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Sylvie Andrieux : la députée PS condamnée à trois ans de prison dont deux avec sursis

Une députée française condamnée à 3 ans de prison
AFP

La députée socialiste des Bouches-du-Rhône Sylvie Andrieux, poursuivie pour détournements de fonds publics, a été condamnée mercredi 22 mai à trois ans de prison dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel de Marseille.

L'élue a également été condamnée à 100.000 euros d'amende et à 5 ans d'inéligibilité. Le parquet avait requis deux ans de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité.

Confirmant les dires de ses avocats, Sylvie Andrieux a annoncé qu'elle faisait appel de sa condamnation, ce qui en suspend les effets:

"Je prends acte d'une décision injuste dont j'ai aussitôt fait appel. Je n'ai commis aucun des faits qui me sont reprochés et je vais consacrer toute mon énergie à en faire la démonstration devant la cour d'appel. Cette décision n'entame en rien mes convictions et le combat que j'ai toujours mené. Dans un souci de clarté, je ne m'impliquerai pas dans le débat électoral local jusqu'à ce que mon innocence ait été reconnue"

Elle répond ainsi à Harlem Désir, premier secrétaire du PS, qui lui avait demandé de se "mettre en congé du parti, le temps de la procédure en appel". Il avait menacé, en cas de refus, de la suspendre, " comme le prévoit la charte éthique adoptée au congrès du PS de Toulouse en cas de condamnation en première instance pour des faits aussi graves".

L'élue des quartiers nord, à l'encontre de laquelle le ministère public a également réclamé 50.000 euros d'amende, était accusé d'avoir détourné dans les années 2000, à des fins de clientélisme électoral, plus de 700.000 euros de subventions de la région Paca, dont elle fut vice-présidente de 1998 à 2009.

L'enquête avait été ouverte à la mi-2007 après le signalement à la justice, par la cellule Tracfin du ministère des Finances, de flux financiers suspects sur les comptes d'associations marseillaises censées œuvrer en faveur des quartiers difficiles et de la jeunesse. Elles se sont avérées au final des coquilles vides créées, selon l'accusation, pour rétribuer des personnes ayant aidé Sylvie Andrieux à s'implanter et à se faire élire, notamment dans le 14e arrondissement de la ville.

Un système bien rodé

L'argent qui a circulé a servi à assurer un train de vie confortable aux dirigeants de ces associations fictives. A l'audience avait été décrit un système bien rodé dont les bénéficiaires en venaient parfois aux menaces pour faire décaisser en liquide l'argent des subventions, le procureur Jean-Luc Blachon évoquant "un procès de voyous" dont le système de défense épousait celui de la parlementaire.

L'un des principaux prévenus, Boumédienne Benamar, soupçonné d'être au coeur du système, s'était défaussé à la barre sur l'ancien attaché parlementaire de la députée, Rolland Balalas, décrit comme son "seul patron". Un autre, tenancier d'un taxiphone dans le centre commercial d'une cité de Marseille, qui appelle la parlementaire par son prénom - "Sylvie fait partie du quartier", a-t-il expliqué au tribunal - avait aussi affirmé n'avoir agi qu'"à la demande de Balalas".

Des déclarations d'autant plus favorables à Sylvie Andrieux que son ex-bras droit, déclaré inapte à être entendu pour des problèmes de santé, ne devait initialement pas comparaître. Elle déclarait aussi que celui-ci "avait un rôle central" et "gérait tout".

Mais Rolland Balalas s'était finalement présenté lors de la deuxième semaine du procès, au grand regret des avocats de la députée. La présidente Christine Mée avait lu ses déclarations durant l'enquête, où il décrivait un système voué à faire en sorte que "la popularité de Sylvie Andrieux dans les quartiers augmente", et il avait le plus souvent acquiescé.

"Députée de terrain"

Fille d'un baron du defferrisme, cette femme de 51 ans aux tenues souvent chics et flashy - elles étaient plus sobres à l'audience - se présente comme une "députée de terrain" et revendique des origines alsaciennes par sa mère, pour "la droiture et la rigueur", des valeurs qu'elle a "chevillées au corps".

A la barre, celle à qui le président PS de la région Michel Vauzelle avait retiré sa vice-présidence parce qu'il n'avait "plus confiance" comme il l'a dit au tribunal, s'est défendue en multipliant les "jamais", criant au complot et niant avoir regardé le contenu des dossiers de subventions. Ses avocats avaient vilipendé un dossier "à l'odeur nauséabonde" et un "traquenard politique", plaidant la relaxe.

"J'en ai marre d'entendre des mensonges à la barre", avait lâché le procureur.

Avec celle des frères Guérini, l'affaire Andrieux est de celles qui gênent le PS dans le département. Alors que l'élue était mise en examen depuis deux ans, Solférino lui avait retiré son investiture à la veille des législatives de juin 2012, son renvoi en correctionnelle ayant fuité dans la presse. Cela ne l'avait pas empêchée de remporter un quatrième mandat de député, de justesse au second tour face au Front national.

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