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K-os en concert au Corona: une histoire de Black et de Blonde (CRITIQUE)

K-os au Corona: histoire de Black et de Blonde
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Le chanteur hip hop torontois k-os était sur la scène du Corona de Montréal, mercredi soir, afin de présenter son ambitieux album double Black on Blonde, sorti en début d’année. Malheureusement, c’est un Kevin Brereton (son vrai nom) désorienté qui est apparu sur les planches vers 22 h. Triste ironie, sa blonde venait de le quitter par l’entremise d’un texto envoyé juste avant le début de la performance. Outre l’accablante nouvelle, un concert somme toute assez réussi.

Durant les trois premiers morceaux (dont NYCE 2 Know Ya), on sent que quelque chose cloche. K-os va dans tous les sens, s’acharne sur des instruments de sonorisation, gratouille sur sa guitare électrique, quitte la scène après la première pièce pour revenir une minute plus tard, dans le même état. Étrange introduction de spectacle.

Avant la très populaire et plus musclée Sunday Morning (de l’album Atlantis: Hymns for Disco, paru en 2006) c’en est trop, et le chanteur passe aux aveux: «Je dois vous dire quelque chose Montréal (en anglais). Ma blonde vient de m’envoyer un message dans lequel elle m’annonce que c’est la fin de notre couple. That’s bad. Mais je dois passer par-dessus.» Caché derrière ses lunettes fumées, k-os broie visiblement du petit chaos.

A-t-il vraiment réussi à mettre de côté cet incommodant et malicieux message? Oui et non. Le concert s’est bel et bien déroulé. Mais on avait le sentiment que la forme n’y était pas, même si le danseur-musicien a tenté, à quelques reprises, d’ajouter un peu d’ambiance en effectuant des chorégraphies de rap et de breakdance.

Le Black et la Blonde

Qu’à cela ne tienne, le rappeur et musicien de 41 ans a continué son concert, qui était loin d’être mauvais. Il demandait surtout à être davantage rodé (les cinq autres musiciens ont bien du talent) ou d’être offert dans une meilleure forme. On ne saurait dire: alliant clavier, guitare, basse, batterie, percussions, spin et échantillonnages numériques, ce spectacle s'est avéré en fait assez efficace. Nous disions «ambitieux» pour qualifier le récent album de k-os, et c’est là le défi de cette tournée: transposer en salle cet univers studio qui propose deux styles bien distincts, soit le rap (Black) et le rock (Blonde).

Au-delà du concept Black on Blonde (on a remarqué que la première partie du spectacle est en majorité consacrée aux arrangements rock, même si k-os aime bien mixer les genres), il y a eu quelques morceaux issus de disques précédents ou de mixtapes comme Blackwater, livré avec une batterie très rapide et une voix distorsionnée (le rappeur utilise deux microphones, un pour l’effet et un autre pour une approche sans artifice).

Le rock lourd se poursuit ensuite avec Born 2 Run et les nouvelles Surf’s Up (pas de dentelle ici) et Billy Bragg Winners. Mentionnons aussi la très jolie Valhalla, proposée plus tôt dans une facture joyeuse avec de belles harmonies vocales offertes par les autres musiciens.

Résultat? Un essai louable qui fonctionne plutôt bien, malgré quelques temps morts et cette interruption étrange après la huitième chanson, l’accrocheuse The Dog Is Mine: tous les membres de la formation ont quitté la scène pour cinq minutes, nous laissant en plan dans ces éclairages de bleu et de violet. Une façon peut-être de séparer le rock du rap, second style qui est venu teinter de belle façon le reste de la soirée (Electrik Heat -The Seekwill, Mojo On, Superstar ou encore Zambony, avec son échantillonnage de chant de chorale en filigrane).

Pour le reste, la voix est puissante et versatile. La présentation simple, mais efficace. L’artiste est aussi brillant que sensible, une donnée rare (on préfère le cacher peut-être) dans ce monde de vedettes hip hop.

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