Le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, pense qu'on ne peut pas rouvrir la Consitution canadienne sans consulter les provinces.
Interrogé samedi sur le récent scandale qui a mené à la démission du chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, et à la décision du Nouveau Parti démocratique de lancer une campagne visant l'abolition du Sénat, le député de Papineau s'est montré moins catégorique sur l'avenir de la Chambre haute que l'opposition officielle aux Communes.
Selon lui, une bonne réforme est à faire, mais il estime qu'abolir le Sénat sans détour n'est pas nécessairement la chose à faire. Il croit également qu'on ne peut pas rouvrir la Consitution canadienne sans consulter les gouvernements provinciaux - une opinion qui tranche largement avec l'héritage de son père, l'ancien premier ministre Pierre-Elliot Trudeau, qui a négocié le rapatriement de la Constitution canadienne en 1982 sans l'accord du Québec.
« Pour abolir le Sénat, il va falloir rouvrir la Constitution, et ça, ça ne se fait pas sans consulter les provinces », a expliqué M. Trudeau, alors qu'il participait samedi à la Journée nationale des enfants disparus. « Et de voir la réaction des francophones hors Québec et surtout des Québécois, qui comprennent à un certain niveau que c'est le poids du Sénat qui assure... », a-t-il ajouté, sans toutefois terminer sa phrase.
Questionné sur l'utilisé du Sénat, M. Trudeau a défendu le travail de ses membres et l'importance de leurs travaux pour la démocratie canadienne.
« Le Sénat fait des recherches approfondies sur différents enjeux, il y a des gens extraordinaires, a-t-il soutenu. On pense à Roméo Dallaire [ex-commandant de la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda, nommé au Sénat par Paul Martin], qui utilise son rôle de parlementaire pour promouvoir la paix un peu partout dans le monde. »
« Il y a des gens extraordinaires, mais il y a aussi des abus, a-t-il reconnu. Un Sénat qui fonctionnerait bien, qui aurait la confiance de la Chambre des Communes et des Canadiens, servirait à beaucoup, mais maintenant, on est tellement rendu dans un moment de cynisme et de négativité que c'est vraiment difficile de voir les bienfaits du Sénat canadien. »
La crise du Sénat a été provoquée par des allégations selon lesquelles plusieurs sénateurs auraient touché des allocations de logement auxquels ils n'avaient pas droit. Elle a atteint son apogée la semaine dernière, lorsque le bras droit de Stephen Harper, Nigel Wright, a dû démissionner après avoir versé 90 000 $ au sénateur conservateur Mike Duffy pour aider celui-ci à rembourser ses dépenses de logement.
La Gendarmerie royale du Canada a ouvert une enquête, de même que la commissaire fédérale à l'éthique, Mary Dawson.
Jeudi, Stephen Harper a admis qu'il aurait « peut-être » dû accepter la démission de son chef de cabinet Nigel Wright plus tôt, ajoutant qu'il avait néanmoins pris la bonne décision.
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