Pour la première fois depuis en cinq décennies, le pourcentage de Canadiens pouvant soutenir une conversation dans les deux langues officielles a légèrement décliné, passant de 17,7% en 2001 à 17,5% en 2011.
L'explication mathématique se trouve derrière l'augmentation de la population totale, qui a été plus rapide (12 %) que la population bilingue (6 %) au Canada, une première en 50 ans.
Le nombre de Canadiens bilingues est ainsi passé de 5,2 millions à 5,8 millions, alors que la population totale a augmenté de près de 3,5 millions de Canadiens en 10 ans.
Le Québec a toutefois vu le nombre de ses résidents pouvant tenir une conversation en anglais ou en français croître depuis 2001, passant de 40,8% à 42,6%. En termes absolus, ces chiffres signifient que 400 000 Québécois de plus étaient bilingues en 2011. En 2001, 2,9 millions disaient parler anglais et français, comparativement à 3,3 millions de personnes en 2011.
Cette enquête confirme encore la concentration des personnes bilingues (86 %) dans ce que Statistiques Canada surnomme « la ceinture bilingue », c'est-à-dire ces provinces où les contacts entre anglophones et francophones sont les plus fréquents, soit le Québec, le Nouveau-Brunswick et l'Ontario.
Le Nouveau-Brunswick est d'ailleurs la seule province, avec le Québec, a avoir un taux de bilinguisme supérieur à la moyenne nationale, se situant à 33 %.
Deux façons d'expliquer la stagnation
L'enquête met à l'avant deux phénomènes observés durant la dernière décennie pour expliquer la stagnation du bilinguisme au Canada.
Le premier est la diminution du niveau d'exposition des élèves à des programmes de langue seconde, qui est passé de 53 % à 44 %. Ainsi, malgré une augmentation des élèves inscrits en immersion de 28 %, une diminution de 24 % s'est observée chez les jeunes Canadiens suivant un cours de langue seconde.
De plus, le nombre de Canadiens dont la langue maternelle est l'anglais et qui sont âgés entre 15 à 19 ans a diminué de 3 % en 10 ans, pour se situer à 11 % en 2011.
Le deuxième phénomène est celui de l'immigration, qui a caractérisé la dernière décennie au Canada. Le faible taux de bilinguisme des immigrants à l'extérieur du Québec, qui est de 6 %, peut expliquer en partie cette stagnation.
Cependant, même si 80 % des immigrants qui arrivent au Canada ne parlent ni l'anglais ni le français, un immigrant sur deux vivant au Québec est bilingue, voire trilingue.