L'ancien vice-président à la division construction de la firme d'ingénierie SNC-Lavalin, Riadh Ben Aïssa, aurait détourné à des fins personnelles la somme de 41,84 millions de dollars, selon un affidavit de la GRC.
Un texte d'Anne Panasuk
Ce document a servi à effectuer la perquisition au siège social de SNC-Lavalin le 13 avril dernier et n'avait jusqu'ici été rendu public qu'en partie. La GRC agissait à la demande des autorités suisses qui ont arrêté Ben Aïssa sous des soupçons de blanchiment d'argent et de corruption.
Or, Radio-Canada vient d'en obtenir une copie non caviardée de l'affidavit, ce qui permet de calculer les sommes que l'ancien homme fort de SNC-Lavalin aurait détournées pour ses fins personnelles à même l'argent prévu pour verser des pots-de-vin aux dirigeants de régimes étrangers.
Citant l'enquête suisse, la GRC affirme que SNC-Lavalin a versé 160 millions de dollars dans des comptes appartenant à des compagnies extraterritoriales contrôlées par Ben Aissa. De cette somme, Ben Aïssa aurait gardé près de 42 millions de dollars qui auraient servi à faire essentiellement des transactions immobilières. On découvre que Riadh Ben Aïssa possède non seulement un immeuble locatif à Genève, en Suisse, mais aussi un appartement avenue Montaigne à Paris, qu'il a fait rénover, un appartement à Monaco et deux maisons dans la capitale tunisienne en plus d' un condo à Montréal.
Des millions en pots-de-vin pour un gendre de l'ex-président tunisien Ben Ali
Les enquêteurs de la GRC affirment aussi que SNC-Lavalin a versé de « larges sommes d'argent » à Slim Chiboub, gendre de l'ancien dictateur tunisien Ben Ali.
De 2001 à 2010, SNC-Lavalin aurait versé 5,942 millions de dollars à Chiboub par l'entremise de compagnies mises sur pied par Riadh Ben Aissa. Selon les documents, ces entreprises « auraient servi de caisse noire, c'est-à-dire, au paiement de pots-de-vin dans le but de sécuriser divers contrats d'infrastructure octroyés par les gouvernements étrangers ».
En 2009, SNC-Lavalin était en lice pour l'octroi du projet de construction et de gestion du port en eaux profondes d'Enfidha,en Tunisie, évalué à 1,4 milliard d'euros. En 2010, la firme canadienne s'est vue attribuer le contrat pour la conception et la construction d'une centrale thermique au gaz à Sousse, en Tunisie.