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Crack : «C'est ridicule», affirme le maire de Toronto

Le maire de Toronto nie
CP

Le maire de Toronto, Rob Ford, a qualifié de « ridicules », vendredi matin, les allégations d'un site web américain et du Toronto Star qui disent avoir vu une vidéo montrant une personne qui lui ressemble en train de consommer ce qui semble être du crack.

Il ajouté que c'était une « autre histoire du Star qui m'attaque ».

M. Ford n'a pas voulu faire de commentaires supplémentaires, avant de quitter son bureau à l'hôtel de ville, près duquel s'étaient massés plusieurs dizaines de journalistes.

Son avocat avait affirmé, lui, que les allégations étaient diffamatoires, mettant en doute l'authenticité de la vidéo, qu'il n'avait pas vue lui-même. Me Dennis Morris a expliqué que la bande « aurait pu être truquée » et que son contenu n'était pas clair.

« Personne ne peut vérifier ce qui se passe dans la vidéo et ce qui y est fumé exactement. » — Dennis Morris, avocat du maire de Toronto

Me Morris ajoute que l'apparence anormale du maire dans la vidéo, si elle est authentique, pourrait être le résultat de différents facteurs. Par exemple, dit-il, « quelqu'un qui a pris des médicaments » peut avoir l'air anormal.

Le crack est un dérivé fumable de la cocaïne, qui est très concentré et qui se présente sous forme de cristaux toxiques.

Le responsable du site américain « Gawker » affirme qu'il a vu la vidéo dans laquelle on apercevrait Rob Ford en train de fumer ce qui semble être du crack, après avoir été approché par quelqu'un qui tentait de la lui vendre. Il ne l'a toutefois pas achetée.

Des journalistes du Toronto Star disent aussi avoir vu la vidéo en question. La reporter Robyn Doolittle raconte qu'elle avait visionné l'enregistrement avec un collègue, il y a deux semaines, sur le téléphone cellulaire d'un présumé trafiquant de drogue qui disait avoir fourni du crack au maire. Il voulait leur vendre la vidéo au coût d'au moins 100 000 $, mais ils ont refusé.

Le Star, accusé par le maire d'attaques injustifiées dans le passé, n'a publié un article sur le sujet que vendredi, soit après que les allégations eurent d'abord été faites sur le site « Gawker », parce que l'histoire était plus solide, selon Mme Doolittle. La journaliste est « certaine à 100 % » que l'homme qu'elle a vu dans la vidéo était Rob Ford.

Radio-Canada et CBC n'ont pas vu la vidéo et n'ont pas été en mesure non plus de l'authentifier.

Réactions

De son côté, le conseiller municipal Josh Colle a qualifié les allégations de « choquantes ». Selon lui, les controverses répétées impliquant Rob Ford font entrave à son travail à l'hôtel de ville.

« Ça en est au point où j'ai presque peur d'allumer la radio ou la télé. Ce n'est pas sain pour la Ville, c'est sûr. » — Josh Colle, conseiller municipal de Toronto

Le maire adjoint, pour sa part, « ne croit pas » les allégations contre Rob Ford. Il a mis en doute leur crédibilité, affirmant qu'une « vidéo peut être truquée » et « qu'on ne peut pas faire confiance à des trafiquants de drogue (qui seraient à l'origine de la vidéo) ». Doug Holyday y voit à nouveau l'oeuvre d'opposants politiques du maire. « Beaucoup de personnes veulent le voir perdre son siège de maire », a-t-il affirmé.

Pour sa part, la police de Toronto « surveille la situation de près », indique un porte-parole.

En 1990, le maire de Washington de l'époque, Marion Barry, avait été filmé en train de fumer du crack. Il avait été arrêté et avait passé six mois derrière les barreaux, avant de faire un retour en politique et d'être élu comme conseiller municipal en 1992. Le politicien, toujours très populaire malgré sa condamnation passée, avait retrouvé son siège de maire deux ans plus tard.

Allégations passées

En mars dernier, le maire Ford avait nié catégoriquement souffrir d'alcoolisme, accusant le Toronto Star de véhiculer à nouveau « des mensonges, des mensonges » à son endroit.

Il avait accusé les journalistes du quotidien d'être des « menteurs pathologiques ». « Poursuivez-moi [en diffamation]! », avait aussi lancé le maire à leur endroit, visiblement en colère, à la suite d'un point de presse pour rendre hommage au boxeur George Chuvalo. M. Ford avait ajouté que les électeurs trancheraient lors des prochaines élections en 2014.

Son frère et conseiller municipal Doug Ford avait affirmé sur les ondes d'une radio privée qu'il n'avait « jamais vu Rob boire à un seul événement ».

Radio-Canada n'avait pas pu vérifier indépendamment la véracité des allégations du Toronto Star.

Les allégations d'alcoolisme :

Le Toronto Star citait plusieurs sources anonymes qui affirmaient que les organisateurs d'un gala, en février, avaient demandé au maire de quitter la salle, parce qu'il « semblait saoul ». D'autres sources avaient plutôt raconté au Star que son comportement était normal. C'est aussi ce qu'avait affirmé le ministre de la Défense, Peter MacKay, qui avait croisé le maire au souper-bénéfice du Garrison Ball. Mais le Star ajoutait que l'entourage de M. Ford tentait depuis des mois de lui faire suivre une cure de désintoxication.

Par ailleurs, en mars dernier, l'ancienne candidate à la mairie et critique de M. Ford Sarah Thomson avait affirmé que le maire lui avait agrippé les fesses, en plus de lui avoir fait des avances, lors d'une fête. Elle avait même soutenu que le maire semblait être drogué, racontant que son comportement n'était pas normal. Rob Ford avait rejeté ces allégations en bloc.

Son frère Doug Ford avait accusé le Star de mener une vendetta politique contre le maire, incitant le quotidien à « nommer ses sources » si ses allégations sont véritablement fondées.

Doug Ford avait rejeté, toutefois, l'idée de poursuivre le quotidien en diffamation, affirmant que « ce serait de jouer leur jeu » et que sa famille avait déjà dépensé près d'un demi-million de dollars en frais d'avocat pour défendre en cour le maire contre des allégations non fondées.

Depuis son élection il y a deux ans, Rob Ford a fait face à des recours judiciaires relativement à ses dépenses électorales et de présumés conflits d'intérêts. Dans ce dernier dossier, le maire a échappé de peu à la destitution en janvier, après qu'un tribunal eut annulé sa condamnation en appel.

Alors qu'il était conseiller municipal, M. Ford a dû s'excuser auprès d'un couple de résidents de l'extérieur de la ville qu'il avait insultés lors d'un match de hockey, alors qu'il était ivre. Le couple s'était plaint qu'il faisait trop de bruit. « Veux-tu que ta petite femme aille en Iran et se fasse violer et tuer? », avait lancé Rob Ford. Il avait d'abord nié les événements avant d'admettre ses torts.

Durant la dernière campagne électorale, M. Ford a par ailleurs nié avoir été arrêté en état d'ébriété au volant et pour possession de marijuana en Floride en 1999. Il avait ensuite concédé que l'histoire était véridique, affirmant qu'il l'avait « oubliée ».

Le Huffington Post Canada a compilé des réactions sur Twitter (en anglais)

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