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«Love Lies Bleeding» : vibrant hommage à Elton John

«Love Lies Bleeding» : vibrant hommage à Elton John

Acclamé lors de sa création, le ballet contemporain Love Lies Bleeding débarque à Montréal afin de rendre hommage à la carrière, au génie et à l'extravagance d'Elton John. Tout au long du spectacle, l'Alberta Ballet défile 14 changements de décor, 150 costumes, 440 accessoires et 60 perruques pour nous éblouir... et cacher les faiblesses techniques de la production.

Rendons d'abord à César ce qui revient à César : la direction artistique du spectacle Love Lies Bleeding est tout simplement fabuleuse. Avec des costumes de joueurs de base-ball, de cowgirls peu vêtues, de pin-up illuminées, de drag queens perchées sur des talons surdimensionnés, de jeunes hommes uniquement parés d'un cache-sexe ou de danseurs affublés des ailes d'un ange, les danseurs gardent l'intérêt des spectateurs sans difficulté. L'utilisation d'un énorme cadre de projection vidéo permet également à la production d'en mettre plein la vue avec une explosion de couleurs psychédéliques, d'images d'archives et d'évocations surprenantes. L'imagination côtoie ici la démesure.

Pendant près de deux heures, la vie d'Elton John est mise en mouvements et en musique sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier. La troupe de danseurs albertains plonge sans retenue dans la reconstitution abstraite des affres du showbiz, des dépendances, de la drogue, des rêves déchus, des fantasmes 1000 fois surpassés, du sexe à profusion, des hommes, des hommes et encore des hommes. Quiconque a du mal à regarder les sages publicités du gouvernement québécois sur l'ouverture de la population face à l'homosexualité ne doit pas s'attendre à une version chaste, proprette et censurée de Love Lies Bleeding. Au royaume d'Elton, la liberté est reine.

En plus de miser sur une scénographie à couper le souffle, le spectacle profite de la présence incroyable du danseur Yukicchi Hattori. Minuscule et léger comme une plume, le Japonais se laisse mouvoir par ses collègues avec une souplesse et une fluidité sans nom. Totalement investi dans l'aventure, doté d'une énergie monstrueuse et d'un talent d'interprétation remarquable, Hattori joue tour à tour l'enfant rêveur, le chanteur désabusé, l'excessif obsessif, l'ange papillon libre de toutes contraintes, et j'en passe. Il vaut le détour à lui seul.

Malheureusement, ses collègues n'arrivent pas à faire preuve de la même maîtrise dans leurs mouvements. En plus de manquer de synchronisme à plusieurs reprises, ils nous donnent l'impression de danser entre eux, au lieu de tisser un fil invisible avec le public, comme le réussit si bien Yukicchi Hattori à chacune de ses présences.

À mi-chemin entre le ballet contemporain et le spectacle de variétés éclaté, les chorégraphies de Jean Grand-Maître sont agréables pour l'œil, mais souffrent inévitablement des comparaisons face au niveau technique généralement plus élevé des Grands ballets canadiens de Montréal.

Dernier bémol : l'acoustique de la salle Wilfrid-Pelletier ne fait pas honneur à la trame musicale d'Elton John et de Bernie Taupin. Le public a l'impression que la bulle de musique est contenue sur scène et dans les premières rangées, sans se déployer dans le reste des lieux.

Malgré les faiblesses chorégraphiques et le manque de cohésion et d'intensité de plusieurs danseurs, Love Lies Bleeding demeure un moment grandiose, porté par un virtuose et un enrobage esthétique incomparable.

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