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Congédié pour avoir dit au maire de Toronto «d'aller chercher de l'aide»

Congédié pour avoir dit au maire de Toronto «d'aller chercher de l'aide»
TORONTO, ON - MAY 21: Mayor Rob Ford talks to his chief of staff Mark Towhey in the council chamber for a special council meeting on the Casino debate in Toronto. (Steve Russell/Toronto Star via Getty Images)
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TORONTO, ON - MAY 21: Mayor Rob Ford talks to his chief of staff Mark Towhey in the council chamber for a special council meeting on the Casino debate in Toronto. (Steve Russell/Toronto Star via Getty Images)

Le maire adjoint de Toronto, Doug Holyday, a confirmé, vendredi matin, que le comité exécutif publierait, plus tard dans la journée, un communiqué pressant Rob Ford à s'expliquer sur les allégations soulevées par une vidéo qui montre un homme lui ressemblant en train de fumer ce qui semble être du crack. La lettre, signée par les membres d'un comité pourtant formé d'alliés du maire, vise aussi à assurer le public que la Ville continue à fonctionner, malgré la crise qui fait rage à l'hôtel de ville.

Deux journalistes du Toronto Star et le responsable du site américain Gawker ont affirmé, la semaine dernière, avoir vu la vidéo que Radio-Canada n'a pas vue et ne peut authentifier. Jusqu'à maintenant, le maire s'est contenté de dire que les allégations étaient « ridicules » et qu'il s'agissait d'une « autre attaque du Star contre lui ».

Le maire adjoint a réitéré, vendredi, que M. Ford devait « s'expliquer aux médias », ajoutant qu'il lui parlerait à nouveau plus tard dans la journée. Il a admis, toutefois, que rien ne pouvait le contraindre à mettre fin à son silence et que « légalement » il pouvait rester à la tête de la Ville. Malgré tout, M. Holyday a refusé de parler d'une « crise ».

Les membres du comité exécutif, qui est présidé par le maire, sont habituellement ses loyaux alliés, puisque c'est lui qui les choisit.

De son côté, le conseiller Peter Milczyn, un autre membre du comité, a refusé de dire s'il croyait toujours le maire Ford, qui a qualifié les allégations contre lui de « ridicules ». « Je pense que le maire doit dire quelque chose », s'est-il contenté de répéter.

Le maire joue-t-il à l'autruche?

M. Ford a congédié son chef du personnel et conseiller stratégique Mark Towhey, jeudi, au septième jour du scandale. Selon CBC, plus tôt cette semaine, le maire Ford et ses plus proches conseillers s'étaient réunis d'urgence afin de discuter de la controverse. Trois options auraient été soumises au principal intéressé, selon la source citée par CBC, qui n'a cependant pas précisé la nature de ces options.

Lorsqu'il est devenu clair que la réunion « n'allait nulle part », M. Towhey aurait demandé aux autres conseillers de quitter la salle et aurait dit au maire pour la troisième fois : « Vous avez un problème. Allez-vous-en et réglez-le. » Cette recommandation n'aurait pas été prise au sérieux par M. Ford.

Au retour des autres conseillers dans la salle, M. Towhey aurait expliqué que le maire avait opté pour la quatrième option, soit de ne rien faire.

La discussion entre les deux hommes aurait par la suite dégénéré et aurait conduit à la décision du maire Ford, prise mercredi soir, mais annoncée jeudi après-midi, de congédier M. Towhey, qui l'avait pourtant aidé durant la campagne électorale en 2010 à s'emparer du siège de maire, défiant les prévisions des analystes.

Le bureau du maire a refusé de commenter le dossier jeudi, tout comme le maire adjoint, vendredi.

M. Towhey a été remplacé jusqu'à nouvel ordre par son ancien bras droit, Earl Provost.

Un départ théâtral

Pourchassé par des journalistes dans le stationnement de l'hôtel de ville, jeudi, celui qui semblait être jusqu'ici le conseiller principal du maire, en plus de son frère et conseiller municipal Doug Ford, a admis que son congédiement n'était pas une surprise pour lui, sans vouloir en dire plus. Il a été informé de la décision, selon ses dires, lors d'une rencontre avec le maire, plus tôt jeudi.

