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Armes chimiques en Syrie : la «ligne rouge» a-t-elle été franchie? (PHOTOS/VIDÉOS)

Armes chimiques en Syrie : la «ligne rouge» a-t-elle été franchie?
AP

"Extrêmement grave", selon Londres. La "ligne rouge", selon Washington. La communauté internationale a condamné jeudi 25 et vendredi 26 avril la probable utilisation d'armes chimiques par le régime syrien de Bachar el-Assad.

Jeudi, les Etats-Unis ont reconnu pour la première fois que le régime syrien avait probablement utilisé des armes chimiques contre les rebelles. Washington a toutefois souligné que leurs renseignements n'étaient pas suffisants pour l'affirmer avec certitude. "La communauté américaine du renseignement conclut, avec différents degrés de certitude, que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle en Syrie, en particulier du sarin", a affirmé le secrétaire à la Défense Chuck Hagel. En clair, les différentes agences du renseignement américain ne sont pas d'accord.

Ces évaluations sont "fondées en partie sur des prélèvements" sur des personnes, a révélé la porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), Caitlin Hayden. Mais "la chaîne de transmission (des échantillons) n'est pas claire, donc nous ne pouvons pas confirmer comment l'exposition (au sarin) a eu lieu".

Londres et Paris auraient aussi des preuves

Des accusations toutefois corroborées par Londres. "Il s'agit de preuves limitées, mais nous avons eu, nous aussi, des preuves croissantes de l'utilisation d'armes chimiques, probablement par le régime. C'est extrêmement grave, c'est un crime de guerre", a déclaré sur la BBC David Cameron vendredi. The Times révélait mi-avril que des preuves de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie ont été découvertes dans un échantillon de terre prélevé près de Damas et analysé au Royaume-Uni.

La Une du Times le 26 avril 2013

Par ailleurs, plusieurs témoignages relayés par la presse internationale évoquent l'utilisation d'armes chimiques. The Times a également publié une vidéo et des photos de victimes d'une attaque au gaz neurotoxique.

Cette autre vidéo montre des habitants de la ville d'Al Safira, dans la banlieue d'Alep, soignés dans un hôpital après avoir été victimes de produits toxiques contenus dans des bombes larguées par l'aviation du régime:

Attention, certaines images peuvent choquer:

Le président Barack Obama a mis en garde à de nombreuses reprises le régime Assad contre le recours à ses stocks d'armes chimiques, affirmant notamment le 20 mars dernier en Israël qu'il s'agirait d'"une grave et tragique erreur", et qu'un tel développement "change(rait) la règle du jeu".

"Quand une ligne rouge est définie, est-ce que l'on s'y tient?"

De son côté, un haut responsable de l'administration américaine a souligné que si les faits finissaient par être établis, "il est évident que toutes les options (seraient) sur la table en terme de réaction". Mais il a appelé à la prudence, faisant allusion aux "armes de destruction massive" censées avoir été détenues par le régime de Saddam Hussein en Irak selon la communauté du renseignement. Elles avaient servi de prétexte à l'invasion du pays en 2003 mais n'ont jamais été retrouvées.

Côté français, pas encore de réaction aux allégations de Washington. Mais en août dernier, François Hollande avait mis en garde le régime syrrien contre l'emploi d'armes chimiques : Ce serait "une cause légitime d'intervention directe" de la communauté internationale, avait-il dit. Toutefois, selon le Washington Post et la revue Foreign Policy, la France aurait informé l'ONU que des examens du sol ainsi que des entretiens avec des témoins montraient que des agents neurotoxiques avaient été utilisés dans et autour d'Alep (nord), de Homs (centre) et peut-être à Damas.

Vendredi le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Zeev Elkin, a enjoint les Etats-Unis de recourir à une action militaire pour "prendre le contrôle des arsenaux d'armes chimiques syriens". Faisant allusion aux "lignes rouges" de Washington, il s'est interrogé : quand une ligne rouge est définie, est-ce que l'on s'y tient?".

Une mission d'enquête de l'ONU prête à être déployée

"Nous insistons pour une enquête des Nations unies qui pourrait évaluer les preuves et établir ce qui s'est produit", a affirmé Caitlin Hayden. A ce titre, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a renouvelé jeudi son "appel urgent" au gouvernement syrien pour qu'il autorise une équipe de l'ONU à aller enquêter sur le terrain.

"La mission d'enquête est prête à se déployer dans les 24 à 48 heures" dès qu'elle aura le feu vert de Damas, a réaffirmé le porte-parole de Ban Ki-moon, Martin Nesirky, soulignant que l'ONU "prend au sérieux l'évaluation" faite par la Maison Blanche. Damas a également déposé le 20 mars dernier une requête officielle pour une enquête de l'ONU, se plaignant d'une attaque aux armes chimiques par les rebelles à Alep. La syrie a toutefois refusé de laisser entrer la mission d'experts, Damas "regrettant" que l'ONU souhaite envoyer des enquêteurs dans tout le pays plutôt que dans le seul village de Khan Aassal.

Les armes chimiques sont illégales selon les traités internationaux, mais le régime de Bachar al-Assad reconnaît en posséder d'importants stocks. Ces armes ne "seront jamais, jamais, utilisées contre nos citoyens, quelle que soit l'évolution de la crise", avait toutefois promis le régime, indiquant qu'elles "ne seront utilisées qu'en cas d'agression étrangère".

Dans son édition du 13 avril, The Times avançait l'hypothèse que "le régime préfère gazer ses opposants à petite échelle, en testant l'élasticité de la 'ligne rouge' du président Obama".

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