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Musée des beaux-arts de Montréal: en mémoire de l'Holocauste

Musée des beaux-arts de Montréal: en mémoire de l'Holocauste
Courtoisie

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) se souvient de l’Holocauste et procède au don, à la restitution et à l’acquisition de trois tableaux en hommage aux disparus de cette terrible tragédie.

Les œuvres ont été dévoilées mardi matin, au cours d’une cérémonie officielle à laquelle assistaient notamment le ministre des Affaires Internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur du Québec et ministre responsable de la région de Montréal, Jean-François Lisée, le maire de la ville, Michael Applebaum, le nouveau président du conseil de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (AIMH), que préside cette année le Canada, le Dr. Mario Silva, de même que plusieurs familles, amis et partenaires du Musée. Le luthiste Sylvain Bergeron a entrecoupé les allocutions de deux prestations, sur les airs Pavan Lachrimae, Mrs Winter Jump et Lady Hunsdon’s Puff, de John Dowland.

Le premier tableau, confisqué à Amalie Redlich dans l’Autriche nazie, puis remis récemment à sa descendance, le clan Jorisch, est titré Enfants rentrant de l’école et a été créé par le peintre autrichien le plus important de l’époque Biedermeier, Ferdinand Georg Waldmüller. Les Jorisch l’ont gracieusement offert au MBAM pour souligner l’ouverture et la générosité de la ville de Montréal, refuge des rescapés de plusieurs grands drames humains.

Le Musée, pour sa part, remet Le Duo, du maître de l’école caravagesque d’Utrecht, Gerrit van Honthorst, aux Spiro, dont les aïeux, Ellen et Bruno, ont été privés au moment d’une vente forcée en Allemagne. La toile retrouvera ainsi ses propriétaires d’origine. Le MBAM tient toutefois à conserver en ses murs une trace du passage des Spiro, et leur dédicace un portrait de fantaisie élaboré par le même artiste, daté de la même année et portant aussi sur un thème musical. Cette Femme au Luth a été obtenue lors de la récente foire d’art de Maastricht et a généré de chauds applaudissements lorsque montrée au public, mardi.

Ne jamais oublier

Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts, n’a pu camoufler son émotion en prenant la parole devant les invités, au terme de la commémoration. Ce jalon important dans l’histoire de l’établissement illustre, selon elle, à la fois la souffrance ressentie par les victimes de l’Holocauste, et la sérénité qui émane de notre métropole.

« On nous voit souvent comme des conservateurs d’œuvres d’art, mais on travaille avant tout avec des collectionneurs, des familles, des amis, a-t-elle expliqué. Ça nous renvoie à beaucoup de souvenirs. Rien de ce qui est humain ne nous est étranger, et c’est important de savoir que ces événements du passé n’appartiennent pas qu’aux livres d’école. Ils sont toujours très présents, autour de nous, parfois sans qu’on s’en rende compte. »

« Je trouve que c’est une opportunité de vivre en paix avec notre mémoire, a continué Madame Bondil. Montréal est un lieu de paix, profondément pacifique, un endroit de résolution, de solutions, d’ouverture, d’échanges, d’accueil. J’espère que le Musée reflète ce que la ville a toujours été, un port, un havre. »

« S’il y a une leçon à tirer de ces événements, c’est qu’une telle tragédie ne doit plus jamais se reproduire, a de son côté déclaré Jean-François Lisée, qui devait être à Québec en ce début de semaine, mais ne voulait surtout pas manquer le dévoilement. Travaillons à préserver la dignité humaine et le caractère sacré de toute vie. »

« Les victimes de l’Holocauste ont tout perdu, a renchéri Michael Applebaum. Nous avons le devoir de ne pas oublier et de veiller à ce que ça ne se reproduise plus jamais. J’invite les citoyens de partout à venir au Musée et constater l’amour de ces gens pour l’art. »

Les pièces en mémoire de l’Holocauste peuvent dès aujourd’hui être admirées gratuitement au MBAM. Pour informations : www.mbam.qc.ca.

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