Son renvoi survient alors que les alliés du maire au conseil municipal, Conrad Black, le maire d'Ottawa, la première ministre de l'Ontario et même le Toronto Sun, un allié traditionnel de Rob Ford, lui demandent de mettre fin à son silence, relativement à la vidéo.

Mais pour la conseillère municipale Jaye Robinson, qui fait partie du comité exécutif du maire, le renvoi de M. Towhey est une question « liée au football ».

Le Conseil scolaire catholique de Toronto a confirmé, mercredi, qu'il avait relevé Rob Ford de ses fonctions d'entraîneur bénévole de l'équipe de football de l'une de ses écoles secondaires. Ce sport est une passion pour le maire. Il s'est même absenté de réunions municipales pour être à la barre de l'équipe, ce qui lui a valu de nombreuses critiques.

De son côté, l'ex-attachée de presse du maire Adrienne Batra laisse entendre que Mark Towhey sert de « bouc émissaire » dans la crise qui fait rage à l'hôtel de ville, « comme Nigel Wright (qui a démissionné) à Ottawa ». Selon elle, il serait « bizarre » que son renvoi soit le résultat simplement d'une question de football.

Jusqu'à maintenant, le maire Ford s'est contenté de dire, vendredi dernier, que les allégations selon lesquelles il avait fumé du crack étaient « ridicules » et qu'il s'agissait d'une « autre attaque du Toronto Star », sans vouloir donner plus de détails.

Pour sa part, la police de Toronto « surveille la situation de près », selon un porte-parole.

Le crack est un dérivé fumable de la cocaïne, très concentré et se présentant sous la forme de cristaux toxiques.

Allégations passées

En mars dernier, le maire Ford avait nié catégoriquement souffrir d'alcoolisme, accusant le Toronto Star de véhiculer à nouveau « des mensonges, des mensonges » à son endroit.

Il avait accusé les journalistes du quotidien d'être des « menteurs pathologiques ». « Poursuivez-moi [en diffamation]! », avait aussi lancé le maire à leur endroit, visiblement en colère, à la suite d'un point de presse pour rendre hommage au boxeur George Chuvalo. M. Ford avait ajouté que les électeurs trancheraient lors des prochaines élections, en 2014.

Son frère et conseiller municipal, Doug Ford, avait affirmé sur les ondes d'une radio privée n'avoir « jamais vu Rob boire à un seul événement ».

Par ailleurs, en mars dernier, l'ancienne candidate à la mairie et critique de M. Ford Sarah Thomson avait affirmé que le maire lui avait agrippé les fesses, en plus de lui avoir fait des avances, lors d'une fête. Elle avait même soutenu que le maire semblait être drogué, racontant que son comportement n'était pas normal. Rob Ford avait rejeté ces allégations en bloc.

Le frère du maire, Doug Ford, avait accusé le Star de mener une vendetta politique contre le maire; il avait invité le quotidien à « nommer ses sources » si ses allégations étaient fondées.

Doug Ford avait rejeté, toutefois, l'idée de poursuivre le quotidien en diffamation, affirmant que « ce serait de jouer leur jeu » et précisant que sa famille avait déjà dépensé près d'un demi-million de dollars en frais d'avocat pour défendre en cour le maire contre des allégations non fondées.

Depuis son élection il y a deux ans, Rob Ford a fait face à des recours judiciaires relativement à ses dépenses électorales et à de présumés conflits d'intérêts. Dans ce dernier dossier, le maire a échappé de peu à la destitution en janvier, après qu'un tribunal eut annulé sa condamnation en appel.

Alors qu'il était conseiller municipal, M. Ford a dû s'excuser auprès d'un couple de résidents de l'extérieur de la ville qu'il avait insultés lors d'un match de hockey, alors qu'il était ivre. Le couple s'était plaint qu'il faisait trop de bruit. « Veux-tu que ta petite femme aille en Iran et se fasse violer et tuer? », avait lancé Rob Ford. Il avait d'abord nié les événements avant d'admettre ses torts.

Durant la dernière campagne électorale, M. Ford a par ailleurs nié avoir été arrêté pour conduite en état d'ébriété et possession de marijuana en Floride en 1999. Il avait ensuite concédé que l'histoire était véridique, affirmant qu'il l'avait « oubliée ».

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