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Critique de la pièce « Enfantillages » à La Licorne : ça ne passera probablement pas à l'histoire

« Enfantillages » à La Licorne : ça ne passera pas à l'histoire
Courtoisie

On attend toujours beaucoup d’un nouveau texte de François Archambault. Habitué aux succès populaires et critiques, maintes fois primé à la Soirée des Masques, récipiendaire du Prix du Gouverneur général du Canada, le dramaturge est pourtant loin d’avoir écrit une pièce à la hauteur de son talent et de ses exploits passés. Sa nouvelle création, « Enfantillages », ne passera probablement pas à l’histoire.

L’auteur s’est donné le mandat de traduire avec humour, émotions et absurdité les affres de la parentalité : ce qu’on tente de léguer à nos enfants, nos craintes, nos valeurs, nos rêves, nos obsessions. Tous les aspects de la vilaine société contre lesquels on espère protéger notre progéniture : la violence, les armes à feu, les mensonges, les sites à caractères pornographiques, la mauvaise influence des autres parents. La bulle de folie dans laquelle la maisonnée entière est plongée lorsque l’un des membres du clan attrape des poux. Les opinions particulièrement opposées d’un couple de parents sur l’héritage linguistique qu’ils lègueront à leurs enfants.

Les thématiques universelles sont très nombreuses dans la pièce, mais comme elles sont traitées, décortiquées et redécortiquées sans arrêt dans les romans, les films, les pièces, les magazines, à la radio et à la télé, un auteur ne peut se permettre autre chose qu’un point de vue original sur la question. Malheureusement pour la pièce Enfantillages, Archambault ne nous offre pratiquement rien de nouveau à nous mettre sous la dent. La plupart de ses personnages sont à ce point caricaturaux que les ressorts comiques de son écriture caustique et absurde perdent la moitié de leur effet. Certains sketchs provoquent même quelques malaises, tant le rire espéré n’est pas au rendez-vous.

En contrepartie, ses apartés aux allures de tranches de vie sont touchants, simples, vrais et fort réussis. On aurait pris plus de moments du genre. Comme on aurait aimé retrouver la ravageuse lucidité de La Société des loisirs, la vérité toute nue de 15 secondes et le talent incroyable pour raconter une histoire puissante et vulnérable dans Les Frères Laforest. Il y a trop peu de ces éléments dans Enfantillages pour en faire une réussite.

François Archambault collaborait pour la troisième fois avec les membres du Petit Théâtre du Nord, composé des comédiens Luc Bourgeois, Louise Cardinal, Sébastien Gauthier et Mélanie St-Laurent. Ces derniers nous offrent des moments de charme, de rire et de vérité, mais on n’a trop souvent l’impression qu’ils s’empêtrent dans une partition qui manque de fluidité et qu’ils se prennent les pieds dans une mise en scène au rythme déficient.

La pièce Enfantillages n’est pas un échec total. Les sourires vont et viennent. Quelques éclats de tendresse nous frôlent la joue. Le rire se faufile à l’occasion. Mais la trame de fond est inaboutie. Les différentes histoires ne volent pas haut. Et l’ensemble nous donne l’impression d’avoir affaire à du théâtre d’été. La pièce sera d’ailleurs reprise du 21 juin au 24 août prochain à Blainville…

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