Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le ministre Toews rejette une demande d'entrevue avec Omar Khadr

Le ministre Toews rejette une demande d'entrevue avec Omar Khadr
AFP/Getty Images

Le ministre fédéral de la Sécurité publique a rejeté la demande d'un média qui voulait interviewer l'ancien prisonnier de Guantanamo Omar Khadr, même si la requête avait déjà reçu le feu vert de la direction de la prison ontarienne où le jeune homme est présentement détenu.

Selon des documents obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, Kevin Snedden, le directeur du pénitencier de Millhaven, avait approuvé la demande d'entrevue présentée par l'agence de presse en janvier.

Sa décision a toutefois été annulée par le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, qui a communiqué son refus à Service correctionnel Canada (SCC).

Habituellement, c'est le directeur de l'établissement qui a le dernier mot lorsqu'il s'agit de permettre à un média de discuter avec un prisonnier, comme le prévoit une politique de SCC connue sous le nom de Directive du commissaire 022.

La politique exige notamment que le détenu accepte d'être interviewé et que l'entrevue ne représente pas un risque pour la sécurité nationale.

Les documents montrent que le Bureau du Conseil privé a manifesté de l'intérêt pour l'interview dès que la requête de La Presse Canadienne a été présentée.

« Nous aimerions être tenus au courant de tout développement », a écrit Christopher Williams, analyste principal au Bureau, dans un courriel adressé à SCC.

Dans le cas de Khadr, M. Snedden avait donné son approbation pour une entrevue téléphonique. D'après les documents, la direction régionale de SCC appuyait sa décision.

« À la suite de l'évaluation détaillée de la requête effectuée par le directeur conformément à la Directive au commissaire 022, nous avons conclu que la demande respectait la politique », a écrit Christa McGregor, conseillère principale en relations avec les médias pour SCC, dans un courriel envoyé le 22 février au personnel du bureau de Vic Toews.

Toutefois, 90 minutes plus tard, la requête était rejetée.

« Cette interview n'est pas approuvée », a répondu Julie Carmichael, la directrice des communications de M. Toews, dans un autre courriel.

Le fait que le ministre ait décidé de passer outre l'approbation de Kevin Snedden a pris le personnel de SCC par surprise, donnant lieu à un long échange de courriels entre l'organisme fédéral et le ministère.

Un fonctionnaire au courant du dossier a révélé sous le couvert de l'anonymat que ce qui s'était passé était inusité. Il a affirmé que la demande d'entrevue avait fait l'objet d'un examen très poussé de la part de la direction nationale de SCC et avait manifestement été victime d'interférence politique.

« Le directeur a approuvé l'interview et l'a acceptée une nouvelle fois après avoir reçu l'ordre de réévaluer la requête avant de finalement, et après beaucoup de discussions non officielles et de pressions directement exercées par la direction et le bureau du ministre, rejeter la demand », a expliqué la source.

Wayne Easter, un ancien solliciteur général libéral, a déclaré que l'implication de Vic Toews était surprenante, disant ne pas se rappeler qu'un cas semblable se soit produit lorsqu'il était en poste.

« Cela dépasse vraiment les compétences du ministre, a-t-il tranché. Tant que le protocole est respecté, l'entrevue peut avoir lieu. »

Âgé de 26 ans, Omar Khadr, qui est né à Toronto, est incarcéré dans une unité à sécurité maximale de la prison de Millhaven depuis son transfert en septembre dernier de la base américaine de la baie de Guantanamo, à Cuba, où il avait déjà passé 10 ans derrière les barreaux.

ll purge actuellement une peine de huit ans d'emprisonnement après avoir plaidé coupable en octobre 2010 à cinq accusations de crimes de guerre, dont le meurtre d'un soldat américain, commis en Afghanistan lorsqu'il avait 15 ans.

L'avocat de Khadr a dénoncé le rejet de la demande d'entrevue, accusant le gouvernement conservateur de vouloir diaboliser son client en le tenant à l'écart de la sphère publique.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.