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Duceppe dévoile sa saison 2013-2014 et fait le bilan de ses 40 ans (VIDÉOS)

Duceppe dévoile sa saison 2013-2014 et fait le bilan de ses 40 ans

S’il avait à donner un titre à la saison 2013-2014 du Théâtre Jean-Duceppe, Michel Dumont opterait pour « La saison de l’amour : visages ». En proposant un amalgame d’histoires d’amour, de sexualité, de manipulation, de séduction et de solidarité, le directeur artistique et acteur compte bien rejoindre les quelque 100 000 spectateurs qui se présentent chez Duceppe chaque année depuis sa fondation il y a 40 ans.

En septembre prochain, la saison prendra son envol avec le tandem formé par Hélène Bourgeois-Leclerc et Patrice Robitaille, dans La Vénus au vison. D’abord connue sous forme de roman et de film (Élizabeth Taylor y tenait le rôle principal), la pièce de David Ives plongera les spectateurs dans l’univers des auditions d’une pièce théâtre. En pleine recherche de celle qui pourra jouer dans son œuvre, un jeune dramaturge et metteur en scène fera la rencontre d’une actrice qui l’obligera à mettre en question sa perception des personnages. Peu à peu, à ligne entre la fiction et la réalité sera de plus difficiles à tracer. « C’est la grande question au théâtre : comment ne pas franchir la ligne qui sépare les personnages de nous-mêmes, les comédiens, lance Michel Dumont. Comment faire pour rentrer chez soi, alors qu’on vit le personnage, ses colères, ses peurs, à travers nos propres émotions ? L’auteur de la pièce explore la question de la sexualité et du pouvoir que l’on a les uns sur les autres. » Michel Poirier assure la mise en scène, alors que Maryse Warda se charge de la traduction.

Le voyage théâtral se poursuivra avec la 40e création de Duceppe, La Traversée de la mer intérieure, un texte de Jean-Rock Gaudreault. Histoire d’amour sur fond politique, la pièce mise en scène par Monique Duceppe s’intéresse au sort de Rosaire Bouchard, 70 ans, ancien député de Roberval et ex-maire de Péribonka. Après le décès de sa femme, l’homme revisitera tous les lieux où ils sont allés lors de leur voyage de noces. À son retour, le septuagénaire voudra replonger en politique, en se présentant pour un parti qui ne veut pas de lui. Avec Michel Dumont, Marc Legault, Pauline Martin et Pierre-François Legendre, la pièce est un symbole de la quête intérieure dans laquelle plongent plusieurs hommes et femmes à un certain stade de leur vie.

Duceppe affrontera le froideur de décembre et de janvier avec L’Esprit de famille, une pièce d’Éric d’Assous, adaptée par Michel Tremblay et mise en scène par Monique Duceppe à nouveau. « Trois frères se rencontrent pour une crémaillère, accompagnés de leurs épouses. Le bonheur est en place. Jusqu’à ce qu’une fille, que les trois hommes ont connue plus que bien… débarque sur les lieux. Ce sera la panique chez les hommes et la suspicion chez les femmes. C’est très drôle ! On aurait pu en faire une tragédie, mais en mettant la pédale juste un peu plus lourde, on arrive à en faire une comédie avec une matière profondément dramatique. Ici, ce ne sont pas les portes qui claquent, mais les mots. Ça va faire plaisir au public », avance Michel Dumont. La distribution comprend entre autres Catherine-Anne Toupin, Anne Casabonne et Linda Sorgini.

Fidèle collaboratrice chez Duceppe, Catherine-Anne Toupin n’aura que quelques jours de repos avant de remonter sur scène dans Sunderland, mise en scène par Serge Postigo. « La pièce se passe dans une petite ville du nord de l’Angleterre, où l’ont dit que le football et la bière sont la meilleure drogue contre le chômage, raconte Dumont. On suit le personnage de Sally, une femme qui se retrouve sans emploi après que l’usine de la ville ait cessé ses opérations, et qui se fait menacer de se faire enlever sa petite sœur autiste si elle ne trouve pas de travail. Un peu comme la pièce Du bon monde, qui a beaucoup touché le public à l’automne 2012, Sunderland nous montre des personnages qui sont devant rien, mais qui refusent d’être des victimes. Ça m’émeut beaucoup de présenter des gens qui résistent et qui gardent espoir malgré tout ce qui peut arriver.»

