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Ottawa se fait dire par l'opposition de ne pas toucher aux cours d'histoire

Ottawa se fait dire par l'opposition de ne pas toucher aux cours d'histoire
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OTTAWA - Après les avertissements de l'opposition qui le sommait de ne pas toucher aux cours d'histoire, le premier ministre Stephen Harper a affirmé vendredi n'avoir aucunement l'intention de dire aux écoles quoi enseigner.

Les partis d'opposition se sont évertués vendredi à rappeler à M. Harper que l'éducation est une responsabilité provinciale.

Ils ont dénoncé le très vaste mandat qu'un comité parlementaire à Ottawa — composé à majorité de députés conservateurs — s'est donné de lancer une grande étude sur l'histoire du Canada.

Celle-ci doit inclure un compte rendu comparatif détaillé des normes pertinentes et des cours offerts dans les écoles primaires et secondaires de toutes les provinces.

Les partis d'opposition y voient une autre forme d'ingérence du fédéral dans les champs de compétence des provinces.

Ils craignent aussi que le gouvernement Harper en profite pour imposer sa vision de l'histoire canadienne.

Mais le premier ministre a répliqué qu'il n'en était rien.

«Notre gouvernement n'a aucunement l'intention de dire comment enseigner l'histoire par les provinces», a-t-il affirmé en point de presse à Québec.

«Nous n'en avons pas le pouvoir. Nous n'avons pas la volonté de le faire», a insisté le premier ministre.

Pour justifier la démarche du comité sur le Patrimoine canadien, il a toutefois souligné que les parlementaires ont intérêt à «promouvoir une connaissance de l'histoire canadienne».

Ces commentaires, et ceux faits par d'autres conservateurs à la Chambre des communes vendredi, n'ont pas rassuré l'opposition.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) juge la démarche du comité inutile et insultante.

«La première chose dérangeante, c'est la grossièreté et la paresse d'arriver avec des motions qui ne sont pas applicables et qui vont faire perdre du temps à tout le monde parce qu'on est en train de piétiner des compétences provinciales», a lancé le député néo-démocrate Pierre Nantel, qui siège justement au comité du Patrimoine canadien.

Il s'insurge contre cette tentative des conservateurs «de réécrire l'histoire à leur manière, en mettant l'accent sur les victoires militaires et la monarchie». Le procès-verbal du comité cite au moins huit guerres et batailles qui devraient être étudiées.

M. Nantel a aussi dénoncé la vaste, «voire interminable», étendue de l'étude qui aura pour effet de monopoliser tout le temps du comité.

Il estime que les membres ont bien d'autres chats à fouetter. Selon lui, le comité devrait plutôt se pencher sur des enjeux importants pour les Canadiens, comme voir le pays se doter d'une stratégie numérique ou évaluer l'avenir du livre qui est en pleine mutation.

«Tout cela est fait dans le but de faire dérailler l'existence du comité», en évitant de faire des études sur des sujets plus controversés, croit le député néo-démocrate.

Quant à savoir comment le fédéral pourrait effectivement imposer quoi que ce soit aux provinces, le député néo-démocrate Guy Caron a laissé entendre qu'Ottawa pourrait imposer certaines conditions aux transferts d'argent pour l'éducation.

Le député André Bellavance, du Bloc québécois, ne croit pas que les conservateurs vont s'en tenir à faire la promotion des événements qui ont marqué l'histoire canadienne.

«Donnez un pouce au gouvernement conservateur puis ils vont prendre un pied. C’est évident qu’ils mettent un pied dans la porte. C’est évident que le fait déjà de vouloir faire une étude démontre clairement que le gouvernement conservateur veut s’immiscer dans l’enseignement, et ce n’est pas de ses affaires», a-t-il dit, tranchant.

Il trouve de plus ironique que le gouvernement dise autant se préoccuper de l'histoire du pays, alors qu'il refuse catégoriquement de permettre l'accès à ses archives pour faire la lumière sur tout ce qui s'est passé dans les coulisses du rapatriement de la Constitution canadienne.

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