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Escalade en Syrie: cibles, nombres de victimes, réactions internationales... le point sur les raids israéliens

Raids israéliens en Syrie: l'escalade continue
Israeli soldiers are seen with their Merkava tank unit deployed in the Israeli annexed Golan Heights near the border with Syria, on May 6, 2013. UN chief Ban Ki-moon has appealed for restraint after Israeli air strikes on targets near Damascus which prompted Syrian officials to warn 'missiles are ready' to retaliate. AFP PHOTO/MENAHEM KAHANA (Photo credit should read MENAHEM KAHANA/AFP/Getty Images)
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Israeli soldiers are seen with their Merkava tank unit deployed in the Israeli annexed Golan Heights near the border with Syria, on May 6, 2013. UN chief Ban Ki-moon has appealed for restraint after Israeli air strikes on targets near Damascus which prompted Syrian officials to warn 'missiles are ready' to retaliate. AFP PHOTO/MENAHEM KAHANA (Photo credit should read MENAHEM KAHANA/AFP/Getty Images)

INTERNATIONAL - Israël a mené deux raids en Syrie en 48 heures, affirmant vouloir empêcher un transfert d'armes au Hezbollah libanais, mais pour Damas ceci ouvre la porte à toutes les options et rend la situation dans la région plus "dangereuse".

Le premier raid a visé vendredi avant l'aube des armes destinées au Hezbollah, puissante formation libanaise alliée de Damas, à proximité de l'aéroport, au sud-est de la capitale syrienne. Le second raid, qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, a visé un centre de recherches scientifiques à Jamraya, déjà visé fin janvier par une attaque israélienne, ainsi que deux objectifs militaires --un important dépôt de munitions et une unité de la défense anti-aérienne--, selon un diplomate à Beyrouth s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Alors que le conflit en Syrie a déjà fait en plus de deux ans 70 000 morts, ces raids risquent de marquer un tournant avec une implication ouverte d'Israël tandis que l'Iran, son ennemi juré, s'est dit prêt à "entraîner" l'armée syrienne, avec laquelle le Hezbollah a reconnu combattre. Retour sur ces raids et leur conséquences sur le conflit syrien.

La position d'Israël

Si l'armée israélienne a d'abord préféré garder le silence, un responsable israélien a par la suite confirmé sous couvert de l'anonymat ces opérations militaires portant à trois le nombre de raids aériens menés par Israël en Syrie depuis fin janvier.

Dimanche 5 mai, deux batteries anti-missiles Iron Dome ont été déployées "dans le nord d'Israël". Auparavant les médias israéliens avaient fait état du déploiement des batteries pour protéger les villes de Safed et Haïfa, en Galilée, dans le nord du pays. Plus tard dans la journée, l'armée a ordonné la fermeture de l'espace aérien dans le nord du pays jusqu'au 9 mai. Des vols entre les villes israéliennes de Haïfa et Eilat ont ainsi dû être annulés, selon la compagnie aérienne locale Arkia.

Entre-temps, Benjamin Netanyahu partait pour la Chine pour une visite officielle de cinq jours, après un retard de plusieurs heures en raison d'une réunion ministérielle d'urgence sur la situation en Syrie, selon les médias locaux.

Lundi 6 mai, l'armée israélienne a finalement annoncé qu'elle allait rouvrir l'espace aérien dans le nord du pays. "L'aviation civile dans le nord d'Israël va reprendre ses opérations normales à la suite d'analyses de sécurité", selon un communiqué de l'armée israélienne. Une porte-parole militaire israélienne a précisé à l'AFP que la fermeture, censée durer jusqu'au 9 mai, serait levée dans la journée.

La position de la Syrie

Selon la Syrie, l'État hébreu a frappé dans la nuit de samedi à dimanche trois positions militaires au nord-ouest de Damas avec des missiles tirés par des avions venus d'Israël via le Liban. "Cette agression a causé des morts et des blessés et des destructions graves", assure le ministère syrien des Affaires étrangères dans une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU.

"Au moins 15 soldats ont été tués et le sort de dizaines d'autres est inconnu à la suite du raid israélien. Ces trois sites comptent 150 hommes mais on ignore si tous s'y trouvaient lors du raid", a expliqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Des habitants du nord-ouest de Damas, à quelques kilomètres de Jamraya, ont décrit l'attaque israélienne comme "un tremblement de terre", évoquant "un ciel où se mêlaient de manière terrifiante le rouge et le jaune". Une vidéo postée par des militants, qui n'a pu être authentifiée, montre dans la nuit d'immenses flammes et des explosions.

Pour Damas, ce raid prouve que les rebelles sont "les outils d'Israël à l'intérieur" du pays. Et "la communauté internationale doit savoir que la situation dans la région est devenue plus dangereuse après l'agression", a déclaré le ministre de l'Information Omrane al-Zohbi.