La saison se conclura avec un incontournable, Les Liaisons dangereuses, mise en scène et traduites par Serge Denoncourt, avec Julie Le Breton, Éric Bruneau, Magalie Lépine-Blondeau et Annick Bergeron parmi les membres de la distribution. « Ici, on entre dans un monde verni avec la façade impeccable. Derrière le paraître, se cache des histoires de libertinage, de destruction et du plaisir maladif de la conquête. C’est une pièce très intelligente sur le chantage, la manipulation et la sexualité pervertie. C’est une vision presque apocalyptique et infernale du pouvoir de la séduction. »

40 ans d’histoire

Fidèle à son habitude, Duceppe partira en tournée avec Les Peintres du charbon, en parcourant 21 villes du Québec durant l’automne. Encore aujourd’hui, Michel Dumont réitère l’importance des tournées théâtrales en province. « Moi, je suis devenu acteur parce que certaines compagnies sont venues nous voir à Jonquière quand j’étais jeune. Dans certains cas, si on ne va pas voir les gens chez eux, ils ne viendront pas nous voir à Montréal. Le théâtre est fait pour que les humains se sentent moins seuls. On a des choses à leur dire. »

En garantissant au moins 30 représentations par pièce, dans une salle pouvant contenir 747 personnes, Duceppe est le théâtre qui offre le plus de représentations par production au Québec. Depuis 40 ans, l’institution a rejoint plus de 6 millions de spectateurs. Aux yeux de Michel Dumont, la popularité du théâtre n’a pourtant rien de simple ou de facile. « Un théâtre populaire, ça se crée, ça se mérite et ça se travaille d’année en année. Quand j’entends certaines personnes dire que c’est facile de remplir notre salle, parce qu’on fait du théâtre populaire, je n’en reviens pas. On en prend des risques. Nos 40 créations québécoises sont toutes des risques. Croyez-moi, il n’y a aucune recette dans le théâtre. Si on touche autant de monde, il doit y avoir quelque chose. »

Injustice financière

Ironiquement, Duceppe reçoit 12,4 % moins de subventions gouvernementales que les autres organismes de théâtre et en arts du cirque de Montréal, ce qui représente un manque à gagner de 589 275 $. « Nous demandons l’équité avec les autres institutions depuis toujours. Duceppe est sur la corde raide. Nous ne sommes pas en déficit, mais on le frôle. Avec les coûts de production qui augmentent, l’offre culturelle qui grossit et les subventions qui diminuent, l’équilibre financier est très difficile à maintenir. On a l’impression que la culture n’a aucun intérêt dans les budgets du gouvernement, comme si nous étions laissés pour compte », allègue Louise Duceppe, directrice générale.

Avec 10 000 abonnés en 2012, dont 40 % le sont depuis plus de 20 ans, Duceppe dépend largement des revenus de la billetterie. En 2013, le théâtre subit encore les contrecoups associés aux rénovations dans le quartier des spectacles. « C’était Beyrouth pendant trois ans ! Il n’y avait presque pas de portes d’entrée principales à la Place des Arts. Avec un contexte comme celui-là, on a senti une grande défection du public au niveau du centre-ville. On doit travailler pour y ramener les Montréalais », assure Mme Duceppe.

Comme toutes institutions culturelles, Duceppe fait face à un défi majeur : le renouvellement de son public. « Il y a du travail à faire pour aller chercher les jeunes avec de nouvelles méthodes de promotion, allègue Johanne Brunet, directrice des communications. On va aller dans le métro pour de l’affichage, faire de la publicité dans de nouveaux types de médias, utiliser davantage les réseaux sociaux. On a nos devoirs à faire. Il faut accepter de faire les choses différemment. »

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