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Alaclair Ensemble: quand la réalité dépasse la fiction (ENTREVUE)

Alaclair Ensemble: quand la réalité dépasse la fiction (ENTREVUE)
Jean-Francois Gravel

Alaclair Ensemble nous arrive avec un «deuxième vrai album» et cette même énergie débridée qui caractérise si bien les membres de ce collectif de rappeurs fous.

À l'instar de ses cinq autres camarades et collègues de la formation, Ogden, de son vrai nom Robert Nelson, est allumé, espiègle et rapide sur ses patins. Toute question est sujette à la dérive, au clin d'œil et au jeu des mots. Le jeune homme de 25 ans sait raconter (on philosophe toujours pas mal avec eux, dirions-nous), tantôt avec sérieux tantôt avec humour. Ce singulier groupe de rap, ou de post-rigodon comme le dit Ogden, c'est un peu de tout ça. Une brillante alliance ludique de faiseurs de beats, jongleurs de concepts et amuseurs de foule.

Fidèles à leurs habitudes, les gars ont tout fait de A à Z concernant Les maigres blancs d'Amérique du Noir, paru le 4 mai. Avant ce « vrai de vrai album » - vrai disque parce qu'il a été enregistré avec tous les membres du groupe en même temps - il y a bien eu aussi Musique bas-canadienne d'aujourd'hui (2011) le recueil de 19 pièces nommé America (février 2012), qui était surtout des remix de matériel existant, et le maxi Dans l'South du Bas.

« C'est encore une fois drôle, mais sérieux », explique Ogden. « Cette manière que nous avons de s'exprimer musicalement et humainement est définitivement ce qui nous rassemble. La création artistique chez Alaclair Ensemble dépasse la musique. On est toujours à fond dans les concepts, on s'amuse à déconstruire les façons traditionnelles de faire et de penser dans cet environnement [industrie musicale] où l'on aime bien croire et dire qu'il n'existe qu'une seule voie. »

Ce serait d'ailleurs l'idée même d'utiliser des univers comme le Bas-Canada, les différents codes ou le jargon si cher au collectif et alimenté par les amateurs : « On s'entend que la promotion faite autour d'une sortie d'album le 34 avril, ce n'est pas tout le monde qui oserait s'aventurer jusque là », poursuit-il. « Ce ne serait probablement pas possible avec un label conventionnel. Chez nous, la spontanéité l'emporte. Le processus créatif est très libre, quasiment fou. Faire de la musique, c'est pour nous une addition de plaisirs personnels. Nous aimons alimenter cette approche et je ne pense pas que nous ayons envie de changer. Bien au contraire. C'est devenu une sorte de défi que de pousser nos propres limites. »

Le présent-futur

Le nouvel album s'inspire encore et toujours de cet esprit loufoque et fougueux qui caractérise le travail d'Alaclair Ensemble. « Un projet ne se termine pas à la fin de l'album », lance Ogden. Rien à faire, le groupe existe pour se réinventer constamment. Au prix d'être parfois dans la contradiction, en apparence du moins. À cet effet, l'album physique est en vente 10 $ alors que les mêmes morceaux sont offerts gratuitement sur un site internet... en échange d'une contribution volontaire. « C'est le bouche à oreille qui fera le vrai travail. L'idée première est de partager notre travail. Le reste, nous verrons. »

Pour de la musique qui s'amuse avec les conventions, qui rigole intelligemment des choses « sérieuses » comme Power Corporation, pour une idée en constante évolution, pour un amalgame de travail individuel qui devient un ensemble débalancé, pour des thèmes qui fouillent le présent-futur, pour entendre des chansons qui parlent des hommes et des femmes d'un XXIe siècle sculpté par la tradition orale et la mixité des cultures, pour des rythmes qui nous amènent à voyager entre Mars et Vénus, pour déconstruire les tabous, pour du vieux et du neuf, pour les images fortes et pour tout le reste qui ne se décrit pas mais se partage.

Pour tous ceux qui, comme Alaclair Ensemble, ne sont pas intéressés à aller du point A au point B, l'inclassable disque Les maigres blancs d'Amérique du Noir est une proposition qui saura vous mettre au défi.

« Chacun des membres trouve sa zone dans d'autres projets, à sa façon. Mais de toute évidence, l'aspect festif de ce collectif se retrouve difficilement ailleurs », conclut Ogden.

Au moins une chose de clair pour Alaclair Ensemble.

Le groupe sera notamment sur une scène extérieure des FrancoFolies de Montréal.

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