QUÉBEC - Le nouveau «démarcheur» d'Investissement Québec, Jean-Yves Duthel, n'entrera pas en fonction tant que ses démêlés avec la justice ne seront pas réglés, a assuré jeudi la ministre déléguée à la Politique industrielle, Élaine Zakaïb.
Insatisfaite, l'opposition libérale a répliqué en exigeant que la ministre annule purement et simplement cette nomination hautement controversée.
Fidèle de la première ministre Pauline Marois et de son mari, Claude Blanchet, M. Duthel a été recruté sur une base contractuelle par Investissement Québec afin de représenter la société d'État à Munich, en Allemagne, à compter du mois de mai.
Mais d'ici là, il devra se présenter au tribunal le 30 avril pour répondre d'une accusation de contribution politique illégale au parti Vision Montréal de Louise Harel. La comparution vise à fixer une date pour un procès éventuel.
Le malaise entourant la nomination d'un ami du régime, proche du couple Marois-Blanchet, a pris encore plus d'ampleur lorsque les ministres Zakaïb et Jean-François Lisée ont laissé entendre erronément il y a quelques jours que la poursuite contre M. Duthel était ou allait être abandonnée.
Accusés d'avoir eu en mains des renseignements privilégiés, les deux ministres se sont défendus en évoquant un malentendu.
Lors de la période de questions, jeudi, la ministre Zakaïb a tenté de remettre le couvercle sur la marmite, affirmant avoir obtenu l'assurance du grand patron d'Investissement Québec, Jacques Daoust, que M. Duthel ne pourra entreprendre son mandat tant que sa situation sera pendante face à la justice.
«Je peux dire à cette Chambre que le pdg d'Investissement Québec nous a communiqué hier (mercredi) que M. Duthel n'intégrera pas ses fonctions à Munich tant qu'il y aura une plainte pendante du DGE (Directeur général des élections)», a déclaré Mme Zakaïb.
Une nouvelle fois, la ministre a voulu dissocier le conseil des ministres de la nomination de M. Duthel dans l'espoir de dissiper l'impression de copinage qui s'en dégage.
«L'embauche de M. Duthel est le fruit d'un processus administratif auquel je n'ai pas été associée», a-t-elle insisté.
Mais pour les libéraux qui harcèlent le gouvernement dans ce dossier depuis le début de la semaine, les explications de la ministre ne suffisent pas pour tourner la page.
«L'affaire Duthel», comme la désigne le député Laurent Lessard, est marquée «d'irrégularités inexpliquées, obscures et teintée d'un manque flagrant d'éthique».
M. Lessard a mis au défi Pauline Marois de mettre en application sa promesse de faire preuve de «tolérance zéro» envers toute entrave à l'éthique dans l'appareil d'État.
«La première ministre a l'occasion d'imposer sa politique de tolérance zéro. Devant ces constats, deux actions s'imposent: un, la ministre déléguée doit annuler la nomination de M. Duthel et, deux, nous dire qui a assez d'influence dans ce gouvernement pour l'avoir empêché d'exercer sa responsabilité», a lancé le député de Lotbinière-Frontenac.
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