Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Journée du nu sur Facebook: un réseau social peut-il faire la différence entre art et pornographie?

Une Journée du nu sur Facebook contre la censure du réseau social
Facebook

Après la Nuit européenne des musées, les amateurs d'art célèbrent la Journée du nu... sur Facebook. Ce lundi 20 mai, ils se sont donnés rendez-vous en ligne pour dénoncer la censure du réseau social, accusé de bloquer toute trace de nudité sans faire la différence entre art et la pornographie. Mais Facebook peut-il vraiment saisir cette nuance?

"La journée du nu sur Facebook" entend lutter contre "ces censures ridicules qui bafouent les règles élémentaires de notre liberté d'expression au nom d'un puritanisme ou de règles morales d'un autre âge", est-il expliqué sur la page de cet événement lancé par Alain Bachellier, un photographe français. Lundi midi, heure européenne, cet évènement comptait 8000 participants et des dizaines de publications dénudées.

Si les plus téméraires ont osé tomber le haut et le bas, la plupart des photos publiées sont des œuvres d'art célèbres et comme l'expliquent certains participants, les avoir partagées sur leur profil Facebook leur a coûté une suspension de leur compte.

Mais cette déferlante de nus artistiques a tourné court. Comme il fallait s'y attendre, les modérateurs du réseau social ont fermé l'événement dès 13 heures.

Un problème récurrent

Cette modération prouve une fois de plus que Facebook ne plaisante pas avec la chair. Les exemples de comptes censurés ne manquent pas: en mars dernier, le réseau social a suspendu le compte du musée du Jeu de Paume à Paris pour avoir posté la photographie d'une femme nue.

La photographie en question était une étude de nu, très classique, réalisée en 1940 par la photographe Laure Albin Guillot (1879-1962) et publié par le musée pour annoncer l'exposition consacrée à cette artiste.

La pochette mythique du célèbre "Nervermind" de Nirvana a également été accusée de violer les termes d'utilisation de Facebook. Un dessin de presse du New Yorker montrant Adam et Eve dans le plus simple appareil a connu le même sort. Dans ces conditions, publier l'Origine du monde de Gustave Courbet sur sa page s'apparente du suicide numérique. Les journalistes britanniques du Daily Beast en ont encore fait les frais le 15 mai dernier.

On ne compte donc plus les œuvres à avoir été retirées par les services de modération de Facebook et les comptes suspendus. Mais Facebook ne semble pas vouloir changer de stratégie de modération.

Facebook à poil côté arguments

Vouloir... ou tout simplement pouvoir. Lorsque ce type d'"erreur" de modération se produit, Facebook ne peut que rappeler que chaque jour des millions de contenus sont publiés sur le site et que son équipe de modération ne prend pas toujours le temps d'évaluer le caractère artistique de la photo qu'ils ont sous les yeux.

"Si la publication d'éléments contenant de la nudité va à l'encontre des conditions d'utilisation de Facebook, il est parfois difficile de faire la distinction entre ce qui relève de l'art et de la pornographie", reconnaissait un porte-parole de Facebook France en mars dernier.

"Nos équipes vérifient des millions de signalements par jour et notre système est l'un des plus efficaces du web. Malheureusement, il arrive parfois que nos équipes retirent du contenu par erreur", indiquait Facebook. "Dans ce genre de cas, nous permettons aux utilisateurs de faire appel de la décision et si nos équipes se sont trompées, elles rétablissent le contenu supprimé dans les plus brefs délais."

"Parfois Facebook est tout simplement bête", résumait un membre de l'équipe du réseau social.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.