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Le F-35 est en ville... enfin presque

Le F-35 est en ville... enfin presque
Nicolas Laffont

L'entreprise de défense américaine Lockheed Martin est à Montréal, et elle n'est pas venue les mains vides. Accompagnée du pilote d'essai Billie Flynn et de représentants de l'industrie canadienne, l'entreprise américaine a présenté son simulateur mobile de cockpit de F-35.

Une véritable opération marketing afin de séduire médias et opinion publique et ainsi démontrer que son avion est tout simplement le meilleur et le seul choix possible pour le Canada.

«Nous comprenons l'importance des avantages industriels pour les nations partenaires telles que le Canada. Déjà plus de 70 sociétés canadiennes ont décroché des contrats pour le développement et la production du F-35. Les avantages économiques pour le Canada ont débuté en 2001 et vont se poursuivre jusqu'en 2039», a déclaré Dave Scott, directeur de l'engagement des clients internationaux pour le F-35 chez Lockheed Martin.

S'il a beaucoup insisté sur la participation canadienne à la construction de l'appareil et des retombées pour le Canada, M. Scott oublie que les chiffres des retombées économiques au Canada sont eux-mêmes retombés au fil des ans et des déclarations.

Des documents du ministère de la Défense indiquent que les retombées prévues en 2009, s'élevaient à 16,6 milliards $, puis 15,4 milliards en 2010. Dans la même période, Industrie Canada estimait le montant des contrats à l'industrie canadienne à 12 milliards. Or, on parle désormais d'environ 9 milliards... sur les prochaines décennies, et ce, si les contrats sont renouvelés. Car les retombées effectives jusqu'à présent ne sont que de près de 500 millions $.

Lors de la présentation montréalaise, M. Scott a indiqué qu'en 2012, le programme du F-35 a fait 18% de vols d'essai de plus que ce qui était prévu, et qu'il en prévoit 1 153 cette année, soit plus de trois vols par jour.

De plus, si Lockheed prévoit livrer 36 F-35 cette année, elle indique également qu'elle prévoit d'en livrer un peu plus de 50 en 2014 et jusqu'à presque 200 en 2018. Avec l'augmentation de la production, l'entreprise de défense américaine s'attend à ce que les coûts diminuent en flèche pour atteindre environ 75 à 85 millions $ par appareil.

En entrevue avec Le Huffington Post Québec, le pilote d'essai Billie Flynn s'est dit tout à fait optimiste quant à l'avenir de l'avion. «C'était la même chose avec le CF-18 il y a 30 ans. Il s'est adapté, a évolué pour les missions qui n'étaient pas prévues dans le temps. Quand je regarde le F-35, c'est la même histoire.»

Résumé des épisodes précédents

En juillet 2010, le ministre de la Défense nationale Peter MacKay annonce en grande pompe que le Canada a choisi d'acheter 65 avions F-35 à Lockheed Martin, afin de remplacer sa flotte vieillissante de CF-18.

En avril 2012, le vérificateur général du Canada Michael Ferguson, publie un rapport accablant, constatant qu'il manquait plusieurs analyses et de documentation dans le processus d'acquisition des appareils qui sont toujours en développement chez Lockheed Martin. De plus, le prix d'achat aurait été mal évalué.

Après avoir décidé de geler le processus d'achat, le gouvernement conservateur de Stephen Harper décide finalement de repartir à zéro, suite à la publication d'un ultime rapport de la société KPMG qui indique que le coût d'achat n'est pas de 9 milliards $, mais bien de 45 milliards!

Ayant nommé plusieurs experts dans un comité indépendant qui doit veiller à ce que «l'analyse effectuée soit rigoureuse et impartiale et à ce que les résultats publiés soient exhaustifs et compréhensibles», le gouvernement attend désormais de voir ce que propose concrètement les différents constructeurs intéressés à participer au processus (Lockheed Martin, Boeing, Dassault, EADS Eurofighter et le groupe Saab). Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a ainsi récemment demandé aux constructeurs de lui fournir une idée des coûts de leurs appareils.

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