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Michel Dumont réalise un fantasme d'acteur dans «Le Diable Rouge» (ENTREVUE/VIDÉO)

Michel Dumont réalise un fantasme d'acteur dans «Le Diable Rouge» (ENTREVUE/VIDÉO)
Courtoisie

Manigances, mensonges, mariages forcés et amours déchues sont au menu de la pièce Le Diable Rouge, présentée chez Duceppe du 10 avril au 18 mai prochain. Dans cette production mise en scène par Serge Denoncourt, Michel Dumont interprète le Cardinal Mazarin, premier ministre de la régente Anne d’Autriche, qui tente d’éduquer le jeune Louis XIV pour en faire un grand roi, tout en s’adonnant aux jeux de coulisses afin que la France signe un traité de paix avec l’Espagne. L’homme de pouvoir est prêt à tout pour laisser sa marque dans l’Histoire, quitte à bafouer les sentiments du futur roi envers sa propre nièce, Marie Mancini.

« Comme Anne d’Autriche veut mettre fin à la guerre qui dure depuis 30 ans entre la France et l’Espagne, Mazarin arrange un mariage de raison entre Louis XIV, qui n’a que 21 ans, et l’infante d’Espagne, explique Michel Dumont. Le Cardinal poursuit l’éducation du roi en lui conseillant de se faire craindre, d’être sans sentiments et sans faiblesses, en affirmant qu’un souverain ne peut fonder un pays sur l’amour. À ses yeux, Louis XIV doit être un roi avant tout le reste, quitte à prendre des décisions contre ceux qu’il aime.»

Tout en se basant sur les faits historiques, l’auteur Antoine Rault a imaginé le quotidien des Tout-Puissants de l’époque. « On voit Mazarin dans son état brut à cracher et tousser au réveil, à se faire poudrer et parfumer tous les matins avant d’aller au parlement, précise l’acteur. C’est certain que le langage peut sembler complexe, mais on essaie de s’approprier le texte et d’en faire des conversations. On oublie presque qu’il s’agit de rois, de reines et de grands intendants qui décidaient tout pour le peuple. »

L’étincelle de la friction

Cinq ans après avoir joué le rôle d’Henri II, le roi d’Angleterre, dans Le Lion en hiver, Dumont renoue avec le genre historico-royal sur les planches du théâtre dont il assure la direction artistique depuis 22 ans. « Il y a quelque chose de fascinant dans ces histoires-là. Shakespeare disait que les rois et les reines ont des problèmes peu communs. Ils sont plongés dans des affaires d’héritages, de successions et de rapports de force incroyables. Ces moments d’oppositions féroces créent des étincelles au théâtre! »

Habitué de jouer des personnages d’hommes durs et forts en gueule, Michel Dumont n’en est pas moins docile quand vient le temps de travailler. « Lorsqu’un metteur en scène m’explique où il s’en va, j’entre complètement dans son univers. Les plus grands acteurs avec qui j’ai travaillé, que ce soit Jean Duceppe ou Guy Provost, étaient les plus ouverts à ce qu’on leur demandait. À mon avis, les metteurs en scène ne doivent pas se prendre pour Dieu le père, mais plutôt prier avec le reste du monde. On travaille ensemble, on fait des suggestions, on essaie, on recule, on se plante. Tout à coup, la mémoire fait son travail, le personnage te rendre dans le corps, tu fais des liens entre ce qu’il pense et dit, et tu commences à l’incarner. »

La vérité brute

Entier et impudique comme son mentor Jean Duceppe, Michel Dumont rappelle qu’il a appris son métier sur le tas, sans la moindre formation théâtrale. « Avec le temps, j’ai appris à ne pas jouer les forces d’un personnage, mais plutôt ses faiblesses, ce qu’il y a en dessous, les doutes, les hésitations et les peines du passé. Quand j’interprétais Lennie dans Des Souris et des Hommes, tout le monde savait que le personnage était fort comme un bœuf. Je devaisjouer le simple d’esprit, qui a deux ans dans sa tête, en trouvant ses obsessions et ce à quoi il pense. »

Après avoir réalisé le fantasme d’interpréter le roi dans Le Lion en hiver et Mazarin dans Le Diable Rouge, Michel Dumont a encore quelques rêves, dont celui de jouer Créon dans Antigone, avec une jeune actrice qui lui tient tête.

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