Dans la lettre à l'ONU, Damas a accusé l'État hébreu d'appuyer les rebelles, notamment le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda. De son côté, l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) a estimé que ses opérations n'étaient "pas liées aux raids israéliens ou à autre chose" tandis que la Coalition de l'opposition a condamné le raid israélien mais accusé le régime d'être responsable de l'affaiblissement de l'armée qu'il utilise "contre la population".

Lundi 6 mai, un responsable politique syrien proche du pouvoir a affirmé que la Syrie choisira le bon moment pour riposter aux raids menés par Israël. "La Syrie répondra à l'agression israélienne mais choisira le moment pour le faire. Cela ne se produira peut être pas immédiatement car Israël est en état d'alerte", a affirmé à l'AFP ce responsable joint par téléphone à Damas depuis Beyrouth. "Nous allons attendre mais nous répondrons", a-t-il dit.

La position de l'Iran

Après les raids, l'Iran a aussitôt répliqué par la voix du commandant de l'armée de terre, le général Ahmad-Reza Pourdastan, qui s'est dit prêt à "entraîner" l'armée syrienne. Le chef de l'armée iranienne a par ailleurs démenti lundi 6 mai la présence d'armes iraniennes sur les sites visés par Israël en Syrie, tandis que le ministre de la Défense a menacé Israël "d'événements graves" sans préciser lesquels, a rapporté le site des Gardiens de la révolution.

Le général Massoud Jazayeri, l'adjoint du chef d'état-major des forces armées a "rejeté la propagande des médias occidentaux et israéliens affirmant que des entrepôts d'armes iraniennes aient été la cible" de la série de raids menée récemment par l'aviation israélienne, selon Sepahnews.com, site de l'armée d'élite du régime islamique.

"Le gouvernement syrien n'a pas besoin d'armements iraniens et ce genre d'informations font partie de la guerre de propagande et psychologique" contre la Syrie, a-t-il ajouté, faisant référence aux déclarations d'un responsable israélien qui avait assuré que le raid visait "des missiles iraniens destinés au Hezbollah".

De son côté, le ministre iranien de la Défense, le général Ahmad Vahidi, a demandé à la communauté internationale d'empêcher Israël de mener ce genre d'attaques "car sinon des événements graves se produiront dans la région et les Etats-Unis et le régime sioniste n'en seront pas les gagnants", a-t-il prévenu, sans plus élaborer. Par ailleurs, a-t-il affirmé, "le pouvoir syrien donnera certainement le moment venu une réponse adéquate au régime sioniste".

La communauté internationale s'inquiète

L'ONU s'est dite "très préoccupée" par une possible escalade après des raids israéliens sur le territoire syrien et les menaces de l'Iran et du Hezbollah libanais, alliés du régime de Bachar al-Assad, qui font craindre un conflit généralisé. Autre inquiétude dans cette guerre qui oppose troupes du régime et rebelles: le recours présumé aux armes chimiques, Carla del Ponte, membre de la Commission d'enquête de l'ONU, ayant affirmé que les insurgés "ont fait usage de gaz sarin". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé "toutes les parties à faire preuve du maximum de calme et de retenue et à agir de manière responsable pour éviter une escalade de ce qui est déjà un conflit dévastateur et très dangereux".

Si le président américain Barack Obama a estimé "justifié" que les Israéliens cherchent à "se protéger contre le transfert d'armes sophistiquées à des organisations terroristes comme le Hezbollah", L'Egypte, l'Algérie et la Ligue arabe ont condamné ces raids.

Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a estimé qu'ils illustraient le "danger croissant sur la paix" et renforçaient la nécessité de lever l'embargo européen sur les armes pour les rebelles syriens. Mais pour son homologue autrichien,Michael Spindelegger, "il n'y a pas de lien entre la question de l'embargo sur les livraisons d'armes et les attaques israéliennes en Syrie. Au contraire, cela démontre qu'il y a trop d'armements en Syrie".

De son côté, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a plaidé lundi pour "une solution politique" dans le conflit syrien. "La situation en Syrie est une véritable tragédie", qui gagne les pays voisins, tels que la Jordanie ou le Liban, a déclaré le ministre des Affaires étrangères en visite à Hong Kong. "Il ne s'agit plus simplement d'un drame local, mais régional", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui qualifié le président Assad de "tueur", affirmant qu'il paierait "un prix très, très élevé" pour ce qu'il fait dans son pays.

Le ministère russe des Affaires étrangères s'est dit lundi "très préoccupé" par les raids israéliens menés près de Damas, estimant qu'ils pourraient provoquer une escalade des tensions dans la région. "Nous sommes en train de préciser et d'analyser toutes les circonstances liées aux informations très préoccupantes sur les raids menés par Israël les 4 et 5 mai dans la banlieue de Damas", a déclaré le ministère russe dans un communiqué.

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