ACDI: le cabinet de Fantino savait
CP

OTTAWA - Le cabinet du ministre du Développement international, Julian Fantino, a toujours affirmé qu'il n'avait rien à voir avec la publication de deux lettres partisanes sur un site gouvernemental, mais de nouveaux documents tendent à contredire cette version des faits.

Le 12 janvier dernier, des textes d'opinion écrits de la main de Julian Fantino sont apparus sur le site de l'Agence canadienne de développement international (ACDI). Deux d'entre elles constituaient des charges politiques, avec les titres «Cher NPD: l'ACDI n'a pas besoin de vos conseils économiques» et «Les libéraux font des promesses, les conservateurs obtiennent des résultats».

Lorsque les médias et l'opposition ont questionné le bien-fondé d'afficher du contenu partisan sur un site internet du gouvernement, les lettres ont été retirées.

La porte-parole de Julian Fantino avait à l'époque blâmé des fonctionnaires, laissant entendre qu'ils avaient publié les lettres partisanes par erreur après qu'on leur eut demandé de mettre en ligne quelques-uns de ses textes d'opinion. Encore cette semaine, c'était la version officielle.

«On a demandé à l'ACDI d'ajouter du contenu approprié», peut-ont lire dans un courriel écrit par la porte-parole du ministre, Meagan Murdoch. «Deux éléments ont été mis en ligne par erreur par des fonctionnaires. On a demandé à l'ACDI de les retirer immédiatement, ce qu'ils ont fait.»

Mais des courriels obtenus par La Presse Canadienne, en vertu de la Loi d'accès à l'information, montrent que Jo-Ann Purcell, une employée de l'ACDI qui travaille au cabinet du ministre, était au courant des lettres sur internet. Mme Purcell agissait comme principal agent de liaison entre le cabinet du ministre et l'agence gouvernementale.

«Pouvez-vous me laisser savoir dans quel format et section du site de l'ACDI ce contenu sera publié? Si possible, pouvez-vous me faire parvenir une maquette avant de mettre en ligne?», a demandé Mme Purcell dans un courriel daté du 3 janvier et titré «Révisions ministérielles».

Une partie de ce courriel a été caviardée, en vertu de la Loi d'accès à l'information, parce qu'il contenait apparemment des conseils, des recommandations, des consultations ou des délibérations avec des fonctionnaires ou le ministre. Un autre courriel qui a suivi le premier a aussi été censuré pour les mêmes raisons.

Dans les courriels, des fonctionnaires avisaient Mme Purcell que neuf articles devraient passer par un processus de traduction. Ils ont ensuite demandé au cabinet du ministre s'il avait une préférence pour l'ordre dans lequel les textes devaient être mis en ligne.

Le jour où les textes ont été publiés, le 12 janvier, Mme Purcell a écrit au président de l'ACDI, et à d'autres hauts fonctionnaires, pour leur dire que «tout» le matériel était disponible sur le site. «Le cabinet du ministre est au courant», a-t-elle précisé, en ajoutant à son courriel les liens vers les pages internet en question.

La Presse Canadienne a envoyé une série de questions à l'ACDI cette semaine, afin de savoir si les fonctionnaires étaient vraiment à blâmer pour la publication en ligne des lettres partisanes, comme le soutient le cabinet de M. Fantino. L'agence n'a pas répondu directement à la question.

«Les deux lettres se sont retrouvées sur notre site par erreur», a simplement répondu l'ACDI. «Elles ont été retirées dès que l'erreur a été constatée. L'intention était de publier des lettres non partisanes pour informer les Canadiens.»

Trois jours après que les lettres aient été mises en ligne, en janvier, lorsque les médias ont commencé à questionner l'ACDI, Mme Purcell a demandé à des fonctionnaires confus de retirer ce contenu du site.

Des responsables au secrétariat du Conseil du Trésor, qui supervise les règles concernant les communications gouvernementales, se sont dès lors impliqués dans le dossier.

Le Bureau du Conseil privé (BCP), le «ministère du premier ministre», a participé à déterminer la réponse à donner aux médias. Il semble que le BCP avait quelques préoccupations et souhaitait savoir à quel point le cabinet du ministre Fantino était au courant.

«Nous avons aussi besoin du courriel qui a été envoyé par le cabinet du ministre les avisant de la mise en ligne de samedi», écrit un employé du BCP.

En réponse à cette requête, une copie du courriel rédigé par Jo-Ann Purcell, le 3 janvier, a été envoyé au BCP.

Le député libéral John McKay, qui était l'objet de critiques dans l'une des lettres écrites par le ministre Fantino, avait écrit au greffier du BCP, Wayne Wouters, pour se plaindre de l'affaire.

M. Wouters a mis quatre mois à répondre à la requête du député libéral, pour lui dire finalement que la lettre «avait été incluse par erreur» sur le site internet, en se privant de blâmer les fonctionnaires.

Le député McKay croit que le personnel politique du ministre a rédigé les lettres et a demandé à la haute fonctionnaire de les mettre en ligne. «Quant à savoir si elle a fait des manières, on ne pourra jamais le dire; mais c'est certain qu'elle a fait ce qu'on lui a dit de faire», a-t-il soutenu mercredi.

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